Accroissement du commerce informel du CD audio et vidéo : Tant que le citoyen y trouve son compte

Accroissement du commerce informel du CD audio et vidéo : Tant que le citoyen y trouve son compte

Ils sont de plus en plus nombreux ces jeunes qui ont investi ce créneau a priori assez juteux, mais qui toutefois comporte certains risques. Il s’agit du commerce informel des CD audio et vidéo.

Ils sont partout ces champions de la piraterie artistique revendeurs à Oran puisqu’on les retrouve à Medina El-Djedida, qui reste leur quartier général, en ville ou dans les quartiers populaires et même dans les localités limitrophes, à l’exemple d’Es-Sénia, Aïn El-Turck, Arzew etc.

Il suffit de trouver un bon coin, as sez visible et surtout bien fréquenté par les passants. Généralement, un bon mur assez large ou une devanture de magasin fermé à l’état d’abandon et voilà le marchand de « rêves » installé.

C’est par exemple le cas à l’USTO où l’on retrouve trois ou quatre de ces jeunes qui exposent leur marchandise en plein air tout au long de la journée, comme c’est le cas un peu partout ailleurs.

Il faut dire que si ce commerce informel de CD et DVD a tendance à se multiplier, c’est en raison de la demande qui est en constante hausse, car, face à la cherté de la vie, le pouvoir d’achat du citoyen étant bien ébranlé, beaucoup de gens n’ont pas les moyens de se payer un CD (original) dans un magasin. Pour cette raison, la plupart préfèrent acheter un CD à 50 DA ou parfois même 40 DA chez ces «pirates» que dans les magasins à 150 DA et plus.

Si la différence des prix est assez consistante, c’est parce que ces supports sont fabriqués dans des ateliers clandestins, leurs propriétaires ne payant ni les droits d’auteurs, ni les impôts, ni aucune taxe et échappant à tout contrôle.

Un marché où le consommateur trouve son compte

Selon les professionnels de ce secteur, le support original leur reviendrait à un peu plus de 40 DA. Ils doivent s’acquitter d’une majoration à l’Office national des droits d’auteur (ONDA) sans oublier le cachet du chanteur ou de l’artiste et des musiciens ainsi que les services du studio d’enregistrement. Pour les pirates, c’est devenu chose facile que de reproduire des CD de films ou des cassettes audio vu le progrès gigantesque réalisé par l’informatique à travers le monde.

Des ordinateurs avec graveurs, dont les prix sont de plus en plus abordables, des CD vierges, une connexion à l’Internet, une ou plusieurs paraboles avec décodeurs et toute la panoplie du parfait pirate, quelques DC et DVD originaux et le tour est joué.

C’est d’ailleurs à la maison que la plupart de ces clandestins réalisent des centaines de copies par le biais de téléchargement de films à travers Internet, la télé (Canal + ou chaînes TPS, ciné cinéma…) à partir de décodeurs en tant qu’abonné en France par exemple, ou tout simplement en effectuant des copies à partir de CD originaux de films, généralement achetés en Europe par une seule personne qui la prête ou la loue à d’autres «collègues» du même créneau, et vice-versa. Les produits finis sont généralement ramenés par les trabendistes dans des valises.

Pour le seul premier trimestre de cette année 2010, plus de 13.000 CD et DVD ont été saisis, selon l’ONDA, à Oran. Ce chiffre ne représenterait, en fait, qu’une infime partie de l’iceberg puisque le piratage représenterait plus de 60% du marché dans ce secteur.

Les prix défient toute concurrence

Parmi les gens que nous avons rencontrés près du musée Ahmed Zabana à Medina Djedida, un couple accompagné de deux enfants nous dira à ce propos : « Depuis que la majorité des chaînes de télé a disparu, nous avons de plus en plus recours aux DVD et autre DVX pour regarder des films. Il faut avouer qu’à 80 DA le CD, qui comporte entre huit et dix films, c’est très intéressant pour la plupart des gens, alors que pour un seul film dans un magasin on paye pratiquement le double.

On est devenu des habitués et le revendeur nous fait même des réductions de prix, nous conseillant tel ou tel film, notamment les tout derniers arrivés sur le marché. En ce qui concerne la qualité de l’image, nous n’avons pas à nous plaindre car dans leur majorité, ils sont bien reproduits».

Face à la recrudescence des internautes qui « pompent » en permanence les derniers tubes des chanteurs et les films récents, en France une loi a été établie pour protéger ce secteur du monde artistique et intellectuel de la piraterie. Cette loi appelée Hadopi (Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet), mais aussi connue sous le nom «Création et Internet», vise à lutter contre le téléchargement illégal.

Pourtant, la loi en Algérie est elle aussi claire puisqu’elle stipule que les produits totalement contrefaits sont saisis et détruits, et que des poursuites sont engagées contre les contrefacteurs qui risquent jusqu’à trois ans de prison et un million de dinars (11.500 euros) d’amende, selon la loi algérienne. Cependant, les auteurs peuvent être régularisés après paiement des pénalités.

Cependant, à en croire certains mordus de CD et DVD, tant que le citoyen trouve son compte, soit en tant que revendeur ou utilisateur, le piratage a encore de beaux jours devant lui, et ce ne sont pas les mesures répressives prises à l’encontre de quelques contrevenants jusqu’à présent qui y mettront un terme, car à la maison, toute personne est libre de ses faits et gestes et peut télécharger à profusion tout ce qui l’intéresse.

S.A. Tidjani