Accidents de la route, flambée des prix et pagaille dans les marchés, Ramadhan : au rendez-vous des violences

Accidents de la route, flambée des prix et pagaille dans les marchés, Ramadhan : au rendez-vous des violences

Détourné de sa vocation par les malfrats, les énergumènes et les trafiquants de tous bords, le mois de Ramadhan rime, fort malheureusement, avec la violence sous toutes ses formes.

La nuit du doute passée, le Ramadhan annoncé pour mercredi (hier, ndlr), les Algériens sont sortis en masse et ont investi les marchés de fruits et légumes, des viandes et de la friandise.



Bilan de la veille du Ramadhan : 41 accidents de la circulation, 13 morts et 80 blessés sur les routes.

Hier matin, aux heures de pointe, pas moins de 7 accidents ont été enregistrés dans la capitale. Même si on ne déplore aucune perte de vie, ce fait annonce déjà la couleur pour les 29 jours qui restent de ce mois sacré. Pourtant, ce ne sont nullement les dispositifs de sécurité qui manquaient sur les axes fréquentés par les familles, de jour comme de nuit. Avec un bilan des plus sinistres de l’année précédente, on se demande à bien des égards à quoi serviraient tous ces dispositifs si l’incivisme prend à chaque fois le dessus de la prévention et de la répression dans la cité. Avec un record inédit en 2012 sur les routes, soit un mort chaque heure, des rixes et des batailles rangées après la prière des tarawih, sans compter l’agressivité des commerçants qui font chanter le consommateur en provoquant la pénurie et la flambée des prix, le commun des mortels situe, fort malheureusement, ce mois sacré dans le chapitre de la violence alors que les érudits ne cessent de prêcher l’amour et le pardon.

On s’en souvient bien du 4e jour du Ramadhan de l’année dernière, les services de sécurité avaient enregistré 2 000 bagarres qui ont fait 100 blessés, 4 morts et une cinquantaine d’accidents de voiture avec un bilan de 19 morts. Les nerfs à fleur de peau, et prétendant qu’ils sont sous l’effet “néfaste” du jeûne, les responsables d’actes de violence sèment la terreur sur les routes, dans les marchés et les magasins, dans les lieux de plaisance, devant les mosquées. Il faut dire que le Ramadhan démarre sur les chapeaux de roues et finit avec des bilans des plus inadmissibles. Et si les services de sécurité ont déployé plus de 120 000 hommes pour sécuriser la saison estivale, avec des dispositifs supplémentaires de plus de 50 000 policiers et gendarmes, il n’en demeure pas moins que l’intolérance est là et l’insécurité inquiète davantage le citoyen sous l’emprise des chauffards, des voyous et autres provocateurs qui lui empoisonnent le quotidien.

On a cette nette impression que cette rare violence est ancrée dans les mœurs des Algériens qui s’interrogent sur le pourquoi de cette dépravation généralisée et qui touche toutes les régions du pays. Qu’on en juge à travers le bilan du Ramadhan de l’année 2012 qui a enregistré plus de 9 000 plaintes déposées pour agressions et vols, l’arrestation de plus de 900 individus, le démantèlement de 60 gangs, constitués essentiellement de repris de justice, 1 700 accidents de la circulation qui ont provoqué plus de 300 morts et 1 200 blessés, avec un pic constaté le 31 juillet, avec 17 décès et 67 blessés enregistrés entre 17h30 et 20h ! Détourné de sa principale vocation, le Ramadhan de cette année ne fera, sans doute, pas exception à la règle.

On se souvient également de ce soumissionnaire indélicat qui a bourré le couffin du Ramadhan de produits dont la date de consommation avait expiré ou encore des détournements du couffin du Ramadhan et des bagarres qui s’en suivent dans les restaurants populaires. Ce ne sont guère les anecdotes et les sinistres qui manquent pour illustrer cette décadence morale qui intervient à la même période, c’est-à-dire durant le Ramadhan.

Finalement, nul ne pourrait contenir les malfrats, les voyous, les trafiquants, les gangs, les braqueurs, mais aussi les dealers de drogue qui écoulent des quantités énormes après la rupture du jeûne. La dénonciation devenue synonyme de délation, notamment à cause des représailles, les Algériens subissent, en silence, les retombées de cette violence et prennent leur mal en patience. En attendant l’Aïd… pour tout effacer avec une embrassade. La vigilance est de mise !

F B