Accidents de la circulation : Quand la mort est banalisée

Accidents de la circulation : Quand la mort est banalisée
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Les chiffres des accidents de la circulation sont de plus en plus effarants. Quel dispositif mettre en place pour organiser le débat sur la politique en matière de sécurisation des routes ?

C’est autour de cette problématique qu’un premier séminaire international, «Management de la sécurité routière», de 2 jours est organisé. Il se tient depuis hier à l’Ecole des hautes études commerciales (Ehec, ex-Inc) sis au pôle universitaire de Koléa (Tipasa).

Mohamed Lazouni reproche aux médias le fait de se focaliser juste sur le nombre de victimes. «Il faut plutôt voir le parc de véhicules qui croît de 500 000 annuellement», nous a-t-il déclaré, en marge de l’ouverture de la rencontre. M.Lazouni estime que le retrait du permis de conduire et le procès «ne sont pas une solution, car beaucoup de gens conduisent toujours. Il faut se remettre en question et aller vers la source. Il faut aller vers l’auto-école, qui manque de formation. Le ministère des transports doit revoir cela.

Je suis étonné de voir l’absence d’auto-écoles dédiées aux poids lourds comme les bus et les semi- remorques»,relève-t-il. L’Etat,  selon lui, n’a pas respecté sa promesse, «il existe un texte de loi lié à l’éducation sur la sécurité routière au sein des écoles. Il remonte à 1987. Mais à ce jour, il n’a pas encore été appliqué» s’est-t-il étonné. Les accidents de la circulation sont devenus un fléau social sans précédent avec des conséquences sociales et économiques dramatiques, «en 10 ans, la route a tué plus de 40 000 personnes en Algérie et plus d’un million de traumatisés. Ils coûtent à l’Etat de 4 000 à 5 000 DA / jour par personne et doivent être traités pendant 2 ans», déclare le directeur général de l’Ehec, Saâdi Abdeslem. Et d’enchaîner : «C’est pour cette raison que le séminaire voit l’implication de tous les acteurs politiques et économiques. A travers  »le management » (gestion) des accidents de la circulation, nous voulons voir comment arriver à réduire le taux élevé d’accidents. Nous voulons aussi nous inspirer des expériences d’autres pays dans la lutte contre ce phénomène. Ils recourent à des simulations et des caméras d’observation placées dans des camions et véhicules pendant des durées déterminées pour suivre le problème.»

Pour sa part, l’enseignant et membre organisateur, Pr Abdelmadjid Mesbah, son école a voulu impulser une nouvelle façon de s’impliquer. «La route tue, les gens banalisent la mort et les crimes de la route, on ne peut pas rester spectateurs», nous a-t-il indiqué. Et d’ajouter : «Il faut réfléchir et faire appel à notre capacité d’expertise pour essayer de trouver les formules les plus adaptées à la prise en charge de ce fléau et aller vers une démarche, la meilleure possible, afin de réduire les risques.» Pour rappel, le séminaire a été initié par l’Ehec sous le haut patronage du ministre de l’Enseignement supérieur, en partenariat avec la Fondation Renault. Il voit la présence de 300 participants, dont des associations et fédérations nationales, des représentants de différents ministères, la Gendarmerie nationale, la Dgsn, des entreprises nationales et orga-nismes, les collectivités locales, les universités et des conférenciers locaux et étrangers.

Souad Labri