Abus de fonction par Hocine Necib, ministre des Ressources en eau

Abus de fonction par Hocine Necib, ministre des Ressources en eau

Des terres agricoles en « cadeau » à l’issue d’une visite « d’inspection et de travail » à Khenchela

Alger et Khenchela le lundi 20 avril 2015. Le ministre des Ressources en eau, Hocine Nécib, à l’issue d’une visite « d’inspection et de travail » dans la wilaya de Khenchela, en est reparti avec des décisions d’attribution de terres agricoles pour deux de ses très proches, dont son fils âgé de….21 ans !

1. Les faits se sont déroulés au début de l’automne dernier, le jeudi 25 septembre 2014, lors de la visite « d’inspection et de travail » du ministre des Ressources en eau à Khenchela.

2. Quelques jours à peine après la visite du ministre Hocine Nécib à Khenchela, une rumeur enfle à une vitesse grand V, elle fait le tour de la ville et prend des proportions inquiétantes, amplifiée par les déclarations ici et là de quelques citoyens « toujours bien informés » : le ministre serait reparti à Alger avec dans la poche deux décisions de concessions agricoles pour ses proches  !

3. 20 mars 2015, des citoyens de Khenchela remettent à l’AACC une copie des  deux décisions : l’AACC confirme leur authenticité, tant auprès de la direction des domaines – signataire et émettrice des documents en question -, qu’auprès des services en charge de l’enregistrement de ces actes.

4. Ces actes ont été signés par le directeur des domaines de la wilaya de Khenchela – « gestionnaire » en chef  des biens de l’Etat et représentant local du ministre des finances. Ces décisions sont datées du jeudi 25 septembre 2014, date de la visite à Khenchela du ministre des ressources en eau. Elles consistent en l’attribution de 15 hectares chacune dans la commune de M’toussa, à 20 km au Nord du chef lieu de wilaya, d’excellentes terres agricoles. Un « Aâkd Imtiaz » (« acte de concession ») pour le fils du ministre, né à Alger et âgé d’à peine 21 ans, et  la seconde décision  au profit de l’un de ses proches, portant le même nom (un frère ou un cousin ?), âgé de 53 ans et né aussi à Alger.

5. Le plus grave dans cette affaire : des terres agricoles de l’Etat sont attribuées à des personnes extérieures à la région et extérieures à la wilaya, et même étrangères à l’agriculture, et au même moment sont exclus de ces terres en question des petits paysans de la commune qui les exploitent depuis….16 années !

6. Ces paysans ont fait parvenir récemment une contestation écrite – face au déni dont ils sont victimes -, aux autorités locales et aux services de sécurité, écrit dont l’AACC détient  une copie, où il est mentionné notamment que « Nous exploitons ces terres depuis 1998 suite à une décision de la direction des domaines de la wilaya, et ce, dans le cadre de la mise en valeur des terres agricoles…Nous y avons foré des puits artésiens et construit des maisons que nous occupons…Puis nous avons été surpris d’apprendre notre exclusion de la régularisation de l’exploitation de ces terres, et de l’attribution de ces dernières à des personnes étrangères à la région et aux activités agricoles, alors que d’autres exploitants ont été régularisés et nous, nous avons été exclus… ». Il faut préciser que les dossiers de demande de régularisation de ces exploitants ont été déposés il y a plus d’un an auprès des services de l’agriculture, c’est pour cela qu’aujourd’hui, ces agriculteurs demandent l’intervention du wali en personne afin de régulariser leur situation et de réparer le préjudice subi, et ce, dans le cadre de l’encouragement de la valorisation des terres agricoles.

7. L’AACC lance un appel au ministre Hocine Nécib afin qu’il rende ces décisions et que ses proches se désistent officiellement.

Djilali Hadjadj, porte-parole de l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC)