L’écrivain algérien Kamel Daoud annonce, dans une lettre reproduite hier par le quotidien français Le Monde, qu’il renonce au débat public et au journalisme après avoir été accusé par un groupe d’universitaires d’“alimenter les fantasmes islamophobes”.
Dans une tribune parue dans Le Monde du 12 février, un collectif d’historiens, de sociologues, de philosophes et d’anthropologues réagissait à deux textes de l’écrivain concernant les agressions sexuelles commises pendant la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne, en Allemagne, dont les auteurs seraient des migrants. “Que des universitaires pétitionnent contre moi aujourd’hui, à cause de ce texte, je trouve cela immoral : parce qu’ils ne vivent pas ma chair, ni ma terre”, écrit le romancier dans une lettre à son ami, l’essayiste américain Adam Shatz.
“Nous vivons désormais une époque de sommations. Si on n’est pas d’un côté, on est de l’autre”, et “comme, autrefois, l’écrivain venu du froid, aujourd’hui l’écrivain venu du monde – arabe – est piégé, sommé, poussé dans le dos”, ajoute Kamel Daoud.
Il dénonce au passage “le préjugé du spécialiste : je sermonne un indigène parce que je parle mieux que lui des intérêts des autres indigènes et post-colonisés”.
“Je vais donc m’occuper de littérature (…) j’arrête le journalisme sous peu”, conclut l’écrivain qui tenait une chronique dans Le Quotidien d’Oran. “Je vais aller écouter des arbres ou des cœurs. Lire. Restaurer en moi la confiance et la quiétude. Explorer. Non pas abdiquer mais aller plus loin que le jeu de vagues et des médias”, écrit-il.