Désormais, les Algériens préfèrent acheter un logement au lieu d’investir leur argent dans l’achat de voiture. Cette situation serait liée au lancement de la formule AADL, ce qui met les concessionnaires d’automobile dans l’embarras.
Depuis 2009, le gouvernement s’est acharné pour réduire les importations de l’automobile en supprimant le crédit à la consommation relatif à l’achat de voitures et inciter les Algériens à s’orienter vers le crédit immobilier.
Plusieurs mesures ont été prises par la suite pour le même objectif » réduire les importations d’automobile » sans succès, puisque la demande est restée toujours en hausse. Il fallait relancer la formule de logement par location vente (AADL) pour les souscripteurs de 2001 et 2002 puis AADL 2 en faveur de nouveaux souscripteurs pour que les Algériens s’orientent vers l’achat de logement au lieu de voiture. A cet effet, le nombre de véhicules importés a atteint 18 831 en novembre dernier contre 39 357 unités le même mois en 2012, soit une baisse de 52,15% (-20 526 unités).
Selon des statistiques du Centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis), durant les 11 premiers mois de 2013, les quantités des voitures importées en Algérie ont reculé de près de 7,6%, passant de 518 950 unités à 479 670 unités (-39 280 voitures) pour une valeur de 6,04 milliards de dollars (480,478 milliards de DA).
Des professionnels expliquent cette situation par une chute de la demande qui s’ajoute à un niveau « important » des stocks et enfin l’orientation des dépenses des ménages vers l’immobilier. Pour Abbès Kaci, consultant international, cette « chute des importations des véhicules enregistrée en novembre dernier trouve son explication dans les difficultés qu’éprouvent les concessionnaires à écouler leurs produits importés contrairement à l’année 2012 où le marché automobile a connu une croissance exceptionnelle ». « Durant les huit derniers mois de 2013, le marché algérien de l’automobile souffre d’une baisse de la demande conjuguée à un niveau des stocks très important » selon cet expert.
Abbas ajoute que « les ménages orientent leurs dépenses vers le logement notamment avec le retour de la formule location-vente de l’Agence d’amélioration et de développement de logements (AADL) ». Pour le président de l’Association des concessionnaires algériens de l’automobile (AC2A), Abderrezak Lachachi « le marché de l’automobile s’oriente, dorénavant, vers une baisse continue et cette tendance se poursuivra pour l’année 2014 ». « Cette situation est difficile, pour les concessionnaires automobiles qui sont confrontés à une baisse sensible de la demande conjuguée à un niveau des stocks très important, ce qui les a incités ces derniers mois, à multiplier les offres pour attirer les acheteurs, tels que les importantes remises proposées et la livraison immédiate des véhicules etc. », a-t-il encore souligné.
Il est à rappeler que le gouvernement a décidé d’assainir définitivement le marché de l’automobile et rationaliser les importations afin de mettre fin à l’anarchie et aux incohérences qui le caractérisent depuis 2007.
Un projet de loi modifiant et complétant le décret exécutif n°07-390 du 12 décembre 2007 fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de commercialisation de véhicules automobiles neufs est en cours de préparation. Le Premier ministre a adressé, en novembre 2012, une instruction à quatre ministères (Finances, Commerce, Industrie et Transports) leur ordonnant de mettre en œuvre certaines mesures à l’effet de décourager l’importation des véhicules qui ne répondent pas aux critères de sécurité, veiller au respect, par les concessionnaires, des dispositions du décret 07-390 et s’assurer de l’homologation des véhicules selon le cahier des charges.
Le ministère des Finances a introduit plusieurs mesures dans la loi de finances 2014 portant notamment sur la limitation de l’importation des véhicules aux concessionnaires automobiles, l’interdiction à ces derniers d’importer pour le compte d’autres concessionnaires en dehors de leurs réseaux de distribution et l’obligation d’installer une activité industrielle ou de service dans un délai de trois ans.
Par Nacera Bechar