Achoura, Une tradition bien ancrée

Achoura, Une tradition bien ancrée

à l’instar des autres pays musulmans, l’Algérie fête aujourd’hui Achoura. Même si elle n’a pas la résonance et ne renvoie pas un écho semblable à l’événement célébré avec plus de faste et d’ostentation dans les sociétés chiites, elle ne passe pas inaperçue.

Achoura prend toute sa place dans la liste des fêtes religieuses scrupuleusement respectées et honorées. C’est une journée qui correspond au dixième jour du mois de mouharram. Etymologiquement, Achoura signifie le nombre dix. Cette fête combine rites religieux et aspects purement festifs. C’est également une occasion pour jeûner comme le recommande le Prophète. Le jeûne de ce jour est recommandé puisque le Prophète Mohamed (QSSSL) dit : « Aujourd’hui est le jour de l’Achoura, Allah ne l’a pas fait un devoir pour vous de le jeûner. Que celui qui le veut jeûne, et que celui qui ne le veut pas ne jeûne pas » (hadith rapporté par Boukhari et Mouslim). Jeûner en ce jour est très méritoire. Comme il a été rapporté par Mouslim, le Prophète (QSSSL) a dit : « Le meilleur jeûne après le jeûne du Ramadhan est celui du mois sacré d’Allah Al-Mouharram ».

On rapporte de nombreux hadiths sur la valeur du jeûne qui s’est répandu depuis quelques années dans notre société. Questionné au sujet du jeûne du jour de l’Achoura, le Prophète répondit : « Il expie les péchés de l’année écoulée ». La tradition rapporte les circonstances où Achoura devint une fête pour les musulmans. Lorsque le Prophète (QSSSL) quitta La Mecque et émigra à Médine, il trouva les juifs qui jeûnaient le jour d’Achoura. Il leur demanda : « Quel est ce jour que vous jeûnez ? » Ils répondirent : « C’est un grand jour durant lequel Dieu sauva Moussa et son peuple et noya pharaon et son peuple. Moussa le jeûna alors pour remercier Allah, donc, nous le jeûnons également. » Le Prophète dit : « Nous sommes plus en droit de nous réclamer de Moussa que vous. » Ainsi il jeûna ce jour et ordonna à ceux qui se proclamèrent de sa foi de suivre son exemple de le jeûner. Depuis, au fil des siècles et des générations, Achoura est resté un des symboles de l’identité musulmane auquel le peuple algérien n’a cessé de proclamer et de réaffirmer son attachement. Dans certaines régions d’Algérie, les mausolées de saints, témoins de la survivance de traditions populaires, connaissent un afflux inhabituel où se mêlent joie et décontraction.

Des zerdas colorées permettent de récolter des dons en espèces et en nature pour le bien de la collectivité. On psalmodie toute la nuit les versets du Coran et on chante la gloire de Dieu et la bonté de Son Prophète Mohamed (QSSSL). Les enfants sont gâtés avec beaucoup de friandises. Certaines familles choisissent le jour de l’Achoura pour couper pour la première fois les cheveux des petits enfants. C’est une tradition qui n’a pas pris une ride, puisque beaucoup de pères de famille prennent rendez-vous chez le coiffeur pour faire plaisir à leur progéniture. Dans d’autres contrées, c’est une soirée mémorable qui s’étire tard dans la nuit, dans une ambiance familiale où le thé et les beignets sont servis à profusion. Pour d’autres, c’est l’occasion propice de s’acquitter de la zakat. Les autorités religieuses ont édicté les règles et les conditions pour honorer ce troisième pilier de l’Islam. Lors de cette journée de retrouvailles familiales, beaucoup d’Algériens partagent un couscous ou une « chakhchoukha » accompagnés de poulet. La cuisine traditionnelle dans sa richesse et sa variété est à l’honneur dans les foyers.