Auteur d’une saison remarquable l’année passée avec le modeste club de Kavala, le milieu de terrain algérien, Djamel Abdoun, avait ébloui les observateurs et autres spécialistes du championnat grec de Super League, par son immense talent et son génie sur le terrain.
Malgré le manque d’ambition de son équipe, et sa découverte récente d’un nouveau championnat, l’ancien Canari avait su comment tirer son épingle du jeu et surtout briller de mille feux, jusqu’au point d’attiser les convoitises des tout meilleurs clubs du pays, en l’occurrence l’Olympiacos (pour lequel il a choisi d’opter), le Panathinaikos et le PAOK Salonique. Ce n’est pas par hasard qu’il a fini par être sacré, au terme de l’exercice, deuxième meilleur joueur du championnat et surtout meilleur passeur.
Après un bras de fer qui aura duré plus de deux mois avec ses anciens dirigeants de Kavala, Abdoun a réussi, au cours des dernières heures avant la clôture du marché des transferts, à trouver un accord avec l’Olympiacos et à s’y engager pour une durée de trois ans. Un transfert qui avait soulagé le joueur, tant ce dernier voulait passer à une étape supérieure et découvrir le haut niveau au sein du plus grand club du pays. Voilà donc maintenant plus de deux mois que l’ancien pensionnaire de Sedan évolue chez les Reds, sauf que jusqu’à présent, le joueur tarde réellement à s’imposer dans l’équipe et à montrer le même visage que celui de la saison dernière. Certains diront que c’est normal, puisque le joueur découvre à peine l’entourage et surtout la pression de ce club mythique de Grèce. D’autres, plus sceptiques, avancent que l’Algérien aura assurément beaucoup de difficultés à s’illustrer, tant l’effectif du champion en titre regorge de joueurs de grandes qualités et que de ce fait, la dépendance dont il jouissait à Kavala, il ne la retrouvera certainement pas ici.
Il n’arrive pas encore à retrouver son niveau
Neuf semaines après avoir débarqué à l’Olympiacos, Djamel Abdoun se cherche toujours. Son adaptation semble prendre du temps et cela se ressent sur le terrain. En effet, bien qu’il ait souvent été titulaire en ce début de saison, l’ancien Citizen manque de tranchant et d’efficacité dans ses productions. En huit apparitions jusque-là avec l’équipe, il n’a délivré qu’une seule passe décisive (c’était la semaine dernière face au Panionios) et n’a pas réussi à inscrire le moindre but, malgré le jeu très offensif prôné par l’entraîneur de l’équipe, Ernesto Valverde. Pourtant, le club possède la meilleure attaque du championnat avec 13 réalisations inscrites, après six journées disputées. Certes, le joueur accusait un peu le coup physiquement lors des premiers matchs, étant donné qu’il était resté sans compétition officielle durant près de cinq mois et que sa préparation d’intersaison fut perturbée aussi, mais n’empêche qu’au cours des dernières sorties officielles de l’équipe, ce n’est pas du tout le même Abdoun que les Grecs ont connu la saison passée. Manquant de créativité et de réussite dans ses enchaînements et dans ses passes, le désormais ancien international algérien peine à reproduire les mêmes prestations qu’à Kavala. Une situation qui n’est pas pour l’aider à maintenir cette place de titulaire.
Trop nerveux, Valverde décide de le sortir à la pause
Avant-hier, lors de la rencontre de championnat face à l’OFI Crète, que nous avons suivie avec grande attention à partir de la tribune de presse, Abdoun, une nouvelle fois titulaire, n’a pas eu du tout le rendement escompté. Tantôt à droite, tantôt à gauche de l’attaque, le joueur donnait cette impression d’être égaré sur le terrain. Mal inspiré, il a perdu beaucoup de ballons, et a surtout montré des signes de nervosité, qui n’ont assurément pas plu à son entraîneur. En seulement 45 minutes de jeu, et bien qu’il joue dans un registre résolument offensif, le joueur a commis cinq fautes sur ses adversaires. Une agressivité due essentiellement à ses pertes récurrentes de balles. Le sentant un peu dépassé, c’est tout naturellement que le coach espagnol de cette formation de l’Olympiacos a décidé de le faire sortir à la pause, en incorporant à sa place l’Argentin Ibagaza, malgré le fait que l’équipe menait au score (1-0), grâce notamment au but de l’autre Algérien de cette équipe, Rafik Djebbour.
