Pointées du doigt, des agences algériennes «douteuses» ont été accusées de faire des réservations d’une manière illégale et «anarchique» dans des hôtels tunisiens. En réaction à ces accusations, certaines ont contre-attaqué, affirmant que ce sont plutôt les hôtels tunisiens qui sont fautifs, car pratiquant le «surbooking». La guerre des déclarations se poursuit…
Depuis le début de la saison estivale, une polémique a fait rage entre l’Algérie et la Tunisie sur l’expulsion de plusieurs familles d’hôtels tunisiens, à Sousse notamment. Ce qui a fait sortir le ministère du Tourisme et de l’Artisanat de son silence en publiant une mise au point sur les circonstances exactes de l’incident. Selon les explications données, il s’est avéré que les clients algériens n’ont pas été logés en raison de l’absence de réservation préalable. Ils ont ainsi accusé directement des agences de voyages, qui ont effectué des réservations sans vérifier au préalable la disponibilité de chambres dans les hôtels.
Samedi dernier, ce sont la Fédération tunisienne de l’Hôtellerie (FTH), la Fédération Tunisienne des Agences de Voyages et de Tourisme (FTAV) et le Syndicat National des Agences de voyages algériennes (SNAV) qui sont montés au créneau lors d’une conférence de presse organisée samedi dernier à Tunis pour démentir également les informations qui ont circulé sur les expulsions et le mauvais accueil des touristes algériens, affirmant que le « marché algérien demeure un marché important pour le tourisme tunisien et a contribué à sa relance » et que « la Tunisie demeure la destination la plus attractive et phare des Algériens ».
Saïd Boukhelifa, président du Syndicat national des agences de voyages algériennes, avait également indiqué que « des sanctions allaient être prises contre les opérateurs algériens ayant envoyé des familles sans confirmation de réservation de la part de l’hôtel », précisant qu’« il ne s’agit pas d’agents de voyages mais de bureaux d’affaires manquant de professionnalisme ».

Et il faut dire qu’il y a une certaine vérité… ou presque, car certains établissements hôteliers ont leur part de responsabilité. Comme nous l’explique Brahim Meziane, propriétaire de l’agence de voyages Go Voyage, localisée à Oran : « La Tunisie s’annonce, comme chaque année, l’une des destinations phares de l’été malgré une capacité d’accueil hôtelière devenue insuffisante», soulignant qu’«il est impossible de trouver une chambre libre durant la haute saison et certains clients sont simplement refusés, faute de lits».
Notre interlocuteur pointe également du doigt «la surréservation». «Cette détestable pratique des hôtels qui consiste à vendre plus de chambres qu’il n’y a de places disponibles dans l’hôtel est un phénomène courant», avant d’ajouter que «les établissements hôteliers cherchent à s’assurer un taux de remplissage maximum en vendant des chambres supplémentaires».
Ainsi, beaucoup de touristes arrivés en Tunisie, réservations en main, ont eu la mauvaise surprise de trouver leurs chambres occupées. Il dira que «ces pratiques mercantilistes nuisent à l’image des agences de voyages, vu que la majorité des clients ne peuvent pas comprendre la pratique du surbooking».
La situation de quelques cas de surbooking enregistrés durant cette saison estivale a obligé certains professionnels à déloger une partie de leur clientèle vers d’autres hôtels et stations ou même à ne pas les accepter. Ce voyagiste racontera qu’il a, lui-même, fait les frais de cette mésaventure.
Il soulignera que «certains hôteliers continuent à remplir sans se soucier de leur capacité réelle», et que «la haute saison se déroule selon les états du booking». Il ajoutera que «ce n’est pas tellement le surbooking qui nous pose problème, mais surtout le manque de disponibilités pour les réservations faites à travers les agences. Car beaucoup d’hôteliers bloquent les ventes de ces dernières afin de vendre la capacité restante au prix fort directement aux clients, surtout les Maghrébins».
«Les chambres sont vides pendant 10 mois, alors c’est le moment d’en profiter», dira-t-il.
Par ailleurs, malgré la polémique et la campagne de dénigrement menée contre la destination tunisienne dans certains médias et réseaux sociaux algériens, la «Tunisie restera la destination phare et la plus attractive pour les Algériens pour les vingt ans à venir», selon le président du Syndicat national des agences de voyages algériennes (SNAV) Saïd Boukhelifa. Selon les prévisions de ce dernier, le nombre de touristes algériens en Tunisie ne cesse de s’accroitre, il pourrait atteindre, d’ici à la fin de 2018, 2,2 millions.