Par
Le problème doit être traité dans sa globalité et dans sa complexité politique, sociale et économique. C’et ce que propose l’Algérie.
La crise libyenne ne menace pas uniquement les pays voisins, mais ébranle la donne sécuritaire en Afrique du Nord et dans la sous-région du Sahel. Ses conséquences touchent directement les pays européens qui n’arrivent pas à trouver une parade pour la crise migratoire.
Pour l’Algérie, le chaudron libyen demeure un foyer de tension réel et un danger permanent pour sa sécurité interne. On se rappelle de l’attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine en janvier 2013 qui a failli causer une catastrophe mondiale en termes de pertes humaines et matérielles. Les exécutants sont bien rentrés à partir de la frontière libyenne. Si depuis, l’Algérie a renforcé considérablement sa présence militaire sur la bande frontalière et accru la surveillance, il n’en demeure pas moins que pour les spécialistes des questions sécuritaires, cette menace est plus que jamais réelle.
Pour cerner les contours de cette menace, il suffit d’observer les agitations, les retournements et les volte-face du marchal Haftar. Les défis sécuritaires sont intenses pour l’Algérie qui, sur son flanc ouest, doit empêcher la Libye de devenir un «Libyenistan», et sur le flanc est, elle doit prêter main forte au voisin tunisien. Aux frontières sud, la partie est tout aussi compliquée vu l’immensité des espaces et la diversité des organisations terroristes et criminelles qui y opèrent. Sans compter qu’au plan interne il faut extirper les racines du terrorisme. Le tout dans un environnement sécuritaire régional marqué par la recrudescence des flux migratoires venant du Sahel. C’est dans ce contexte qu’ a été abordé largement ce dossier libyen à multiples facettes, à Alger, entre le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel et la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
Messahel a mis l’accent, à ce propos, sur la lutte contre le financement du terrorisme, soulignant que ce «fléau s’aggrave, notamment au Sahel, mais pas uniquement, à l’ombre du développement de sa relation avec le crime organisé transnational, mais aussi en exploitant les nombreuses failles dans l’architecture internationale et régionale de lutte contre ce phénomène, telle que relevées par la conférence africaine sur le financement du terrorisme», tenue à Alger au mois d’avril dernier.Le ministre a cité également la coopération policière et les programmes en cours entre la direction générale de la Sûreté nationale et le Collège européen de Police (Cepol).
La guerre civile libyenne, depuis 2013, a provoqué une considérable croissance du nombre de demandeurs d’asile et de migrants traversant la Méditerranée sur des embarcations de fortune mises sur pied par les trafiquants. Les décideurs politiques européens cherchaient désespérément des solutions, pas seulement pour ceux qui avaient déjà rejoint le Vieux Continent, mais aussi pour empêcher de nouveaux d’y parvenir. Il n’y a aucune solution durable à cette crise migratoire sans une politique européenne réaliste qui traite aussi de la crise libyenne. Cela, même si pour de nombreux responsables politiques européens, la priorité a toujours été de se concentrer sur le contrôle des frontières et de définir de manière stricte des mesures de sécurité. Le problème doit être traité dans sa globalité et dans sa complexité politique, sociale et économique. C’est ce que propose l’Algérie.