Le démantèlement tarifaire que l’Algérie a commencé à mettre en application à partir de 2005, en vertu de l’Accord d’association qui la lie à l’Union européenne, lui a fait perdre trois milliards de dollars, un chiffre avancé hier par le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, lors des travaux de la Commission mixte algéro-allemande.
L’Algérie aurait perdu 8,5 milliards de dollars de recettes additionnelles d’ici à 2017 si elle avait maintenu en vigueur ce démantèlement tarifaire applicable aux produits importés de l’UE, a ajouté le ministre. Benmeradi a expliqué, dans le même registre, que le démantèlement qui a atteint près de 80%, suscite déjà de «graves préoccupations» sur le devenir de l’économie algérienne, en indiquant qu’un grand nombre d’entreprises algériennes n’arrivant pas à faire face à la concurrence des produits européens importés sans taxes, sont menacées de disparition.
Une situation qui a été fortement critiquée ces dernières années. Elle l’a été par des partis politiques, des opérateurs économiques et des syndicalistes. Tout le monde s’accordait sur l’essentiel : «En signant cet accord avec l’UE, l’Algérie perdrait plus d’argent qu’elle n’en gagnerait.» Et cela s’est vérifié au fil des ans.
Ainsi, les investissements censés provenir de l’Union européenne, l’Algérie n’en a rien vu, et les entreprises algériennes censées pouvoir placer leurs produits sur les marchés européens n’arrivent même pas à se développer correctement sur le marché local. Une simulation avec une facture constante des importations en provenance de l’UE aboutirait à cette perte additionnelle de 8,5 mds de dollars évoquée par le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement.
La situation aurait été davantage difficile, si l’Algérie n’avait pas proposé à l’Union européenne de différer le démantèlement tarifaire, une mesure qui n’a cependant pas plu aux responsables européens. Quelle aura été la conséquence sur la production locale si le pays avait attendu 2017, date à laquelle l’accord d’association prévoyait l a création de l a zone de libre-échange algéro-européenne ?
Le ministre a indiqué qu’en dépit des incitations en matière d’investissement qu’offrait l’Accord d’association avec l’UE, les investissements européens en Algérie sont demeurés inférieurs à 3,5 mds de dollars entre 2005 et 2011, dont plus d’un milliard est allé au secteur des hydrocarbures, et moins d’un milliard seulement vers la production des biens destinés au marché local ou à l’exportation.
Evaluant la mise en oeuvre de cet accord, entré en vigueur en 2005, Benmeradi a relevé que le processus de démantèlement a sensiblement creusé l e déséquilibre des échanges commerciaux hors hydrocarbures de l’Algérie. De 2005 à 2011, les pays de l’UE ont exporté vers l’Algérie près de 100 mds de dollars de biens et services, avec une moyenne annuelle de 20 mds de dollars, alors que les exportations algériennes, hors hydrocarbures, vers le marché européen n’ont pas totalisé 5 mds de dollars sur la même période.
Y. S.