Le tribunal d’Hussein Dey s’est transformé, avant-hier, en véritable une tribune d’expression. Le juge qui devait présider l’audience a préféré apaiser la tension qui avait régné, une heure avant le début du procès, à l’extérieur du tribunal où des dizaines de personnes s’étaient rassemblées pour apporter leur soutien aux 14 personnes accusées d’ «attroupement» et de «trouble à l’ordre public».
Parmi elles il y avait les coordinateurs du CNDDC, les familles de disparus et plusieurs militants des droits de l’homme. Des dizaines d’éléments de la Sûreté nationale contrôlaient l’accès au tribunal au moment où des slogans dénonçant l’ «injustice» étaient scandés par les protestataires. Rappelons que les inculpés ont tenu un rassemblement devant le siège de la cour d’Alger, le 26 mars dernier, pour réclamer la libération de Houcine Houssini, un jeune homme de 25 ans, de Belcourt, qui avait suspendu une banderole sur laquelle était écrit « La Illah Ila Allah » (Il n’y a de Dieu qu’ALLAH) dans la petite cour de sa maison de fortune. Il avait été accusé, selon son avocat, Me Ahmine, d’«apologie du terrorisme» , et condamné à un an de prison ferme. Les accusés ont dénoncé ouvertement l’instrumentalisation de la justice par le pouvoir, Le président de l’audience qui a donné la parole aux inculpés a été attentif.
Le procès s’est transformé en véritable réquisitoire contre la justice. «N’agissez pas sous les ordres des appels téléphoniques !» s’écria l’un d’eux en s’adressant aux juges. «Je veux voir Bouteflika et Chakib Khelil ici», réclama un autre avant d’enchaîner : «Où sont ceux qui sont accusés de corruption, de détournements ?! ». Me Ahmine, l’un des avocats qui se sont constitués pour la défense, s’est adressé, quant à lui, à la police. «Elle doit être au service de l’Etat, pas au service du pouvoir». Cet avocat, qui est, rappelons-le, l’un des membres fondateurs de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), assure aussi la défense du détenu Houcine Houssini.
Me Ahmine a accusé les walis de «violations des lois de la République». «Ils utilisent souvent la force par des procédures prises d’une façon illégale». L’avocat a précisé que tout citoyen a le droit d’exprimer son soutien et sa solidarité avec un détenu. C’est un droit fondamental, souligna-t-il. Le président de l’audience a prononcé le report du verdict au 7 mai prochain. Notons que le procureur de la république a requis une peine d’un an de prison ferme contre les inculpés.
Lotfi Guermiti