Achats de l’aid à Oran, Entre Mdina Djedida, El Hamri et Choupot

Achats de l’aid à Oran,  Entre Mdina Djedida, El Hamri et Choupot

Les achats de l'Aïd ont déjà commencé à El BahiaLes achats de l’Aïd ont déjà commencé à El Bahia

La friperie, qui avait certes l’avantage d’offrir des produits de bonne facture, s’est éloignée de sa tradition en proposant des habits aux prix revus à la hausse.

On ne badine pas avec la fête de l’Aïd El Fitr. Le rituel est célébré annuellement dans la gaieté en faisant singulièrement plaisir aux enfants. Là est toute la problématique qui est posée à Oran surtout lorsque les moyens financiers manquent. Du moins chez les parents soucieux d’habiller convenablement leurs enfants. Dans la classe moyenne ou chez les prolétaires, le branle-bas de combat a déjà commencé: la quête d’une bonne affaire à réaliser est lancée. D’ores et déjà, des familles, aisées ou démunies courent les magasins d’habillement pour acquérir à leurs enfants les vêtements de l’Aïd.

Les premières, aux enfants capricieux, s’encombrent dans les magasins de la rue Choupot connue pour leurs marques made in alors que les deuxièmes se bousculent dans le marché géant de Mdina Djedida en vue de s’approvisionner, tout en prenant en compte son salaire en ne le claquant pas entièrement. D’autres par contre optent à leur grand dam pour le marché de la fripe de Savignon, tout près d’El Hamri. Des trois catégories sociales, ils sont confrontés au même dilemme: opter pour le produit au prix raisonnable. Une telle finalité est difficile à atteindre vu la cherté des prix instaurés dans les trois marchés. Le produit local est de qualité très moyenne, parfois médiocre. Il est vendu dans le marché de Mdina Djedida. Son prix frise les seuils de l’entendement tandis que le produit made in n’est accessible qu’aux familles socialement aisées. La friperie, qui avait certes l’avantage d’offrir des produits de bonne facture, s’est éloignée de sa tradition en proposant des habits aux prix revus à la hausse. «Mes deux enfants, capricieux, m’ont forcé la main à s’approvisionner à Choupot», dira un père de famille de facto apparemment de classe aisée. Il ajoute en déplorant que «les prix appliqués dans ces boutiques certes chics soient choquants».

Il explique que «le pantalon, provenant de la Turquie, est affiché à 5000 DA, une petite robe à 3500 DA». Sans compter les souliers, ajoute-t-il, qui frôlent les 8000 DA la paire. «A Choupot, tout est cher», a-t-il conclu. Le produit local est truffé de surprises malgré la forte demande qu’il connaît. Il est vendu essentiellement à Mdina Djedida. Des centaines de familles, hommes, femmes, des parents, leurs enfants, des jeunes, des moins jeunes, prenant la destination Mdina Djedida bravant la forte chaleur qui sévit ces derniers jours un peu partout dans toutes les régions du pays, dont Oran. Les vêtements de fabrication nationale sont en vente à des prix plus ou moins raisonnables. Sauf que plein de cas, des commerçants futés proposant des produits de marque aux prix abordables abusent des acheteurs en leur vendant des habits de contrefaçon. «Je n’oublierai jamais lorsque je me suis fait arnaquer par un barbu qui m’a vendu, au prix imbattable, un pantalon de provenance de la Turquie alors qu’en réalité il s’agissait d’un produit qui n’est ni local ni d’importation», dira une femme. «Être consommateur seulement n’est pas facile», dira-t-elle avant de recommander que «le mieux est d’avoir une petite culture sur le monde du shopping». Contrairement à la pensée ambiante à Oran, les prix appliqués à Mdina Djedida ne sont pas totalement différents ce, comparativement aux boutiques dites chics de Choupot. Ceux ou celles au faible pouvoir d’achat se dotent des «oeillères» en ignorant Choupot et Mdina Djedida pour se rendre au marché de la friperie de Savignon d’El Hamri. Des dizaines de stands et des dizaines de vendeurs à la «balla» (bottes d’habits) proposent des habits aux prix arrangeants, des familles y trouvent leur compte. «En fouinant dans les fonds des bottes, on peut facilement tomber sur des produits neufs aux prix très abordables», dira Abdelkader devant habiller ses quatre enfants.

Il ajoute que «le marché de Savignon est recommandé pour les pères ayant quatre ou cinq enfants». Bien qu’une dizaine de jours nous séparent de l’Aïd, ce marché ne désemplit pas. Les vendeurs proposent des tenues quasi neuves pour enfants aux prix allant de 500 à 1000 DA, des chaussures entre 700 et 800 DA. A la faveur de la notoriété acquise, ces vendeurs se mesurent à ceux des rues Khemisti, Larbi Ben Mhidi et Choupot en révisant leurs prix à la hausse. En un mot, le consommateur ne s’en sortira jamais de sa misère et celle imposée par la cherté des prix.