«J’avais raté Fulham parce que l’Equipe nationale était mal classée»
En stage à Lisses, depuis une semaine, Hocine Achiou fait un clin d’œil à Halliche qu’il félicite à l’occasion. La coqueluche du Kop du virage de Bologhine pense que d’autres locaux sont en mesure de porter le maillot de l’EN.
L’USMA est à Lisses depuis plus d’une semaine, où en êtes-vous dans la préparation ?
Depuis le début du mois de Ramadhan, nous effectuons une séance le matin et une autre en soirée après le f’tour, ce qui nous a beaucoup aidé à supporter les effets du carême. Il est vrai que le climat est de nouveau assez chaud, mais la bonne ambiance nous fait oublier les contraintes dues à la chaleur. Le stage se déroule dans un bon état d’esprit
L’équipe est-elle en train de réaliser les objectifs pour lesquels elle s’est déplacée à Lisses ?
Pas tout à fait, nous venons juste de boucler une semaine de travail. Le programme tracé par le staff technique se déroule normalement. Les joueurs sont bien physiquement, on est sur la voie pour une bonne entame du championnat.
Le groupe est-il en mesure de faire un bon début de championnat ?
C’est ce que j’espère, on joue des matchs amicaux pour créer la cohésion, on est réunis dans un cadre agréable.
On va tenter de bien faire dès les premiers matchs du championnat. On a terminé très forts la saison dernière, en prenant la quatrième place. Quoi de mieux que de commencer le championnat avec le même état d’esprit.
Il n’y a pas eu un grand chamboulement de l’effectif à l’intersaison, peut-on imaginer un souci de cohésion à l’USMA ?
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec vous. Il est vrai que le seul nouveau qui avait été aligné face à Ivry était Ziane-Cherif, mais je peux vous donner l’exemple de Saâdoune.
Je n’avais pas joué souvent avec lui, la saison dernière. Deux matchs, tout au plus, si mes souvenirs sont bons. A l’aller, il n’avait pas joué. Tout cela, parce que j’avais contracté une blessure. Je ne connais pas sa façon de jouer. La seule manière de dire qu’il y a de la cohésion au sein de l’équipe, c’est de multiplier les matchs.
Vous revenez sur votre blessure, vous nous poussez à vous demander si tout va pour le mieux de ce côté-là ?
Je peux dire que j’ai oublié cette blessure qui m’avait empêché de jouer toute la phase retour. C’est dur de se voir obligé de s’éloigner des terrains à cause d’une blessure. Mais, malgré cette absence contrainte, j’ai joué 22 matchs, toutes compétitions confondues, lors de l’exercice écoulé. Ce qui n’est pas mal en soi.
L’USMA a choisi la politique du rajeunissement, cette voie va-t-elle porter ses fruits à court terme ?
Prôner la politique du rajeunissement de l’effectif est une voie très sage pour assurer la pérennité du club. Cela encourage les jeunes en formation, mais le faire sans compter avec les anciens n’est pas sage non plus. On est passés par ce chemin et on a suivi la route que nous avaient tracée les anciens cadres. Dans les moments difficiles que connaît un club en championnat, souvent grâce à l’expérience des anciens l’on peut se sortir des mauvaises passes.
D’après vous, on ne peut pas dire qu’un tel est vieux pour le football quand il a dépassé trente ans…
Tout à fait, je ne veux pas parler de ma personne, mais ici ou en Europe, un joueur peut donner le meilleur à partir de trente ans. Voyez Zanetti, à 37 ans, il gagne le trophée le plus prestigieux en Europe.
Cela veut dire que le rendement du joueur ne dépend pas de son âge, mais de son travail depuis son jeune âge. J’ai joué durant une vingtaine d’années au sein de l’USMA entrecoupées par des passages dans d’autres clubs. Je sens toujours le désir de taper dans un ballon et de jouer les compétitions.
Quelle est votre sensation en étant le plus ancien de l’équipe ?
Je suis le plus ancien et je suis devenu cette saison le capitaine de l’équipe. C’est une évidence, c’est aussi, une grosse responsabilité.
Quel commentaire faites-vous quant à la nomination de Billel Dziri comme manager général du club ?
