Abderrazak Makri : « nous voulons discuter avec le pouvoir, mais on ne sait pas qui est le pouvoir »

Abderrazak Makri : « nous voulons discuter avec le pouvoir, mais on ne sait pas qui est le pouvoir »

Abderrazak Makri est l’invité du forum hebdomadaire de Liberté. Son invitation a drainé beaucoup de journalistes, car elle survient au lendemain de sa déclaration dans laquelle il avait annoncé vendredi une nouvelle initiative politique de son parti qui consistera à engager des discussions avec le pouvoir.

« Oui, je le confirme, nous envisageons d’engager des discussions avec le pouvoir pour que l’on nous accuse pas de faire de l’opposition pour l’opposition, mais des discussions pour trouver des perspectives politiques au pays », s’est-il expliqué en précisant que son initiative n’est pas en contradiction avec la plate-forme de la CNLTD à laquelle le MSP appartient.

Mais tout en annonçant sa volonté de discuter avec le pouvoir, le chef du MSP se pose néanmoins une question : « mais quel pouvoir ? Le président Bouteflika est malade, on ne sait pas qui décide dans ce pays et donc on ne sait pas avec qui on va discuter », ironise t-il. Abderrazk Makri ajoute que sa décision de discuter avec le pouvoir est une façon de tailler des croupières au FFS. « Nous sommes en compétition avec ce parti » dit-il à ce propos.

Au sujet de la révision constitutionnelle, Makri considère qu’ « il n’y a rien de nouveau, le pouvoir veut juste créer une diversion politique par rapport à la crise institutionnelle et politique. Le chef du MSP a évoqué aussi le cas Abou Djara Soltani en disant qu’il « est libre de s’exprimer, de donner son point de vue, nous sommes pour la libre expression ». Et d’ajouter que « je ne veux pas être en confrontation avec Abou Djara et je ne veux pas que cette confrontation cristallise l’intérêt des militants et des cadres et nous faire oublier notre projet politique ».

Concernant la polémique sur le gaz de schiste, le patron du MSP prône la prudence. « Il faut d’abord un débat technique, qu’on nous explique s’il y a ou non danger pour l’environnement et une fois cette question tranchée, il faudra se demander aussi si ce gaz de schiste est rentable ». En conséquence, Makri propose une sorte de moratoire, le temps que toutes les questions qui font actuellement polémique trouvent réponse.

Sur le plan économique, Makri se dit favorable à revoir la politique des subventions, de façon à ne les accorder qu’aux personnes nécessiteuses. Mais, encore faut-il qu’il y ait un système d’information, une administration. Ce qui est loin d’être actuellement le cas et, ajoute t-il, ces subventions sont une des sources d’enrichissement et de corruption dans le pays. A propos de corruption, la meilleur antidote selon lui « est la démocratie et la transparence ». Citant un expert américain, Makri dit que « les pays qui font beaucoup de discours sur la corruption, qui créent aussi des mécanismes de lutte contre la corruption sont les pays les plus corrompus ».