Durant sa visite de trois jours en Algérie, le président du Sénat français, Gérard Larcher, a fait savoir qu’entre l’Algérie et la France il existe une convergence de vues sur plusieurs points bilatéraux, mais les questions qui fâchent planent toujours sur les rapports entre les deux pays. Dans la coopération économique, la règle 51/49 constitue la pomme de discorde entre Alger et Paris.
Dans le chapitre international, l’Algérie oppose son refus à une intervention militaire en Syrie ou en Libye, tandis que la France ne cesse d’afficher ses velléités guerrières, les mêmes qui ont conduit au désastre libyen.
L’Algérie n’est pas en faveur d’une intervention militaire en Syrie tandis que le règlement de la crise malienne nécessite une reconnaissance politique des Touareg.
C’est ce qu’a indiqué le président du Sénat français, Gérard Larcher, lors d’une conférence de presse au terme de sa visite en Algérie. Il a laissé entendre que les deux pays ne sont pas tout à fait sur la même longueur d’onde concernant certains dossiers, notamment l’intervention militaire prévue par la coalition cotre la Syrie.
« Position partagée, ce n’est pas le mot », a-t-il répondu à une question d’un journaliste sur le dossier syrien. Il a expliqué en clair l’opposition officielle de l’Algérie aux solutions militaires pour le règlement des conflits.
« Le président de la République estime que les raids aériens peuvent retarder et même affaiblir les forces armées mais ne régleront pas la crise », a-t-il affirmé en précisant que l’Algérie propose plutôt la réunion de tous les partis syriens autour d’une même table, en présence des forces régionales et internationales, avec comme priorité l’élimination de Daech.
Une reconnaissance politique des Touareg
A propos de la crise malienne, Larcher a affirmé que le règlement du conflit devrait passer par une reconnaissance des Touareg. « Il faut une association plus grande des mouvements à la gouvernance du Mali et une reconnaissance politique des Touareg », a-t-il souligné en affirmant que le Parlement français devrait trancher sur la poursuite de l’engagement de la France à soutenir le peuple Touareg pour qu’il soit reconnu politiquement.
Dans ce contexte il a affirmé que le président Bouteflika en personne lui a rappelé l’année 1959, date de la création du Parti du regroupement africain (PRA), qui avait regroupé toutes les tendances du pays à l’époque. Le président de la Chambre haute a clairement affirmé que son pays est « en concurrence » avec d’autre forces sur la région, « qui sont plus productrices d’argent que de solutions politiques ».
Toujours sur le dossier du Sahel, le président du Sénat français a affirmé qu’il comptait suggérer au président de la Commission des affaires étrangères et de la Défense au Sénat, Jean-Pierre Raffarin, de poursuivre ,et non pas reprendre le dossier malien, afin d’éviter de revenir à la case départ.
Rappelant l’intervention militaire de son pays au Mali, Larcher a assuré que les autorités algériennes ont soutenu la France sur l’aspect technique. A propos de la Lybie, l’autre dossier qui pèse sur l’Afrique, Larcher a simplement déclaré que la France soutient les négociations sous l’égide de l’ONU avec un agenda unique.
Il a affirmé que le Président algérien reconnaissait avec beaucoup de réalisme la difficulté de rapprocher les points de vue pour reconstruire l’Etat libyen.
A propos du dossier du Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis les années 1970, le président du Sénat a franchement répondu que le dossier n’était pas au menu de son entretien avec le Président. Mais il a déclaré avec diplomatie que la France est en faveur du traitement de ce dossier dans le cadre de l’ONU. Evoquant « la qualité » des relations entre l’Algérie et la France, il a assuré que ce rapport ne subit pas « le légitime clivage de la démocratie ».