En Algérie, ce sont les difficultés d’accès aux actes de propriété et aux facilités bancaires qui inquiètent le plus les agriculteurs. Le climat dur et la sécheresse ont été relégués au rang de secondes préoccupations. Selon certaines statistiques provenant des organisations professionnelles fédérant les agriculteurs, 50% de ces derniers témoignent avoir eu les pires obstacles à même d’accéder aux propriétés et aux facilitations bancaires susceptibles de concourir à la réalisation de leurs projets.
Une statistique qui cache trois idées relativement simples: que l’agriculture n’est pas suffisamment une idée au niveau de l’opérateur de base, que la refonte du modèle de concession des terres agricoles -dont la durée a été fixée depuis peu à 40 ans renouvelables- s’érige, tout compte fait, en obstacle que les acteurs principaux qui doivent contribuer à la sécurité alimentaire ne sont pas sécurisés par des mesures de soutien appropriées. Ce constat est d’autant plus réel que le déclin de la contribution de l’agriculture au Produit intérieur brut (PIB) n’a jamais été aussi ressenti. Les derniers chiffres du ministère de l’Agriculture en la matière en sont une preuve.
Plus de contrôle…
Du côté de la tutelle, il est hors de question de remettre en doute l’apport de la nouvelle réglementation sur les concessions agricoles, encore moins les produits bancaires destinés à faciliter l’investissement dans l’agriculture. Mais ce n’est point l’avis des agriculteurs qui, par le biais de leurs corporations, recommandent à la tutelle plus de contrôle sur les aides destinées à l’agriculture. Dans l’avenir, il sera plus difficile de rehausser le niveau des rendements agricoles si l’investissement n’est l’œuvre que d’une poignée d’opérateurs. La difficulté d’accéder aux propriétés des terres, voire l’impossibilité, pose un autre problème : en cas de pressions supplémentaires sur le logement, l’Etat ne se gênerait guère à recourir aux terres agricoles qui s’insèrent dans le compartiment du domaine privé de l’Etat. C’est en tout cas, l’argument opposé par les opérateurs à même de soutenir, techniquement, leurs revendications quant à l’accès à la propriété des terres.
Le débat plus que jamais vif
Bien que l’Etat ait réglé cette problématique en révisant la réglementation sur les concessions agricoles, le débat ne semble pas s’estomper pour autant. Pour l’Union nationale des agriculteurs et paysans algériens, qui ne remet aucunement en cause la nouvelle réglementation qui recadre l’accès aux concessions, la problématique demeure entière, eu égard aux obstacles bureaucratiques qui s’érigent contre l’acte d’investir, lequel est conditionné par l’accès au foncier agricole. La démarche d’accéder au foncier agricole relevant du domaine privé de l’Etat, même dans le cadre de la nouvelle réglementation, s’apparente à un véritable parcours de combattant. Si certains agriculteurs, déjà aux prises avec une conjoncture délicate et une météo capricieuse, ont vu leurs rendements baisser de près d’un tiers cette année, d’autres n’ont pas vu venir certains obstacles dans l’investissement, les difficultés d’accès aux facilitations bancaires et au foncier agricole.
Ali Ben Mohamed (L’Éco n°103 / du 01 au 15 janvier 2014)