Achats des vêtements de l’Aïd oran: Tant que l’informel côtoie le légal

Achats des vêtements de l’Aïd oran: Tant que l’informel côtoie le légal

La hrira cède la place aux vêtements du rituel de l’Aïd. Tout produit proposé à la vente est chèrement payé dès que la transaction est conclue.

La bataille enclenchée dans le cadre de l’éradication du commerce informel est tout compte fait loin d’être gagnée de sitôt malgré toutes les sorties répressives qui ont été opérées auparavant dans le cadre de son éradication lancée par le ministère du Commerce. C’est du moins la seule conclusion à tirer en sillonnant les rues, artères, cités et quartiers de la ville abritant le chef-lieu de la deuxième ville du pays, Oran. Le phénomène, qui est revenu en force pendant le Ramadhan, a pris de l’ampleur à l’approche de la rituelle fête de l’Aïd El Fitr: les vendeurs à la sauvette n’ont rien à perdre en élisant la rue pour domicilier leur commerce…illégal.

Le commerce informel s’est lancé dans une course effrénée ces derniers jours, contrairement à la première quinzaine du mois de Ramadhan marquée par un engouement timide. Dans leur mode opératoire, ces commerçants de la circonstance rivalisent avec le commerce légal en envahissant toutes les rues et ruelles de la quasi-totalité des quartiers d’Oran. Là est le fait saillant qui saute aux yeux à la faveur d’une tournée nocturne effectuée mardi soir par l’Expression dans plusieurs rues de la ville. Magré toutes les menaces proférées et les mesures prises à leur encontre, rien ne peut donc stopper ces commerçants investis en plusieurs dizaines.

La hrira cède la place aux vêtements du rituel de l’Aïd. Tout produit proposé à la vente est chèrement payé dès que la transaction est conclue. Au centre-ville, à Choupot ou encore dans le quartier chic fraîchement réalisé, en l’occurrence Akid Lotfi, les rues ne désemplissent pas. C’est le branle-bas de combat. Des centaines de parents et des centaines de mamans, accompagnant leurs enfants, sortent la nuit pour se bousculer dans les boutiques.

Dans leurs esprits, ils joignent l’utile à l’agréable en profitant de la totale sécurité policière instaurée au prix de 2 000 policiers mobilisés par la sûreté de wilaya, tout en saisissant l’opportunité pour effectuer les achats devant clôturer en beauté le mois sacré de Ramadhan, tout en cédant aux caprices des enfants joyeux à la vue d’un pantalon Jean ou autre habit coloré en provenance des pays européens, notamment la Turquie. Mais à quel prix? Là encore la cherté des produits proposés revient souvent dans les discussions, tout comme la cherté des ingrédients agrémentant la popote ramadhanesque. La demande est forte. Idem pour l’offre. Les prix sont également forts, voire choquants, dépassant tous les seuils de l’entendement. Le diktat de la hausse des prix est imposé aussi bien dans les boutiques chics de Choupot, celles des rues Khemisti et Larbi Ben M’hidi que dans le géant marché de Mdina J’dida. Mais il est également instauré par les vendeurs à la sauvette investis dans le commerce informel.

Quant aux Oranais, aucun ne dira le contraire. Ils sont unanimes à certifier que les prix ont connu une hausse de plusieurs niveaux si l’on prend en compte ceux des années écoulées. Cette hausse n’est aucunement en relation avec le rapport qualité, qui demeure le premier critère pris en compte par les parents. «Tous les habits et chaussures sont chers, en particulier ceux des enfants», dira plus d’un. Les exemples tout simples ne manquent pas. Une petite robe pour fillette est affichée au prix allant de 2000 à 3000 DA. Le prix du pantalon Jean est proposé entre 3500 et 5000 DA, tandis que les pantacourts sont affichés au prix fort allant de 2500 à 4000 DA. Les pulls légers aux couleurs chatoyantes sont vendus entre 2000 et 4000 DA alors que les chaussures coûtent entre 3000 et 6000 DA. En moyenne, habiller un enfant âgé de six ans revient au prix allant de 10.000 à 15.000 dinars.

Pourquoi donc une telle hausse subite? Là encore des réponses tombent en vrac. Les commerçants légaux, notamment ceux abrités dans leurs locaux, imputent la responsabilité aux importateurs et aux services fiscaux. Idem pour ceux du marché de M’dina J’dida, des détenteurs de petites tables qui leur ont été louées par l’APC estiment que «les fiscalités imposées sont lourdes».

Ceux de l’informel expliquent cette augmentation mystérieuse en indiquant que «nous ne sommes pas en reste de ces commerçants se disant légaux». «Eux, ils payent les fiscalités alors que nous sommes assujettis à des saisies à la moindre descente policière», ajoutent-ils. Ils se défendent en avançant que «les prix affichés que nous appliquons sont semblables à ceux affichés dans les boutiques de Choupot». «Nous nous sommes tous approvisionnés chez les mêmes fournisseurs nous proposant des produits haut de gamme», ajoutent plusieurs commerçants de la conjoncture, appelés dans le temps les trabendistes. Jusque-là, les services commerciaux n’ont exposé aucun des habits proposés dans le commerce informel. Où sont-ils donc passés? Au final, aucun choix n’est donc laissé aux parents exténués par les besoins quotidiens de la cuisine du Ramadhan. Ils sont appelés de nouveau à vider les fonds de leurs poches dans le seul but de satisfaire ne serait-ce que pendant une seule journée une progéniture si…capricieuse.