Des sociétés étrangères sont impliquées dans des affaires de corruption en Algérie. Des scandales ont éclaté et des peines ont été prononcées à l’encontre de responsables et cadres algériens et étrangers.
Compte tenu des proportions alarmantes que prend le phénomène de la corruption en Algérie, des sociétés semblent ne pas hésiter à mettre la main à la poche et recourir à tous les moyens pour arracher des marchés.
Une pratique à laquelle certaines entreprises semblent recourir systématiquement afin de parvenir à leurs fins. Bien que la justice a sévi à plusieurs reprises, l’ampleur de la pratique reste méconnue, mais l’état des lieux fait craindre le pire. En fait, les quelques informations ayant filtré quant aux agissements des responsables de certaines sociétés étrangères montrent des complicités et des connivences graves.
La dernière affaire en date est celle impliquant deux sociétés chinoises, à savoir ZTE Algérie et Huawei Algérie, spécialisées dans les équipements d’accès à Internet. Avant-hier, une peine de prison de 15 ans, assortie d’une amende de 4 millions de DA, a été prononcée par la chambre pénale près la cour d’Alger à l’encontre de l’ex-cadre d’Algérie Télécom (AT), Mohamed Boukhari et l’homme d’affaires algéro-luxembourgois, Mejdoub Chani poursuivis «pour corruption et blanchiment d’argent» au préjudice d’AT.

Les sociétés chinoises ont, quant à elles, écopé en tant que personnes morales, d’une amende d’un million de DA et d’une interdiction de marchés publics pour une période de deux ans «pour versement de pots-de-vin». Selon l’arrêt de renvoi, l’affaire a éclaté à l’occasion de l’instruction entamée dans le cadre du dossier de l’autoroute Est-Ouest suite à une commission rogatoire internationale qui a conduit au Luxembourg le juge d’instruction de la 9e chambre près le pôle judiciaire de Sidi M’hamed.
L’instruction a révélé que Boukhari et Chani avaient perçu des «pots-de-vin» à l’étranger (Luxembourg) en relation avec des transactions douteuses en matière de télécommunications et d’Internet conclues par AT et les deux sociétés chinoises ZTE et Huawei.
Ces deux sociétés chinoises avaient versé en contrepartie de ces transactions avec AT des «commissions» au profit de deux sociétés de consulting appartenant à Boukhari et Chani dans des comptes offshore ouverts au Luxembourg. Quelques jours avant cette affaire, un autre scandale a secoué Sonatrach. Des responsables de la première société du pays auraient touché des pots-de-vin, versés par la société italienne Saipem.
Le montant de la transaction serait de 200 millions de dollars. Une somme, croit-on savoir ayant permis à cette société d’obtenir trois marchés énergétiques sur le territoire algérien. Le P-DG du groupe italien a démissionné il y a quelques jours. De hauts responsables algériens sont à leur tour impliqués dans cette importante malversation, qui n’a toujours pas révélé tous ses secrets.
Pis encore. Il y a quelques mois, c’était l’ex- ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès qui accusait des laboratoires pharmaceutiques dont Sanofi Aventis-Algérie d’avoir effectué une surfacturation de 95 millions de dollars en 2011 sur des produits importés.
La justice a été saisie et une peine d’un an de prison avec sursis contre le DG des laboratoires Sanofi-Aventis, ainsi qu’une amende de 2 milliards de dinars à l’encontre de ces laboratoires, a été prononcée.
Compte tenu du nombre important de sociétés étrangères ayant exprimé leur intérêt pour le marché algérien, faut-il craindre que ces pratiques ne se généralisent et ne deviennent monnaie courante ? Sur le plan officiel, les autorités publiques ont exprimé leur détermination à faire face à la corruption, au blanchiment d’argent et autres malversations qui gangrènent l’économie nationale. Une entreprise qui s’annonce difficile.
Aomar Fekrache