Abderrazak Mokri devant les responsables de wilaya du parti : «L’Algérie : un bateau sans cap»

Abderrazak Mokri devant les responsables de wilaya du parti : «L’Algérie : un bateau sans cap»

«L’Algérie est tel un navire qui dérive sans commandant ni cap précis», c’est par cette formule que le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Mokri, dénonçait hier la politique gouvernementale. Réapprenant l’opposition, après de longues années d’intelligence avec le pouvoir, le MSP, depuis l’intronisation de Mokri, fait de la critique du régime son sacerdoce.

Toutes les occasions, les rendez-vous organiques n’étant pas en reste, sont bonnes pour les estocades du genre de celles que le président du MSP affectionne particulièrement. Hier, au siège du parti, c’est devant les présidents et vice-présidents des bureaux de wilaya du MSP que Mokri a distillé de nouveau la critique à l’encontre des dirigeants du pays.

Le président du MSP, tout en se félicitant de quelques mesures énoncées dans la LF2015, entre autres la suppression de l’article 87-bis, n’a pas manqué de dénoncer la politique dépensière de l’Etat. Abderrazak Mokri a considéré qu’aucune vision politique ne sous-tend cette politique dépensière.

«C’est une politique machiavélique qui utilise la rente à des fins de maintien au pouvoir», s’est-il écrié, accusant le gouvernement de naviguer à vue. «Le palais d’El-Mouradia ne s’appuie pas sur des centres d’études pour prendre ses décisions économiques.» Pour mieux attester de son appréciation de la situation économique du pays, Abderrazak Mokri s’est appuyé sur les bilans des différents plans quinquennaux mis en branle depuis 1999.

Des bilans jugés négatifs. «La dépense publique durant les 15 années de règne de Bouteflika a dépassé l’enveloppe allouée jadis au plan Marshal qui a aidé à la reconstruction de l’Europe. Cette dépense est plus importante que celles dont ont disposé les économies turque, indonésienne et malaisienne pour leurs essors.» Le président du MSP a indiqué que, malgré cette forte dépense publique, le PIB n’a pas réussi à s’élever au-dessus des 3%. «Il est à craindre un écroulement de l’économie nationale dès que baissera la rente pétrolière, tant est que, en 15 ans, le gouvernement a manqué de réaliser une relance économique», a averti Mokri.

Cela étant, s’il a destiné le gros de sa critique à Bouteflika et à son gouvernement, le président du MSP n’a pas omis de tailler quelques croupières à un ancien du parti, le ministre des Transports Amar Ghoul qu’il choisira cependant de ne pas citer. «La situation du transport aérien est une honte pour l’Algérie. Pourquoi cette médiocrité de la compagnie Air Algérie, pourtant sans concurrence en Algérie ?»

Abderrazak Mokri a estimé que la situation est due soit à de l’incompétence ou à des sabotages et que, dans les deux cas, c’est une honte pour l’Algérie qui, en matière de transport aérien, aurait dû être une zone de transit. Interprétant les derniers changements annoncés au niveau de la présidence de la République, Abderrazak Mokri a considéré qu’il s’agit d’une diversion qui vise à détourner l’opinion des préoccupations essentielles. «Les changements sont le produit de la gestion occulte des affaires de l’Etat.

L’opinion est occupée à s’interroger sur les raisons qui ont dicté ces renvois ou limogeages, alors que, si on était dans un système de gouvernance démocratique, l’opinion saurait tout de suite de quoi découlent ces changements », a-t-il affirmé, poursuivant que «en tout cas, les étrangers savent mieux que quiconque ici en Algérie ce qui se passe au sommet de l’Etat où ont lieu des luttes d’intérêts opaques».

S. A. I.