L’accident de train survenu le 13 août dernier dans la localité d’El-Harrouch, dans la wilaya de Skikda, continue de susciter beaucoup de commentaires et d’appréciations parmi les travailleurs de la direction régionale de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) de Constantine, notamment à propos des responsabilités engagées dans cette catastrophe et des sanctions qui devraient en découler.
La gravité de cet accident qui n’avait causé, heureusement, que des dégâts matériels, estimés à quelque 4 milliards de centimes par une commission d’expertise, a nécessité, rappelons-le, le déplacement du ministre des Transports, M. Amar Tou, qui s’était rendu sur les lieux pour recevoir les explications des responsables de la société et ordonner la constitution d’une commission d’enquête pour déterminer les causes réelles et les responsabilités de la dérive du train 3317 qui s’était renversé en totalité avant l’aiguille d’entrée à la gare d’El-Harrouch, et ce après avoir dévalé une pente de près de 15 kilomètres.
Dans un rapport qu’ils ont adressé dernièrement au ministre des Transports, dont nous avons obtenu une copie, des travailleurs et des syndicalistes de la SNTF de Constantine viennent de s’exprimer pour « apporter leur contribution à la recherche de la vérité sur les causes réelles de la catastrophe ferroviaire », disent-ils, en affirmant que l’accident est dû à la défaillance brusque du système de freinage. Aussi, et après avoir fait leur propre constat, les rapporteurs ont donné des explications sur les méthodes de freinage et celles de l’adhérence des roues pour le redémarrage du convoi selon le système des sablières et ont conclu que la cause de cet accident ne pourrait, en aucun cas, relever de la responsabilité du mécanicien conducteur qui, avant la défaillance du système de freinage, avait utilisé efficacement, et à plusieurs reprises, celui-ci qui avait répondu normalement aux sollicitations. « Après le départ de la gare d’El-Harrouch, le train s’est arrêté par ses propres moyens, au moins cinq fois, entre cette gare et le PK 49 et a redémarré autant de fois avant la provenance de la dérive », ont affirmé les rapporteurs avant d’assurer que leur souci premier et leur devoir étant « la préservation de leur outil de travail, ils ont pris la liberté d’exposer leur point de vue de techniciens et de syndicalistes, ajoutant que leurs observations ne manqueront pas d’être, espèrent-ils, en harmonie avec les conclusions de la commission d’enquête ».
« Par notre initiative nous ne cherchons pas à influer sur les conclusions qui seront prises par la commission d’enquête, mais apporter uniquement notre modeste contribution à la recherche de la vérité sur les causes réelles à l’origine de cette catastrophe qui a terni l’image de notre entreprise, image déjà fortement éprouvée par une multitude d’incidents de ce genre », déclarent les signataires du rapport. Néanmoins, ces derniers disent avoir « constaté le manque de prise en charge des anomalies signalées par les agents de conduite », sur la machine incriminée dans cet accident. Et de rappeler qu’avant l’incident du train 3317 à El-Harrouch, la machine titulaire 060 DR 06 a fait l’objet « d’un fonctionnement anormal de freinage le 7/08/2013 lors de la remorque d’un train de marchandise circulant entre Jijel et Constantine ». Ce qui a conduit les rapporteurs à penser que « le caractère sensible de l’avarie qui avait été signalée bien avant l’accident du 13 août dernier aurait dû alerter les cadres de la maintenance » et cette locomotive aurait dû faire l’objet d’attention particulière pour prévenir les incidents du type de celui qui s’est produit à El-Harrouch, en prenant des mesures pour le retrait de la machine aux fins de vérification de l’intégralité de freinage, de tests et enregistrements des performances à l’aide de l’appareil Richard », etc.
Enfin, notons que pour l’instant, aucune sanction n’a été officiellement notifiée à un quelconque responsable. Quant aux bâtisses gravement endommagées par le train, dont l’une a été complètement rasée hier même, la SNTF s’en lave les mains et jette la balle dans le camp des autorités locales de la wilaya de Skikda. Le ministre des Transports avait lors de son déplacement sur les lieux de l’accident clairement indiqué au wali que le problème des constructions près de la voie ferrée relève de ses compétences.