A l’Olympiacos, les places sont chères
Certes, sur les neuf matchs disputés jusque-là par l’Olympiacos cette saison toutes compétitions confondues, Djamel Abdoun, a été aligné à six reprises en tant que titulaire, mais il faut souligner néanmoins qu’à l’exception du match face à l’OM en Ligue des Champions, l’Algérien n’est jamais allé au bout des 90’. Lors du match face au Borussia Dortmund, remporté de fort belle manière par le club grec, il n’a pas du tout été aligné. Cela résume bien les difficultés du joueur à s’illustrer dans sa nouvelle formation, malgré la confiance de son entraîneur, Valverde. Ce dernier justement, interrogé dernièrement par les médias grecs au sujet d’Abdoun, a affirmé qu’il faisait confiance au joueur, malgré ses débuts assez difficiles, car il connaît sa valeur et sait ce qu’il peut apporter sur le terrain. Pour l’instant, chez les supporters, on attend toujours de voir ça.
Sa mise à l’écart de l’EN l’a-t-elle affecté ?
C’est la question que bon nombre de journalistes et autres spécialistes grecs se posent actuellement au sujet de Djamel Abdoun pour tenter de trouver une explication à son rendement moyen et surtout à cette nervosité qu’il affiche, aussi bien sur le terrain que lors de ses sorties face aux médias à l’issue de chaque rencontre (le joueur ne répond quasiment jamais aux sollicitations des journalistes grecs). De notre côté, on est tenté de dire que le fait qu’il soit ignoré par le sélectionneur national, Vahid Halilhodzic, de cette façon et que même dans une liste élargie de 31 joueurs, son nom n’y figure pas, cela l’a sans doute affecté. Ce dernier se pose beaucoup de questions, lui qui lors de sa dernière déclaration accordée au Buteur, avait pourtant assuré n’avoir rien fait de grave au sein de la sélection qui nécessitait toute cette indifférence à son égard.
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Ses statistiques depuis l’entame de la saison :
Matchs joués : 8 sur un total de 9
Titularisations : 6
Minutes disputées : 405 sur un total de 810
But inscrit : 0
Passe décisive délivrée : 1
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Les supporters de l’Olympiacos attendent plus de lui
Connu pour être des supporters durs et très exigents envers leurs joueurs notamment, les inconditionnels de l’Olympiacos ne pardonnent pas du tout le moindre faux pas. Preuve en est, avant-hier, la contre-performance concédée à domicile face à la modeste équipe de l’OFI Crète (2-2) n’a pas manqué de faire réagir les supporters présents au stade, puisqu’au coup de sifflet final, beaucoup d’entre eux n’ont pas hésité à siffler leurs joueurs, bien que ces derniers avaient enchaîné les victoires depuis l’entame de la saison.
A la fin de cette rencontre de championnat justement, on s’est approché d’un groupe de fans, pour avoir leur avis sur nos deux compatriotes qui évoluent dans cette formation du Pirée. Le moins que l’on puisse dire, ces derniers étaient partagés, surtout concernant Abdoun.
«Djebbour, il nous surprend de match en match. Sincèrement, je ne pensais pas qu’il allait être aussi efficace. C’est un joueur qui se dépense beaucoup sur le terrain et nous les supporters de l’Olympiacos aimons ça. Concernant Abdoun, je dirais qu’il n’a encore rien montré d’exceptionnel. Il a souvent joué, mais sans apporter un vrai plus en attaque. On a beaucoup entendu parler de son talent, mais on attend toujours de le voir sur le terrain», nous dira Marco, un férus supporter des Reds. Un camarade à lui, qui l’a accompagné au stade, ajoute : «Je pense qu’il faut être encore patient avec Abdoun. Il découvre à peine le club. Ce n’est pas facile. En tout cas, il doit savoir que l’Olympiacos, c’est pas du tout Kavala.»