La chefferie de la diplomatie française a fait savoir hier que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, se rendra «à brève échéance» en visite en Algérie, situant probablement ce déplacement à la mi-juillet.
A quelques jours de la célébration du cinquantième anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie, et avec l’arrivée des socialistes à la Présidence française en mai dernier, tout porte à croire qu’un nouveau climat de confiance est en train de se construire, pour le bien des deux pays.
Laissant ainsi entrevoir les prémices d’une embellie entre Alger et Paris qui toutes deux tentent de renouer des relations plutôt difficiles et conflictuelles. Ainsi, depuis pratiquement deux mois de l’élection du président François Hollande, le locataire du Quai d’Orsay a annoncé hier sa prochaine visite à Alger.
A ce titre, la chefferie de la diplomatie française a fait savoir hier que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, se rendra «à brève échéance» en visite en Algérie, situant probablement ce déplacement à la mi-juillet.
«Le ministre des Affaires étrangères a bien l’intention d’effectuer, à brève échéance, un déplacement en Algérie, à une date qui sera annoncée en liaison avec nos partenaires algériens», a précisé lors d’un point-presse le porte-parole du ministère, Bernard Valero (le même que celui de Juppé…).
Ce dernier rappellera que les présidents français et algérien ont décidé «de donner une nouvelle impulsion à la relation bilatérale franco-algérienne». «Cette relation est exceptionnelle à bien des égards. Elle est marquée par une histoire commune et par des liens humains très denses. Le moment est particulièrement favorable à cette nouvelle impulsion. La France et l’Algérie sont décidées à avancer de concert pour développer leurs relations bilatérales», a ajouté le porte-parole.
MANUEL VALLS VEUT UNE RÉGULARISATION AU CAS PAR CAS DES CLANDESTINS
Pour sa part, Manuel Valls, ministre français de l’Intérieur a annoncé au journal français «Le Monde» que les clandestins seront régularisés au cas par cas. Ainsi, se plaçant dans la même lignée que celle du gouvernement Fillon, il exclut toute régularisation massive et prend comme repère le chiffre de 30 000 par an que réalisait le gouvernement de Nicolas Sarkozy.
A ce sujet, il expliquera que «les régularisations doivent se faire en s’appuyant sur des critères précis, objectifs, compréhensibles, à la fois par ceux qui sont dans cette situation, ceux qui pourraient venir sur notre sol national, et nos compatriotes».
En outre, le nouveau locataire de la place Beauvau, tout en soulignant sa volonté de vouloir «mettre fin à l’arbitraire», fera savoir que «ces critères sont les années de présence en France, la situation par rapport au travail, les attaches familiales, la scolarisation des enfants».
Aussi, Manuel Valls exclut toutefois une augmentation des régularisations par rapport à la précédente mandature, comme cela avait pu être évoqué, notamment par l’UMP, pendant la campagne présidentielle. «Aujourd’hui, la situation économique et sociale ne permet pas d’accueillir et de régulariser autant que certains le voudraient. C’est de ma responsabilité de ministre de l’Intérieur de le dire.
Je l’assume», souligne le ministre, tout en refusant d’être comparé à Nicolas Sarkozy. «La politique que j’applique n’est pas celle de Manuel Valls, c’est celle du président de la République et du Premier ministre», avance-t-il, pour couper court à toutes comparaisons malencontreuses. Et Valls d’insister: «Etre de gauche, ce n’est pas régulariser tout le monde et se retrouver dans une impasse».
Autre volet de sa politique migratoire abordée: les titres de séjour. Manuel Valls annonce l’adoption cette année d’une loi pour «créer un titre de séjour intermédiaire d’une durée de trois ans qui permette de stabiliser ceux qui vivent et travaillent de manière régulière sur le sol national». Car, selon lui, «les difficultés à obtenir un titre de séjour sont des facteurs de fragilisation économique, psychologique, sociale, et donc des obstacles à l’intégration».
Ainsi, dans sa feuille de route, il prévoit également de faciliter les naturalisations. «Depuis deux ans, les naturalisations ont chuté de 40 %. C’est la conséquence de choix politiques délibérés, mais non écrits, non-dits, regrette-t-il. Je veux inverser cette tendance. Dès cet été, une circulaire sera signée, en ce sens, avec des critères transparents.» Enfin, Manuel Valls présente une troisième circulaire pour mettre fin à la rétention des familles.
DE VILLEPIN : «FAIRE LA PAIX AVEC L’ALGÉRIE COMME AVEC L’ALLEMAGNE…»
Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre français, a appelé hier dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde, à une réconciliation historique avec l’Algérie. Estimant que la réconciliation avec l’Algérie est la clé d’une nouvelle politique arabe de la France. En ses termes, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac affirmera que «j’ai la conviction que la clé d’une nouvelle politique arabe de la France, c’est une nouvelle relation de la France et de l’Algérie fondée sur une réconciliation historique comme nous l’avons fait avec l’Allemagne». En outre, il ajoutera que «l’Algérie semble immobile.
Elle se débat avec la mémoire de ses passés, de son indépendance, de sa guerre civile meurtrière. Soyons au rendez-vous de la réconciliation». Selon le fondateur du mouvement République solidaire en 2010, cette réconciliation passe par «des signaux forts, notamment une visite du chef de l’Etat chez nos partenaires de la région, pour montrer que nous sommes aux côtés des peuples».
Dans cet ordre d’idées, il écrira dans une tribune du «Monde» qu’«il faut aussi, même si c’est difficile par ces temps de disette budgétaire, pouvoir mettre autour d’une table des investisseurs privés européens et des bailleurs de fonds publics pour lancer de grands projets pour la relance économique essentielle à la stabilité politique de la région».
Par ailleurs, plaidant pour une politique arabe «renouvelée» de la France, l’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2012, avant de se retirer de la course à l’Elysée, a estimé que c’est aux peuples de «faire leur histoire, sans notre ingérence». «Je veux que nous assumions aussi l’originalité de notre message et de notre relation avec le monde arabe, qui doit nous conduire à exprimer à la fois notre amitié et nos inquiétudes. Assumons enfin, et c’est le plus difficile, notre histoire, même quand elle est douloureuse», a-t-il conclu.
L. N.B