Flop pour le triumvirat de l’Alliance verte, hier, à Constantine. Les leaders d’Ennahda, El Islah et du MSP réunis, ont dû patienter loin des regards, un long moment dans un café mitoyen au palais de la culture Malek-Haddad sans que leurs fidèles puissent rassembler «le quorum» respectable, sinon, digne d’une exhibition à trois.
Les deux tiers des sièges sont restés, hélas, vides, provoquant l’irritation d’Aboudjerra Soltani qui a donné, en dernier, la réplique à ses alliés Hamlaoui Akkouchi et Fateh Rebaï. Sans ménagement, il n’a pas manqué, en effet, de s’interroger, séance tenante, sur l’aptitude des candidats de la liste 28 à gérer les affaires d’une métropole de l’envergure de Constantine si d’ores et déjà, «ils ne sont même pas capables de remplir une salle de réunions».
Le seul aspect positif que l’héritier de Mahfoud Nahnah retient de cette campagne, assez tiède à ses yeux, réside dans les prémices de la prise de conscience qu’il décèle dans «les constats alarmants établis par les futurs édiles et les inquiétudes grandissantes des citoyens qui sont autant de signaux à une aspiration citoyenne de changement. Mais de changement, il n’y en aura point tant cette prise de conscience pèche par manque de lucidité, de sacrifice et de dévouement à sa propre cause», laissera-t-il entendre dans une sorte de procès intenté non pas au pouvoir en place mais aux élites et politiques du pays.
D’ailleurs, ses mises au point à peine voilées ne ménageront ni le chef de file d’El Islah ni Fateh Rebaï qui ont regretté longuement «la ruralisation et la destruction tous azimuts qui frappent une cité millénaires comme Constantine ». Et contrairement, le chef de file du MSP considère lui que le tableau dressé par ses partenaires est trop sombre puisque la capitale de l’Est a connu un essor considérable à partir des années 80.
Insidieusement, il apparente ce présumé décollage à «l’éveil» de l’activisme islamiste qu’a connu cette ville à cette époque et dont il fut l’une des figures de proue. Un aveu on ne peut plus trompeur : «Les frères qui m’ont précédé ont exagérément noirci le tableau s’agissant de la ville de Constantine. Je suis arrivé dans cette ville en 1973, elle n’était pas meilleure que ce qu’elle est devenue aujourd’hui. La hogra était le maître mot à cette époque. Nous étions interdits de porter la barbe et il n’y avait qu’une seule femme en hijab dans toute l’Université de Constantine que nous devions protéger contre toutes sortes de harcèlement.
Il nous fallait briser le mur du silence et nous nous sommes rassemblés, étudiants, imams et chouyoukhs, pour ce faire et dès les années 1980, cette ville a pu s’ouvrir sur la voie du développement.» Autre mise au point à l’adresse de ses compères qui ont, majestueusement salué la réaction du président égyptien Morsi — «car il est issu de la volonté populaire» —suite aux attaques israéliennes contre Ghaza en condamnant le silence des autorités algériennes pour l’un, et la désolation de l’autre quant au fait que Constantine n’ait pas encore enfanté un Erdogan qui la sortira de son marasme et de sa décadence. Mais pour Aboujderra, «Erdogan n’est pas un héros» et des Morsi, l’Algérie en recèle des millions. Curieuse Alliance verte !
K. G.