Le ministre des affaires étrangères M. Ramtane Lamamra n’a finalement pas eu tort d’afficher un «optimisme mesuré» quant au chances de succès de l’accord d’Alger de paix signé par le gouvernement malien.
Le temps lui a donné raison puisque la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) réuni en conclave depuis prés d’une semaine pour examiner le texte de l’accord a décidé de ne pas le signer tel quel.
Les participants à la conférence de la rébellion à dominante touareg du nord du Mali de Kidal (nord-est) ont en effet conclu que cet accord était «fondamentalement insuffisant». C’est le verdict prononcé aujourd’hui par les mouvements touaregs qui ont rendu public un document cité par l’AFP.
Ce document qui fait la synthèse des points de vue exprimés la semaine dernière ne constitue pas pour autant la réponse finale des rebelles sur l’accord, selon des sources proches des discussions et des sources diplomatiques européennes citées par l’agence française.

Autrement dit, le MNLA et ses partenaires n’ont certes pas signé l’accord mais ne ferment pas non plus la porte à un éventuel accord qui prendrait en considération leurs réserves.
Les mêmes sources précisent que cette «résolution générale» a été élaborée à partir du discours d’ouverture du président de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et des «travaux des commissions des chefs de tribus, de villages, des fractions, des oulémas, des femmes, des jeunes, des cadres et des forces combattantes de l’Azawad».
Fondamentalement insuffisant
Les représentants du nord du Mali considèrent ainsi «fondamentalement insuffisant le contenu de l’accord d’Alger, paraphé par le gouvernement le 1er mars, par rapport aux revendications du peuple de l’Azawad».
Les touaregs exigent «une reconnaissance et la réparation par l’Etat malien des différents crimes qu’il a commis depuis 1963 dans l’Azawad». Ils revendiquent aussi «une reconnaissance de l’Azawad en tant qu’entité politique, juridique et territoriale».
Or l’accord d’Alger se borne à citer l’appellation «Azawad» pour désigner le nord du Mali, reconnue non pas comme une entité politique comme le réclame le MNLA et ses alliés mais juste comme une «réalité humaine». Une formulation que désapprouvent les touaregs pour qui un éventuel accord ne saurait faire l’impasse sur cette clarification.
Ce rebondissement dans les négociations entre Bamako et le nord du Mali a eu l’effet d’une douche froide notamment chez les européens soucieux de régler ce conflit qui déteint sur toute la sous-région du Sahel et du Sahara.
La porte reste ouverte mais…
Signe de cette panique, une délégation de diplomates européens et de responsables de la représentation de l’Union européenne à Bamako se rendra «à Kidal mardi si tout va bien, pour faire avancer les choses», a indiqué à l’AFP un membre de la délégation.
Ce dernier a fait observer que la résolution adoptée par le mouvement de l’Azawad, n’était «pas un document définitif». Le déplacement de la mission européenne est justement destiné à faire fléchir la position des touaregs pour les amener à se montrer plus conciliants.
Soucieux de faire face à la menace terroriste, les européens vont tenter de faire entendre raison aux touaregs. L’attentat anti-occidental commis le 7 mars dernier à Bamako, revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui a fait cinq morts: trois Maliens, un Français et un Belge, a accentué les pressions sur les rebelles touaregs pour signer l’accord d’Alger.
Un accord qui, faut-il le rappeler, a été salué par tous les responsables des capitales occidentales qu’ils ont même qualifié «d’historique». Mais c’était sans compter sur la volonté inébranlable des mouvements politiques de l’Azawad de faire aboutir leur revendication d’un statut politique pour cette partie du Mali. Il reste à savoir s’ils se laisseront convaincre par la délégation européenne.