La ville aux ponts majestueux
Constantine, la ville aux multiples paradoxes, devant laquelle on est pourtant ébloui, hypnotise les plus exigeants qui deviennent esclaves de sa beauté majestueuse.
Jalousement gardée par un rocher, elle traduit le mystère d’une cité sensible qui reflète la parole de son histoire glorieuse, dans laquelle se mêlent le passé et le présent. La plus âgée des villes de l’Algérie et la plus ancienne capitale de la Méditerranée, demeure malgré ses 2 500 ans une agglomération très attachante, on se sent aussitôt émerveillé.
Très chaleureuse, Constantine, future capitale de la culture arabe, est une oeuvre usinée avec passion.
Gustave Flaubert disait d’elle: «La seule chose importante que j’ai vue jusqu’à présent, c’est Constantine, le pays de Yugurtha. Il y a un ravin démesuré qui entoure la ville. C’est une chose formidable et qui donne le vertige, je me suis promené en dessus, à pied et dedans, à cheval. Des gypaètes tournoyaient dans le ciel.»
C’est dire tout le mystère de cette ville qui comporte des traits sauvages volés à la nature.
Pourtant, ce riche patrimoine n’a pas échappé aux agressions humaines, qui par ignorance n’ont pas hésité à traduire leur insuffisance en abîmant son image par des constructions asociales, intimidant son urbanisme qui s’inscrit dans la durée.
C’est dire que les édifices illicitement bâtis qui assiègent la ville, sont très choquants et faussent toutes les donnes du développement. Guettar El Aïche, El Haria, où encore Tafrent, pour ne citer que ces exemples qui interviennent comme des constructions décevantes cédant place à la honte qui ne gêne vraiment pas les pouvoirs publics.
Parlant de Tafrent qui a fait l’objet d’un reportage de l’APS, dont on dit être une agglomération rurale qui remonte à 1880. Un site paradisiaque peuplé par quelques centaines de familles qui se transforme en un lotissement d’habitats précaires sous les yeux impuissants des autorités.
Forcer la main à l’Etat
Ce site avait pourtant toutes les chances d’être un village modèle après avoir réussi à sortir de sa léthargie par la réalisation de plusieurs projets de développement, néanmoins, son image est en train de se dégrader à la faveur du bâti illicite.
Cette activité frauduleuse est volontaire, les auteurs ont des visées bien calculées, forcer la main de l’Etat pour obtenir une régularisation même s’ils ont déjà un logement. Ils ne sont pas spécialement de Constantine, ils arrivent d’autres villes.
Les nouveaux venus s’acquittent d’une somme d’argent pour obtenir un lot de terrain sur lequel des maisons de fortune montent en quelques jours «les habitants de Tafrent rencontrés affirment que le coût du mètre carré dans cette localité oscille entre 4000 et 15 000 dinars, selon l’emplacement».
A ce propos, Abdelmalek Benhamouda délégué du secteur urbain de Ziadia, affirme que «la plupart des nouvelles constructions sont illicites», précisant que «des mises en demeure sanctionnent, conformément à la loi, ce genre de pratiques, mais le manque de coordination entre les services du secteur urbain et la direction de l’urbanisme de la commune de Constantine a amplifié le phénomène des constructions illicites».
Il estime, par ailleurs, que «souvent le rythme des chantiers de ces maisons devancent de loin les mesures administratives à engager en pareil cas».
Cette zone connue pour ses activités d’élevage ovin et bovin et l’apiculture aurait pu être une très belle représentation agricole à Constantine et même en Algérie, si une priorité avait été donnée à l’héritage de l’agriculture.
Néanmoins, Tafrent a-t-on rapporté, «a pu bénéficier, ces trois dernières années, de plusieurs projets qui ont significativement contribué à améliorer le cadre de vie des 3000 âmes qui y vivent».
Après la réalisation d’un axe routier et le raccordement des habitations au gaz naturel, qui a mis fin à la souffrance des habitants et des écoliers, vient la réalisation du réseau d’alimentation en eau potable (AEP) et la mise en exploitation d’un château d’eau et on aspire toujours à la concrétisation d’un réseau d’assainissement dont les études ont été lancées en 2013 et dont le coût est évalué à 1,3 million de dinars. Les habitants sollicitent les pouvoirs publics pour le goudronnage des rues.
Si Malek Haddad revenait à Constantine
Le cas de Tafrent n’est pas unique, puisque plusieurs localités au même profil, attendent un geste des autorités, comme à la commune de Messaoud Boudjriou.
L’une des localités les plus pauvres de Constantine, dont les habitants vivent essentiellement de leurs activités agricoles. Située à environ 20 km au nord du chef-lieu de wilaya, cette localité souffre d’un enclavement avéré.
Les préoccupations majeures des habitants de ce site rural sont exprimées à chaque visite officielle d’un responsable.
On cite, entre autres, le manque d’eau, l’irrigation, l’habitat rural et l’immobilisation de certaines zones de la commune à cause d’un problème de routes.
Des projets y afférents avaient été promis, néanmoins, un retard énorme bloque toujours cette localité.
Il a été pour ainsi dire prévu de régler le problème de l’eau au cours du quinquennat 2010/2014 car le plan prévoit la construction de plusieurs retenues collinaires sur le territoire de la commune de Messaoud Boudjeriou.
Ledit programme prévoit aussi 100 unités pour les fellahs de la commune.
L’ex-wali de Constantine, Nour Eddine Bedoui, actuellement ministre de la Formation professionnelle avait, lors de sa visite à une exploitation agricole privée dans cette localité, intéressée par l’élevage bovins d’une capacité de 100 vaches laitières, mis l’accent sur le développement de la production laitière et de l’élevage, un créneau pourvoyeur, avait-il souligné, de postes d’emploi et contribuant grandement à absorber le chômage endémique qui sévit dans la commune.
Cette paisible commune donne pourtant l’impression de vivre dans un affreux isolement.
Ses constructions à caractère rural qui remontent à l’ère coloniale, soit à 1886, sont entourées d’un essentiel timide qui se résume à une station de bus, quelques bâtisses administratives et une activité commerciale presque insignifiante. Elle demeure aujourd’hui encore en quête de projets de réhabilitation et d’aménagement.
Ses principales artères sont dans un état impraticable, notamment durant l’hiver.
C’est dire que plusieurs sites à Constantine sont dans le même cas.
Mais cette ville demeure singulière elle a été tant chérie par Malek Haddad qui dira: «On ne présente pas Constantine. Elle se présente et l’on salue.
Elle se découvre et nous découvrons. Elle éclate comme un regard à l’aurore et court sur l’horizon qu’elle étonne et soulève.
Puis satisfaite de son effet, elle se fige dans sa gravité, se regroupe dans sa légende, se renferme dans son éternité.»