Vous êtes le premier à me donner cette bonne nouvelle (entretien samedi, ndlr). Pour tout ce qu’il a donné à l’USMA, Billel mérite de faire partie des dirigeants du club. Je suis très content pour lui. Je suis persuadé qu’il va apporter un plus.
Quelle a été votre réaction suite à la signature par Halliche d’un contrat de trois ans à Fulham ?
C’est un honneur qu’un joueur local réalise un tel parcours. Du championnat algérien et du NAHD, se retrouver à Fulham est un véritable exploit. J’ai côtoyé Halliche en équipe nationale et je suis très heureux pour lui. Cela veut dire qu’un joueur local est en mesure de faire partie de cette équipe nationale et d’aller encore beaucoup plus loin.
A cet effet, pourrait-on imaginer que d’autres locaux suivent les traces de Halliche ?
Aussi bien les joueurs locaux que les professionnels ont pris du galon avec la participation des Vert au mondial. Le football algérien est plus respecté. Avant le mondial, nous étions peu connus et il était assez difficile aux joueurs de pouvoir entamer une carrière professionnelle.
Et même si on arrivait à faire des essais dans des clubs européens, cela ne voulait pas dire que les choses devenaient faciles. On a rencontré souvent des embûches qui nous empêchaient de finaliser.
Le rendement seul du joueur ne peut-il pas suffire pour qu’un Algérien puisse entamer une carrière professionnelle ?
Absolument, je peux citer mon cas, j’avais réussi mes tests à Fulham, mais cela ne m’avait pas permis de signer un contrat. J’ai rencontré des difficultés liées au statut de l’équipe nationale.
Selon les textes de la fédération royale anglaise, un joueur étranger ne peut pas signer un contrat dans un club anglais, si son équipe nationale n’est pas classée parmi les 50 meilleures dans le monde.
Le joueur doit avoir fait un parcours de deux ans au sein de son équipe nationale, il doit avoir joué 80% des matchs de son équipe nationale durant cette période de deux ans, avant d’espérer opter pour un club anglais. Je ne remplissais pas tous ces critères car en ce temps-là, l’équipe nationale occupait la 93e place. Voilà ce qui m’avait empêché de signer en Angleterre.
Même dans les autres championnats européens, comme en France, rares sont ceux qui ont réussi à signer un contrat, n’est-ce pas ?
J’ai trouvé un terrain d’entente avec les responsables de Lorient, mais comme la proposition financière des dirigeants de ce club n’était pas intéressante, j’ai fait ma valise et j’ai quitté le club sans me retourner.
C’est fou ce que payent les joueurs comme impôts en France ! Les Lemmouchia, Metref et Hadj Aïssa sont en mesure de jouer en France, mais ils préfèrent rester en Algérie, car la prime de signature en Algérie est meilleure qu’en France, si l’on tient compte des déductions sur le revenu en France (Il atteindrait les 40%, ndlr)
Mise à part les joueurs que vous venez de citer, existe-t-il d’autres noms en mesure de porter le maillot de l’EN ?
L’équipe nationale appartient à tous. N’importe quel joueur du championnat local est en mesure de porter les couleurs de l’équipe nationale à condition qu’il brille dans son club.
Les locaux sont marginalisés. A ce que je sache, Halliche n’est pas venu d’une autre planète ! C’est un élément du cru. Il a fait l’école algérienne.
Qu’est-ce qui empêcherait d’autres de faire partie de l’EN ?
Le football moderne a pris les devants quand ces concepteurs avaient saisi que le foot s’apprend dans la rue, à l’image du football brésilien. Dans les pays sous-développés, on est tous passés par le football de la rue. C’est ce qui se fait dans les écoles de formation. On organise des petits matchs où on met cinq joueurs de chaque côté sur un petit terrain
Achiou songe-t-il encore à revenir en Equipe nationale ?
Bien évidemment, avant mon passage à la JSK, j’étais à l’arrêt depuis six mois, cela ne m’a pas privé de revenir en équipe nationale. Je compte bien, cette fois encore, reprendre ma place chez les Verts. Je me sens capable de le faire.