Le système maffieux mis en place par Moumen Khelifa, grâce à de nombreuses complicités, sera à nouveau jugé, cette fois-ci en France, lors d’un procès programmé du 2 au 20 décembre prochain devant le tribunal correctionnel de Nanterre.
Accusé de délits de banqueroute par dissimulation de comptabilité, de détournement d’actifs et de blanchiment d’argent en bande organisée, Moumen Khelifa, toujours détenu en Grande-Bretagne et objet d’une demande en instance d’extradition vers l’Algérie, ne comparaîtra pas devant le juge français. Une audience préalable est prévue le 25 septembre pour examiner les demandes de nullité. Dix autres personnes sont appelées à la barre dont l’ex-femme du golden boy, des anciens représentants de ses entreprises en France ainsi qu’un constructeur équipementier.
Son ex-femme, Nadia Amirouchane, Ghazi Kebbache, son oncle et ancien directeur général d’El Khalifa Bank et Khalifa Construction, et Mohammed Nanouche, ex-directeur général-adjoint de la même banque, ont été placés en 2007 sous mandat de dépôt provisoire en France, à la suite de la délivrance par la justice algérienne de mandats d’arrêt internationaux.
Ces trois proches de l’ancien golden boy d’Alger ont été condamnés par la justice algérienne, respectivement à 10 ans de prison pour la première et 20 ans pour les deux autres, et ce, pour des faits “d’association de malfaiteurs et d’escroquerie”. Les démêlées judiciaires de Moumen Rafik Khelifa avec la justice française ont commencé à la suite du lancement, en 2003, d’une procédure de liquidation judiciaire en Algérie. Rafik Khelifa se serait livré à des opérations douteuses pour la sauvegarde de son patrimoine, comme la disparition organisée de véhicules de luxe de sa société de location ou la vente à perte de sa villa Bagatelle à Cannes, achetée par Khalifa Airways en juillet 2002 pour environ 36 millions d’euros et revendue 16 millions d’euros l’année suivante. Il est poursuivi, en outre, pour la réimmatriculation de trois avions de la compagnie aérienne, d’une valeur d’environ 1,7 million d’euros chacun, au profit d’une autre compagnie qui n’avait pas de rapport spécifique avec Khalifa Airways. Ces différents délits ont mené vers la faillite plusieurs filiales françaises de la compagnie aérienne Khalifa Airways et de Khalifa Rent a Car. C’est du moins ce que dévoilent les enquêtes déclenchées par les tribunaux de Nanterre et de Paris sur plusieurs affaires liées, entre autres, à Khalifa TV, Khalifa Airways et l’affaire des Swift (transfert des devises à l’étranger) sur lesquelles la justice algérienne n’a pas encore statué. L’affaire du transfert de devises à l’étranger promet des révélations fracassantes si la justice algérienne va jusqu’au bout de ses investigations et engagements.
Des dizaines de personnes, entre témoins et accusés, ont été entendues, dans le cadre de l’instruction menée par le tribunal de Chéraga dont des fonctionnaires liés à l’opération de l’importation de la station de dessalement de l’eau de mer, non fonctionnelle de l’Arabie Saoudite. Le juge d’instruction s’est également intéressé aux formalités douanières qui ont entouré la réception de cette station qui n’aura servi qu’à justifier la sortie de sommes faramineuses d’argent.
Entre 2000 et 2003, les montants transférés de diverses manières à l’étranger s’élèvent à plus d’un milliard d’euros, révèle une source proche du dossier.
L’effondrement en 2003 du groupe Khalifa, constitué autour d’une banque, d’une compagnie aérienne et de deux chaînes de télévision et employant 20 000 salariés en Algérie et en Europe, a causé jusqu’à présent un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l’État algérien et aux épargnants. Le compte n’est pas encore bouclé, la procédure de liquidation étant encore en cours.
N H