Aboudjerra Soltani doute de la volonté du président de la République

Aboudjerra Soltani doute de la volonté du président de la République
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A l’ouverture, hier, au siège de la Mutuelle des matériaux de construction de Zéralda, du «huitième colloque national des cadres de l’information et de l’organique», le chef de file du MSP, Aboudjerra Soltani, a longuement discouru sur ce qu’il a qualifié de «feuille de route», en l’occurrence le communiqué du Conseil des ministres du 2 mai dernier. Un discours qui illustre plutôt le divorce de son mouvement avec l’Alliance présidentielle.

M. Soltani a souligné les deux objectifs dudit conclave : «Imprégner les cadres du parti du contenu du communiqué du Conseil des ministres pour qu’ils puissent l’expliquer à leurs concitoyens et les responsabiliser pour transmettre ce message et obtenir, au retour, les avis des uns et des autres.» Ensuite, le successeur du défunt Mahfoud Nahnah a «diagnostiqué» la situation dans le monde arabe pour en faire le parallèle avec ce qui se passe en Algérie. «Finies l’exception arabe et ces affirmations selon lesquelles les peuples arabes ne se réveillent que par miracle, ceci grâce notamment au développement spectaculaire des moyens de communication qui a remis en cause tout ce qui est version officielle», a déclaré M. Soltani.

Et d’ajouter : «Cheikh WikiLeaks a même élevé la barre d’un cran en déshabillant certains dirigeants de la région qui disent à leurs confidents occidentaux ce qu’ils dissimulent à leurs peuples, et ce, gratuitement, sans que ces peuples aient payé le moindre sou. Or, les dernières révolutions arabes représentent un cas d’école en la matière pour nous avoir montré la force de mobilisation des réseaux sociaux.» A ses yeux, toute promesse, désormais, non tenue aggravera davantage la «crise de confiance» dont pâtissent les régimes arabes. «Nous, en Algérie, nous avons dépassé ces étapes où le mot d’ordre sont la révolution et le changement et nous sommes maintenant en plein processus de réformes. Seulement, moi je me pose la question : nous considérons que le communiqué du Conseil des ministres du 2 mai dernier est une feuille de route.

Rien à dire là-dessus. Mais quelles sont les garanties ? Qui va garantir des élections transparentes lorsque nous savons que les agents de l’administration en réagissent comme par réflexe pavlovien et n’attendent même plus d’injonctions pour bourrer les urnes, pour l’intérêt national dites-vous !? En tout cas, moi, je suis sceptique», assène-t-il. Ceci, avant de suggérer de pénaliser la fraude : «Pourquoi ne nous promulguons pas une loi qui punit les fraudeurs, moi, personnellement, je trouve que les faussaires de la monnaie sont moins criminels que les faussaires de la volonté du peuple.» M. Bouguerra s’inscrit en porte-à-faux avec ses collègues de l’Alliance présidentielle s’agissant de l’amendement de la Constitution. «C’est vrai que nous avons proposé de passer à un régime parlementaire au lieu de présidentiel mais nous considérons que el mouchkil lyça fi nossos wa inama fi lossos (le problème ne réside pas dans les textes, il est dans les voleurs qui veillent à l’application de ces textes). Notre Constitution est l’une des meilleures au monde. Mais est-ce qu’elle est appliquée dans tous ses termes ? Je dis non. Je pense, néanmoins, que quelques toilettages comme limiter le nombre de mandats présidentiels sont suffisants. Elle est bonne comme elle l’est maintenant», renchérit-il.

Ainsi, il a suggéré à ce qu’une commission soit installée pour corriger ce qui est à corriger : «Il vaut mieux retarder de cinq jours sa promulgation que de creuser encore le fossé avec la société et retarder un éventuel retour de confiance de cinq ans encore». Par ailleurs, balance-t-il, «le bruit que nous entendons en ce qui concerne le futur code de wilaya renforce encore nos doutes. «Mettre les élus du peuple sous la coupe de l’administration nous posera énormément de problèmes pour convaincre les gens à présenter leurs candidatures. Nous regrettons le piétinement de la Constitution lors de la rédaction du code communal. Chose qui ne rassure guère sur le déroulement des prochaines élections municipales. Or, celui qui n’a même pas de volonté pour céder une commune ne saura céder pour les autres hautes fonctions », avance-t-il.

Dans ce contexte, il a surtout instruit ses cadres à exploiter, en prévision des municipales et des législatives prochaines, les réseaux sociaux pour courtiser les «voix dormantes» des quelques 12 millions d’Algériens qui se sont distingués en boudant les urnes lors des dernières joutes électorales. «Désormais, les peuples arabes aspirent à un nouveau monde et le peuple algérien n’est pas en reste. Ce nouveau monde a pour principe : pas de gouvernance à vie, pas de monopole de pouvoir, ni de la richesse ni encore de l’information», conclut-il.

L. H.