Par Moncef Wafi

Ainsi, des milliers de personnes ont participé, hier, à une marche populaire, scandant des slogans hostiles au pouvoir. La foule a brandi des banderoles sur lesquelles il était, notamment, inscrit «Bencherif est plus grand que vous». Le cortège, qui a sillonné les rues de Djelfa, a voulu s’émanciper de toute tentative de récupération partisane ou associative rappelant le caractère «populaire» de la marche.
L’absence de hauts responsables de l’Etat aux funérailles d’Ahmed Bencherif, ancien patron de la Gendarmerie nationale, a provoqué la colère des Djelfaouis. L’affront est tel que pour exprimer leur colère face à ce manque de considération qualifié d’«impardonnable», les habitants de la région se mobilisent sur les réseaux sociaux et menacent même de boycotter les élections présidentielles de 2019. Pour les gens de la région, ce qui s’est passé le jour de l’enterrement de Bencherif est synonyme de «mépris» et de «marginalisation» envers la population des Ouled Naïl.
En guise de réparation, ils exigent la présence de hauts responsables à l’occasion du quarantième jour de sa disparition et de lui rendre hommage pour ses exploits et sa participation à l’édification de l’Etat algérien, après l’indépendance. Un communiqué des «notables et libres» de la wilaya, rendu public, samedi dernier, avait considéré l’absence d’officiels à l’enterrement du colonel comme un «affront» et une «hogra».
Pour rappel, deux jours après les obsèques, une délégation ministérielle, conduite par le ministre de l’Intérieur, Nourredine Bedoui, s’était rendue sur la tombe du défunt. La foule, visiblement très remontée contre le gouvernement, avait encerclé la délégation officielle, tout en scandant des slogans hostiles, compliquant les déplacements des ministres, même lors de leur sortie du cimetière. Ahmed Bencherif a été inhumé dans l’après-midi de mardi dernier, après la prière d’El Assar, à Hassi Bahbah, dans la wilaya de Djelfa. Selon sa dernière volonté, il a été enterré aux côtés de son père et de sa mère au cimetière de Ain Maabed. Issu d’une famille de notables de la grande tribu des Ouled Nail, Bencherif a eu droit à des obsèques à la mesure de sa notoriété. Le wali de la wilaya de Djelfa a dû écourter son congé annuel et a été contraint de reprendre du service pour organiser les obsèques du défunt. Ainsi, les autobus du transport universitaire de la wilaya ont été réquisitionnés pour assurer le transport des nombreuses personnes qui se sont déplacées des différentes communes de Djelfa pour assister à l’enterrement. La famille du défunt a également, préparé plus de 4.000 repas pour les personnes venues des différentes régions du pays présenter leurs condoléances à la famille Bencherif. Premier commandant de la Gendarmerie nationale de l’Algérie indépendante, Bencherif est décédé le 21 juillet, à Paris, à l’âge de 91 ans. Ancien colonel de l’ALN, il a été condamné à mort par l’armée coloniale. Après l’indépendance de l’Algérie, il a été ministre de l’Environnement.