Le Premier ministre, accompagné d’une délégation forte d’une quarantaine d’hommes d’affaires et de ministres, dont ceux du Commerce, de l’Habitat et de l’Industrie, effectue, à partir d’aujourd’hui, une visite officielle de deux jours en Chine, où il doit coprésider le Forum des hommes d’affaires algéro-chinois.
Si de source diplomatique, l’on affirme qu’elle est destinée à confirmer l’excellence des relations officielles algéro-chinoises et à donner un caractère gagnant-gagnant au partenariat stratégique liant l’Algérie avec la Chine, l’importance de cette visite se démontre à l’aune de la conjoncture actuelle que traverse le pays.
Il s’agirait, vraisemblablement, du souci des autorités algériennes de rechercher auprès de la Chine le moyen de diversifier l’économie nationale, auquel elles peuvent avoir recours à côté du train de mesures d’austérité déjà envisagé, pour remédier aux conséquences de la chute drastique des prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux. Plus concrètement, le déplacement se conçoit aussi comme une offensive de charme en direction du géant économique asiatique, en vue de capter les investissements productifs, façon de rééquilibrer les relations économiques bilatérales, qui se limitent actuellement à des relations purement commerciales.
Les entreprises chinoises au nombre de 790 qui sont présentes en Algérie ont ainsi réussi à remporter des contrats faramineux, dans le cadre des différents plans quinquennaux de développement et de relance économique lancés depuis l’arrivée de Bouteflika. De la construction de barrages, aux tronçons importants de l’autoroute Est-Ouest, en passant par les logements de type AADL et la Grande-Mosquée d’Alger, les Chinois ont raflé, parfois dans des conditions pas très claires, quasiment tous les projets d’importance lancés en Algérie durant la dernière décennie. Même l’import-export ne leur échappe pas.
Autant de créneaux qui font de la Chine le premier fournisseur de l’Algérie depuis 2013 (8,2 milliards de dollars en 2014) et son 10e client (1,8 milliard de dollars), ce qui fait ressortir un avantage substantiel au profit de la partie chinoise.
Pour autant, la présence au sein de la délégation du patron du FCE est de nature à confirmer cette hypothèse, étant donné le rôle joué par cette organisation patronale depuis l’arrivée de M. Haddad à sa tête, qui, soulignons-le, en agissant en véritable vrp (représentant commercial) de l’économie nationale, a entrepris de visiter nombre de capitale, et a reçu une liste d’ambassadeurs de nombreux pays accrédités à Alger, et que plusieurs autres représentants diplomatiques sont encore en attente d’être reçus par le patron du FCE. Au-delà du fait que cette visite n’a pas manqué de susciter quelques grincements de dents auprès de certains patrons d’entreprise qui ne sont pas du voyage, elle constitue pour Abdelmalek Sellal l’occasion pour des entretiens politiques avec les hauts responsables de l’État chinois, dans la pure tradition des relations séculaires qui remontent à la guerre de Libération en Algérie, et aux années 1970 lorsque l’Algérie a appuyé la Chine dans sa quête de recouvrer son siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.
Mais aussi dans le prolongement de celle-ci, il est question du renforcement de la coopération économique bilatérale.