De l’avis de tous et même des professionnels du secteur, se faire prendre en charge dans un établissement de santé publique, relève du véritable parcours du combattant.
Dans un pays où des sommes colossales sont déboursées pour l’acquisition du matériel, la formation et autres chapitres liés au secteur de la santé, le droit du patient, particulièrement aux soins n’est pas convenablement respecté.
«Les droits du malade à la bonne prise en charge et à un bon accueil ne sont pas convenablement respectés dans les établissements hospitaliers du pays», a déploré jeudi dernier à Oran, le Pr Abdelouaheb Bengounia, médecin spécialiste en épidémiologie et médecine préventive au CHU Mustapha-Pacha.
La création des secteurs sanitaires en 1981, des CHU en 1983, des cliniques privées en 1988 pour accompagner les CHU, des établissements publics hospitaliers (EPH) et établissements publics de santé de proximité (EPSP) en 1997 «a accentué les inégalités sociales et consacré le déséquilibre régional en matière de santé», a-t-il relevé soulignant au passage, que plusieurs changements ont été opérés sur le système sanitaire sans toucher le fond du problème qui est de «garantir une meilleure qualité des soins avec plus de respect des droits du malade».
S’exprimant lors d’une conférence-débat sur les droits des malades en Algérie, organisée par le Centre de recherche en sciences sociales et de santé, il a estimé que les changements opérés au sein des structures sanitaires n’ont pas amélioré la qualité des soins fournis au citoyen. Une formation accrue des agents de la santé et du personnel paramédical en matière d’accueil et d’orientation s’avère «plus que nécessaire», a-t-il préconisé, soulignant que «le malade a besoin de soutien psychologique dès son entrée à l’hôpital».
Dans des pathologies lourdes comme le cancer, la période d’attente pour accéder aux soins peut durer parfois jusqu’à 6 mois, a déploré le Pr Bengounia, tout comme les ruptures de stocks des médicaments. D’autre part, le conférencier a souligné que le patient a également le droit de mourir dans la dignité, estimant que la création de services de gériatrie dans les établissements de santé «ne semble pas à l’ordre du jour du système actuel de santé». M. Bengounia a également insisté sur la formation spécifique du personnel de la santé, notamment dans la prise en charge des personnes âgées en urgences, en psychiatrie et en rééducation fonctionnelle et réadaptation.
Regrettant la fuite des ressources humaines du secteur public vers le privé et l’étranger, le conférencier a insisté sur les conditions d’assurer la stabilité du personnel médical qualifié.
Les débats ont porté notamment sur les moyens importants alloués à la réforme du système sanitaire, la qualité des prestations médicales, l’accueil et la prise en charge des malades et la fourniture de médicaments.
R. N. / APS