ABou djerra Soltani à l’ouverture du 5e congrès du MSP “J’assume les erreurs commises”

ABou djerra Soltani à l’ouverture du 5e congrès du MSP “J’assume les erreurs commises”

Ce n’est qu’aujourd’hui, soit au troisième jour des assises organiques, que seront ouvertes officiellement les candidatures pour le Conseil consultatif et le poste de président du parti. Abderrazek Mokri et Abderrahmane Saïdi sont favoris pour remplacer Abou Djerra Soltani aux commandes du mouvement.

Deux jours avant la tenue du Ve congrès du MSP, le président sortant du parti, Abou Djerra Soltani, a averti que ces assises ne seront secouées par aucune turbulence. La vision de l’homme s’est vérifiée dans les faits durant le congrès, qui s’est ouvert le 2 mai dernier. Les jeux de coulisses, s’ils sont mis en scène, ne sont pas visibles. Les bruits et chuchotements ne sont pas audibles, non plus. Tout semble être ficelé pour que le rendez-vous organique se déroule dans une normalité déroutante. L’explication est peut-être toute simple : il n’est porteur d’aucun enjeu politique particulier. Même le poste de président du parti, laissé vacant par Abou Djerra Soltani qui a décidé de ne pas se porter candidat à sa propre succession, ne suscite pas de grandes convoitises.

“À part moi, 1 399 congressistes ont le droit de prétendre à ce poste”, a suggéré M. Soltani. Il n’en demeure pas moins qu’uniquement deux personnalités se détachent du lot. Il s’agit d’Abderrazek Mokri, vice-président du parti, et d’Abderrahmane Saïdi, président du madjliss echoura (conseil consultatif). Jeudi, avant le coup d’envoi du 5e congrès, ces deux cadres ont reçu, de la part des congressistes, un accueil qui confirme qu’ils sont bel et bien les favoris des intentions de vote. Ce n’est pourtant qu’aujourd’hui, soit au troisième jour des assises, que seront ouvertes les candidatures pour le conseil consultatif et le poste de président du parti. Les congressistes procéderont à l’élection des membres de l’instance souveraine entre deux congrès. Ces derniers voteront, à leur tour, pour la personne qui remplacera Abou Djerra Soltani aux commandes du mouvement. Ainsi, le suspense est préservé jusqu’au bout. Hier, ce sont les textes fondateurs du parti (statuts, règlement intérieur et politique générale) qui ont été débattus puis validés par le congrès.

La journée de jeudi a été consacrée presque entièrement aux festivités d’ouverture du congrès. C’est vers 11h que la rencontre a démarré, à la coupole du complexe sportif Mohamed-Boudiaf (5-Juillet), par la récitation de versets coraniques et l’entonnation de l’hymne national. Les invités, étrangers (Maroc, Jordanie, Tunisie, Mauritanie, Turquie, Syrie et Palestine) ainsi que nationaux, passent, tour à tour, à la tribune pour discourir, pendant cinq à dix minutes, sur l’islamisme qui portera fatalement, selon leurs prédictions, le monde musulman à la conquête du monde et sur les mérites de l’hôte du jour. Abdelmajid Menasra, ancien cadre du MSP qui a fondé son propre parti, le Front du changement, (l’autre personnalité marquante qui a quitté le parti pour créer sa formation politique, Amar Ghoul en l’occurrence, n’a pas honoré l’invitation), a soutenu qu’il n’y a plus lieu d’alimenter davantage les conflits avec ses anciens compagnons politiques. Il a même informé qu’un projet de réconciliation est envisagé sans donner plus de détails. Vers 15h, Abou Djerra Soltani a pris la parole. Pour son dernier discours de chef de parti, après dix ans passés à la tête du MSP. C’est donc naturellement qu’il a exposé son propre bilan. Il s’est attribué la responsabilité de toutes les erreurs d’appréciation, les mauvaises décisions et les conflits pour le leadership qui ont fait perdre au parti plusieurs de ses cadres et de ses militants.

“Aujourd’hui, je dis que j’assume entièrement la responsabilité morale des erreurs commises ces dix dernières années”, a-t-il lancé. Il n’en demeure pas moins que, de son avis, le bilan est globalement plutôt positif.

“Nos lignes rouges sont claires… L’Algérie est au-dessus des Constitutions…”

Il a rappelé que le rapprochement du MSP avec le FLN et le RND dans le cadre de l’Alliance présidentielle a été dicté par la nécessité de préserver “la stabilité du pays et la promotion de la concorde civile qui a abouti sur la réconciliation nationale”.

Il a avoué que ses engagements au sein de l’Alliance présidentielle ont contraint le MSP à recourir, parfois, au double discours et à composer, d’autres fois, de manière embarrassante avec les contradictions du terrain. “Nous avons adopté sciemment la politique de la prise du bâton par le milieu”, a-t-il poursuivi. Un chemin duquel s’est écarté le mouvement après son retrait de l’Alliance présidentielle, en décembre 2011, et sa conglomération autour de l’Alliance de l’Algérie verte avec deux alliés de la mouvance islamiste.

À partir de là, il a radicalisé son discours. “Nos lignes rouges sont claires (…) Nous ne transigeons pas avec les constantes nationales. L’Algérie est au-dessus des Constitutions, des partis politiques, des personnes et des présidents”, a-t-il déclaré. Pour signifier que le parti n’est pas mort dès qu’il est sorti du giron du pouvoir, Abou Djerra Soltani a asséné ce qui lui semble être une vérité implacable.

“Le MSP détient encore des cartes gagnantes”, a-t-il certifié. S’il a encensé le président Bouteflika, qui a accompli, de son point de vue, des exploits en matière de restauration de la paix, du retour de l’Algérie dans le concert des nations, du paiement de la dette extérieure par anticipation… Le régime politique a échoué au plan social, miné par les grèves cycliques, la révolte de chômeurs et la corruption.

“Il y a deux ans, nous avons fait campagne contre la corruption. L’histoire nous a donné raison. Elle est devenue un sport financier”, a-t-il affirmé.

S H