Accidents de la circulation / Marché des assurances: 1,25 milliard de dollars par an de préjudice financier

Accidents de la circulation / Marché des assurances: 1,25 milliard de dollars par an de préjudice financier

Les assureurs algériens, qu’ils soient publics ou privés, supportent un peu plus de 1,25 milliard de dollars par an de préjudice financier lié aux accidents de la circulation, selon une estimation réalisée par la Middle East Review Insurance (MEIR), spécialiste de l’information et de l’expertise du marché des assurances au Moyen-Orient et Afrique du Nord, publiée dans la livraison d’octobre de sa revue éponyme.

Le calcul a été construit autour de pondérations sur les taux d’indemnisation au moment où un sinistre est déclaré et porté à la connaissance de l’assureur pour engager les remboursements auxquels l’automobiliste a souscrits ce qui couvre principalement le capital décès, le remplacement entier du véhicule ou l’indemnisation de la victime blessée.

Les chiffres endémiques des accidents de la route en Algérie corroborent le niveau important du préjudice présenté, dans la mesure où durant le seul premier semestre de cette année, 11 600 accidents de la circulation ont causé la mort de 1 770 personnes et blessé 21 000 autres, selon les données collectées auprès de la Sûreté et de la Gendarmerie nationales.

Entre 2004 et 2013, 37 000 personnes ont été tuées dans des accidents de la route et environ 30 000 autres ont été handicapées à vie, la plupart étant âgées de 24 à 35 ans, ce qui représente 37% des victimes totales. C’est ce qui coûte d’ailleurs le plus cher aux assureurs, surtout que les victimes sont jeunes ! Pourtant, même si d’un point de vue strictement statistique, l’estimation du MEIR semble correspondre aux chiffres effarants liés aux accidents de la route, l’expert en assurances Ali Dahmane, fondateur d’Opexa, un réseau qui répertorie l’ensemble des experts assureurs du pays, considère cette évaluation « comme trop importante ». « Ici en Algérie, il est vraiment très rare qu’un sinistre automobile qui cause un lourd handicap à vie soit indemnisé à travers la seule assurance auto ; le plus souvent, c’est l’Etat qui s’en charge, à moins d’en arriver à la justice pour arracher cette indemnité », a-t-il expliqué. Toutefois, « il est vrai que les taux d’accidents en Algérie sont à un niveau trop lourd, et cela coûte beaucoup ».

LG Algérie

Autre élément révélateur des niveaux colossaux qu’atteint l’assurance automobile en Algérie, c’est le niveau d’accaparement de cette branche d’assurance sur le bilan de tout le secteur. Selon le bilan du premier trimestre de l’année établi par le Conseil national des assurances (CNA), la branche automobile a généré à elle seule 61,7% des rendements des assurances dommages, en progression de 8,2% par rapport à la même période une année auparavant, avec un chiffre d’affaires de 19,6 milliards de dinars. Néanmoins, l’ensemble du secteur est perfectible aux yeux d’Ali Dahmane, qui appelle à assainir la manière dont le prix d’une police d’assurance est fixé, sachant que d’un assureur à un autre, « le prix peut passer du simple au double ». D’autant plus que « l’Algérien ne négocie pratiquement jamais avec l’assureur, même quand il s’agit d’une assurance tout risque ».

« A mes yeux, il n’existe pas de logique dans les prix actuels des assurances automobiles et les écarts d’une compagnie à une autre sont trop importants », a-t-il estimé. En 2013, pour les seuls sinistres automobiles, plus de 5 000 milliards de centimes ont été déboursés par les assureurs, avait indiqué le président de la CAAR et de l’Union algérienne des compagnies d’assurances et de réassurance (UAR), Brahim Djamal Kassali, fraîchement élu à la tête de l’association.