Déclenchée samedi soir à Tripoli, «l’opération sirène se déroule en coordination entre le CNT et les combattants rebelles dans et autour de Tripoli», a expliqué le porte-parole du CNT, qui précise «l’Otan est également impliquée».
Une opération était en cours hier dans la capitale libyenne pour isoler le colonel Mouamar El Gueddafi, selon le Conseil national de transition (CNT, organe politique de la rébellion) basé à Benghazi (est), tandis que des insurgés se rapprochaient de la capitale depuis l’ouest.
«Il était prévu que l’opération débute hier (samedi) soir et nous estimons qu’elle devrait durer plusieurs jours jusqu’à ce que El Gueddafi soit assiégé», a-t-il dit, ajoutant: «Nous prévoyons deux scénarios: qu’il se rende ou qu’il s’échappe de la ville» pour se réfugier à l’étranger ou dans une autre ville. «Les gens ont commencé à bouger de façon organisée hier soir, les cellules (rebelles) ont agi en coordination, tout a commencé au même moment, ce qui démontre que c’est une opération organisée», a également commenté le porte-parole militaire du CNT, le colonel Ahmed Omar Bani. «Les graines de la révolte ont enfin commencé à éclore dans Tripoli, la barrière de la terreur est tombée, c’est le temps du refus et de la parole dans tout Tripoli», s’est-il félicité. De son côté, le porte-parole du régime a affirmé lors d’une conférence de presse que des milliers de Libyens étaient prêts à défendre leur capitale, bastion de Mouamar El Gueddafi. «Tripoli est toujours défendu. Nous avons des milliers de soldats professionnels et des milliers de volontaires qui protègent la ville. Ces gens ne sont pas seulement patriotes mais ont des familles et des maisons qu’ils veulent protéger, et comprennent bien que si les rebelles entrent, le sang sera partout», a déclaré Moussa Ibrahim.
Sur le terrain, les rebelles du front ouest étaient à une vingtaine de kilomètres de Tripoli où des explosions et des échanges de tirs nourris se poursuivaient hier selon des témoins, qui ont également fait état d’ «affrontements». Les rebelles ont pris hier matin une forêt à 24 kilomètres à l’ouest de Tripoli après des combats meurtriers contre les forces fidèles au colonel El Gueddafi, a affirmé un insurgé.
A leur approche, de nombreux quartiers de la capitale étaient en ébullition hier matin et des affrontements opposaient pro-El Gueddafi et insurgés, selon des témoins. Les tirs se sont calmés pendant une grande partie de la matinée dimanche avant de reprendre de manière sporadique dans le centre ville et à Tajoura (banlieue), toujours selon des témoins.
Peu après 04h00 (02h00 GMT), quatre puissantes explosions ont secoué Tripoli et l’Otan, qui la bombarde quasi-quotidiennement, a annoncé dimanche y avoir détruit samedi 22 objectifs militaires.
Un navire maltais qui devait évacuer hier des étrangers de Tripoli vers Malte n’a d’ailleurs pas pu entrer dans le port à cause des tirs qu’il a essuyés, a déclaré à l’AFP une porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères, Paulina Kapuscinska.
Le régime, qui a reconnu des infiltrations «de groupes isolés», a envoyé hier des messages sur les téléphones portables appelant «le peuple à éliminer les traîtres et les agents avec des armes et à les piétiner», a indiqué un journaliste de l’AFP.
La «tragédie» du conflit en Libye «touche à sa fin», a ainsi jugé le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini dans une interview à Il Mattino parue hier, estimant que la chute du régime El Gueddafi créera de «grandes perspectives» pour les entreprises italiennes.
Le «soulèvement à Tripoli» a commencé, et la situation dans le pays est «à un point extraordinairement crucial», a de son côté, estimé hier le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, Alistair Burt sur la chaîne Sky News.