Après un silence qui a ouvert la voie à toutes les spéculations, la Présidence de la République évoque de nouveau l’état de santé du Président Bouteflika sans donner de détails sur l’endroit où il se trouve, ni la période de repos qui lui a été prescrite par les médecins. Cette nouvelle communication qui se veut rassurante, puisqu’il y est fait mention d’une «nette amélioration», laisse place à plusieurs interrogations avec notamment le vide juridique qu’accuse la Constitution dans ce genre de situation.
Le Président Bouteflika a été admis à l’hôpital du «Val de Grâce» suite à une attaque ischémique transitoire, le 27 avril dernier. L’information a été communiquée par la Présidence, et prise ensuite en charge par le Premier ministère et le médecin du président, le professeur Rachid Bougherbal.
Puis aucune information malgré «les messages» rendus publics à l’occasion du 1er mai (fête des Travailleurs) et le 3 mai (Journée de la liberté d’expression).
Le 7 ma i , la Présidence a rompu le silence, indiquant que le chef de l’Etat doit observer «une période normale de repos prescrite par ses médecins». Cependant, on ne précise pas la durée de cette période de repos, on se contente de dire qu’il s’agit d’une période «normale». Ce n’est pas tout, car la même source ne donne aucun détail.
Le Président Bouteflika a-til quitté l’hôpital parisien, si oui , où doit-il se reposer, à l’étranger ou en Algérie ? Toutes ces questions restent sans réponses pour l’instant, sachant que le communiqué de la Présidence a été rendu public quelque temps après l’annonce faite par France 24 sur son site Internet, précisant que le Président Bouteflika a quitté le Val de Grâce. Par ailleurs, le communiqué de la Présidence rassure sur l’état de santé du Président, déclarant qu’il «s’est nettement amélioré».
Dans la rue, les lieux de travail et les réseaux sociaux, toutes les rumeurs sont permises : «Le président serait dans un coma profond», pour d’autres il serait «partiellement paralysé», conséquence de l’attaque ischémique tranitoire et certains le comparent au cas «Boumediene».
Pourtant, suite à son hospitalisation au Val de Grâce en 2005, le président s’est absenté plusieurs semaines et aucune communication n’a été faite avant son retour au pays. En attendant d’autres informations sur le Président, les institutions de l’Etat semblent fonctionner sans qu’une instance ou une personne précise coordonne les affaires de l’Etat.
Dans cette situation, la Constitution ne stipule rien puisqu’il n’ y a pas de poste de vice- président. Sur le terrain, les rôles semblent divisés, du moins pour quelques missions. Dans ce cadre, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a représenté le Président Bouteflika bien avant l’annonce du mini-AVC.
En effet, il a été indiqué que le président de la République a désigné le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, pour le représenter à la 23e réunion du Forum économique mondial sur l’Afrique, prévue du 8 au 10 mai à Cap Town (Afrique du Sud). C’est ce qu’a indiqué mardi dernier un communiqué de la Présidence de la République.
Il est à préciser que dans la Constitution actuelle, Bensalah est considéré comme le deuxième homme de l’Etat, car en cas de décès ou en application de l’article 88 (destitution du président ) du texte fondamental de la République, c’est lui qui gérera les affaires de l’Etat avant d’organiser des élections présidentielles anticipées.
Cependant, s’il y avait un vice-président, ce dernier assurera les missions du Président jusqu’à la fin du mandat présidentiel. D’autre part, bien avant le 27 avril dernier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été délégué par le Président Bouteflika pour différentes missions.
C’est d’ailleurs lui qui a installé la commission d’experts chargée d’élaborer le projet relatif à la révision de la Constitution. Et bien avant, il avait mené des consultations avec 27 formations politiques. En dehors de son déplacement à Tlemcen, en décembre 2012 à l’occasion de la visite du président François Hollande en Algérie, le chef de l’Etat a arrêté les visites d’inspection dans les wilayas du pays.
Celles-ci sont assurées par Sellal qui effectuera son septième déplacement samedi prochain à Laghouat. Cependant, un Conseil des ministres ne peut être présidé que par le chef de l’Etat et les décrets présidentiels ne peuvent être signés que par le Président.
N. C.