Acculé par la conjoncture, le gouvernement prendra des décisions économiques douloureuses: la rançon de l’austérité

Acculé par la conjoncture, le gouvernement prendra des décisions économiques douloureuses: la rançon de l’austérité
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Avec des prix des hydrocarbures aussi bas, il n’y a pas d’alternative à l’austérité. Celle-ci s’imposera à tous les pays producteurs de pétrole.

Le gouvernement a-t-il sous-estimé la crise pétrolière, en fixant le prix de référence des hydrocarbures à 37 dollars le baril, ou a-t-il simplement choisi cette barre sachant qu’il allait réajuster le tir dans une nouvelle loi de finances complémentaire? L’important, selon les observateurs de la scène économique nationale, n’est pas de répondre à ce genre de questions, mais de savoir quelle sera la batterie de mesures que l’Etat mettra en oeuvre pour traverser la crise avec un minimum de casse. Avec un pétrole à 50 dollars le baril, le gouvernement a agi sur les prix des produits énergétiques, à l’image de l’électricité et du carburant. La réaction de l’Algérie n’est d’ailleurs pas unique face à la baisse des prix des hydrocarbures. La totalité des pays confrontés à cette situation ont pris des mesures autrement plus drastiques. A commencer par le Venezuela qui a décrété l’état d’urgence économique pour deux mois. Un concept nouveau, mais qui suppose des mesures de rationnement inédites pour ce pays, dépendant presque exclusivement du pétrole. Les autres nations pétrolières enregistrent des déficits abyssaux, à l’image de l’Arabie saoudite qui a signalé un trou de 100 milliards de dollars pour la seule année 2015. Des hausses dans pas mal de biens de consommation, des subventions revues à la baisse et des coupes budgétaires douloureuses ont été réalisées en Russie et dans l’ensemble des pays africains producteurs de pétrole comme le Gabon et le Nigeria. Ces deux nations pétrolières ont vu leur dynamique économique connaître un coup de frein subit, à même de remettre en cause les avancées socioéconomiques engrangées durant les années d’un baril à 120 dollars.

L’ère des hydrocarbures, produit stratégique par excellence, est définitivement révolue, soulignent les observateurs qui font remarquer que les tensions en Syrie, au Yémen et le conflit ouvert irano-saoudien n’ont eu aucun impact sur les prix. L’économie mondiale et la géostratégie semblent se défaire de l’emprise du pétrole qui devient un produit comme un autre.

L’Algérie est face à cette nouvelle réalité que l’on ne pensait pas si immédiate que cela. La réaction ne doit pas se suffire de mesures à court terme, notent les observateurs. Mais l’urgence recommande une série de décisions, dont une loi de finances complémentaire, au vu des niveaux de prix du pétrole qui oscillent autour de 30 dollars. La LFC 2016 sera, à n’en pas douter, très restrictive. Plusieurs projets d’infrastructures passeront à la trappe, de nouvelles taxes seront sans doute établies et les citoyens sentiront certainement les effets de la LFC dans leur quotidien.

Avec des prix des hydrocarbures aussi bas, il n’y a pas d’alternative à l’austérité. Celle-ci s’imposera à tous les pays producteurs de pétrole. La «cure» est d’autant incontournable que la crise peut durer plusieurs années et affecter durablement les économies pétrolières. Cela devra se traduire, estiment les observateurs, par une stratégie à moyen terme, alliant une communication institutionnelle moderne et efficace et une détermination à voir la vérité en face. Il faut sonner «l’alerte économique» générale, à travers des mesures drastiques, en termes de subventions. Les plus avertis, parmi les observateurs, n’écartent pas des mesures exceptionnelles, dans le sens d’une interdiction pure et simple des produits non essentiels et l’orientation du commerce extérieur en direction d’une vision d’austérité maximale. On souligne même l’impératif d’expliquer clairement aux Algériens la gravité de la situation et les inviter à réduire leur train de vie. Hormis les produits les plus vitaux, à l’image du blé et du lait, le gouvernement devra se délester du poids des subventions inutiles.

Cela n’aura aucune espèce d’impact sur les finances du pays, si à côté, la lutte contre la contrebande n’est pas menée tambour battant, avec en sus une criminalisation de ce trafic. Il faut assécher la manne des contrebandiers et redonner au concept de consommation la valeur qui devrait être la sienne. Lutter contre le gaspillage et discipliner l’acte de consommer est une donne centrale dans l’action immédiate du gouvernement.

A côté de ces mesures, les observateurs préconisent une lutte sans merci contre le marché parallèle. L’enjeu dans les deux actions est d’éviter une saignée des finances du pays. Mais, insistent les spécialistes, toutes ces mesures n’auront de sens que si la valeur travail est effectivement réhabilitée. Il faut que l’Algérien sache que le pétrole ne le fera désormais plus vivre. Il faut le considérer comme du sel. Il sert à améliorer le confort de vie. Celui-ci ne pourra venir que du travail de chacun.