Accroché par un groupe de Touaregs, Belmokhtar donné pour mort à GAO

Accroché par un groupe de Touaregs, Belmokhtar donné pour mort à GAO

La situation sécuritaire au nord du Mali s’est davantage dégradée avec des affrontements entre les rebelles  du MNLA et les islamistes d’Ansar Eddine et du Mujao pour le contrôle de la ville de Gao.

Le chef d’Aqmi, Mokhtar Belmokhtar, a été aperçu dans la ville. Information qui a été confirmée par des sources à Liberté. Selon ces sources, le chef islamiste est venu dans cette ville livrée au chaos depuis le début de la semaine dernière qui a vu des manifestations populaires contre la présence des groupes islamistes et qui se sont soldées par la mort d’un manifestant après des tirs d’armes à feu.

Mokhtar Belmokhtar, alias Laouer (le Borgne), est venu à Gao, selon nos sources, pour voir ce et qui se passait dans cette zone tendue depuis sa prise par le MNLA et Ansar Eddine. Il n’a pas pu quitter les lieux devant l’intensité de l’échange de tirs entre les rebelles et les islamistes. Et c’est alors qu’il était en discussion avec des éléments d’Ansar Eddine qu’un individu s’est approché de lui pour lui tirer plusieurs balles à bout portant. Grièvement blessé, il a été évacué alors que sa garde prétorienne, qui a réagi, a abattu le tireur. Selon un communiqué du MNLA cité par un site Internet, le chef de la phalange des enturbannés (El-Moulathamoune) est abattu par Bouna Ag Attayoub, colonel dans l’armée de l’Azawad. Le MNLA précise que l’officier a abattu deux chefs terroristes dont les corps sont actuellement à la morgue de Gao.

Ainsi donc, le MNLA, qui avait averti les groupes islamistes que leur présence dans le nord du Mali, qu’il a déclaré indépendant, est indésirable, est passé à l’action en éliminant deux des chefs d’Aqmi, Belmokhtar et un autre qui serait mauritanien et dont “l’identité reste à déterminer”. Le véhicule de Belmokhtar a été également attaqué et détruit avec une roquette.

Par ailleurs, le MNLA fait monter le ton en déclarant, selon son communiqué, la “guerre totale” contre les terroristes.

“Désormais, les politiques pourront dire ce qu’ils voudront, mais que la guerre totale sera engagée contre les terroristes islamistes quels qu’ils soient, car aucune négociation ni entente avec les groupes islamistes n’est possible : ces gens-là doivent être combattus”, écrit le MNLA.

Le message s’adresse autant à Aqmi et le Mujao qu’à Ansar Eddine. Le MNLA et Ansar Eddine ont commencé il y a quelques semaines les négociations autour du statut du territoire de l’Azawad et ont même annoncé un accord avant de le démentir et de le remettre en cause. Les deux parties divergent sur le statut du territoire, Ansar Eddine voulant rester rattachés au Mali avec application de la charia, alors que le MNLA reste sur ses positions de mouvement laïc et le principe de l’indépendance de l’Azawad. Le MNLA appelle, par ailleurs, à un soutien international dans sa nouvelle guerre contre le terrorisme.

En tout état de cause, l’élimination de Mokhtar Belmokhtar, si elle se confirme, sera un coup dur porté à Aqmi qui perd ainsi son “repère” politique dans la région du Sahel. Expérimenté, cet ancien membre du GIA, qui a basculé plus tard dans le GSPC, a réussi à s’imposer comme le stratège du groupe terroriste dans la région du Sahel, où il a pu tout au long des années tisser des alliances avec des tribus touareg et arabes, et à contrôler une partie de la contrebande et du trafic de drogue dans la zone. Un profil qui tranche nettement avec celui du sanguinaire Abdelhamid Abou Zeïd, dénué de stratégie et de sens politique, qui n’a pas hésité à exécuter des otages.

Annoncé à plusieurs reprises prêt à se rendre après avoir demandé des garanties des autorités algériennes, Mokhtar Belmokhtar n’a jamais franchi le pas. Aussi a-t-il profité du chaos au nord du Mali pour se placer en arbitre avec des tentations de manipuler les nouveaux venus sur la scène, le Mujao et Ansar Eddine, tout en s’impliquant directement dans la situation. Il a été aperçu à Gao, à Tombouctou juste après leur prise par le MNLA. Tout comme au consulat d’Algérie à Gao, après l’enlèvement du consul et de six de ses collaborateurs. Et c’est inévitablement le retour de flamme. Prévisible.

Ainsi décapitée, quel avenir pour Aqmi ? Si une partie de la réponse est dans la déclaration de guerre du MNLA qui entend nettoyer le nord du Mali de cette nébuleuse, la réaction d’Aqmi pourrait être plus brutale. Et en l’absence d’un chef prompt au consensus, ne restera que l’option de la radicalisation. Celle prônée par Abou Zeïd qui ne croit ni au consensus ni à la négociation.

D B