Abderrahmane Mira est mort depuis 52 ans,Son fils recherche toujours sa dépouille

Abderrahmane Mira est mort depuis 52 ans,Son fils recherche toujours sa dépouille

Cinquante-deux ans après sa mort, la dépouille du chef de la wilaya III historique reste toujours introuvable.

Le mystère qui avait entouré, durant un quart de siècle, la disparition des dépouilles des colonels Amirouche et Si El Haouès, hante toujours les esprits. Une autre figure illustre de la guerre de Libération nationale fait de nouveau parler d’elle, en s’ajoutant à la liste, déjà longue, des moudjahidine tombés au champ d’honneur et dont on n’a toujours pas réussi à localiser, à ce jour, l’endroit où ils ont été inhumés.

C’est en tout cas ce qu’a déclaré Tarek Mira, jeudi à Alger, à l’occasion de la célébration du cinquante-deuxième anniversaire de la mort de son père. Son frère Smaïl a déclaré que les recherches l’avaient mené jusqu’en France. D’anciens soldats et officiers de l’armée française ont dit que le corps de Abderrahmane Mira avait été transporté par hélicoptère et qu’ils ignorent pour quelle destination. Profitant de cette date commémorative, les fils du chef historique de la Wilaya III ont lancé un appel en direction des autorités afin qu’elles les aident à retrouver la dépouille de leur père et permettre ainsi à la famille de faire son deuil. Ce fut ensuite au tour d’un ancien compagnon de lutte d’apporter un poignant témoignage. «Je ne l’ai connu que durant une courte période, au cours de laquelle j’ai découvert en lui un authentique héros qui était hostile au colonialisme et avait engagé une guerre sans merci aux traîtres qu’il n’hésitait pas à exécuter car, disait-il, ils constituent une menace pour la révolution», a souligné Mohamed Salah Seddik. Voulant, lui aussi, apporter son témoignage à l’occasion de ce rassemblement organisé par l’association Mechaal Echahid au Centre culturel des moudjahidine de Port Saïd, l’ex-ministre de la Justice, de l’Education Nationale et compagnon d’armes de Abderrahmane Mira, Mohamed Chérif Kharoubi, rapporte de nombreuses anecdotes mettant en exergue la stature de ce chef. «Abderrahmane Mira est un exemple de courage et de loyauté. Non seulement c’était un commandant hors pair, mais il n’hésitait pas à braver le danger, en se portant toujours aux avant-postes pour prêter main forte à un djoundi se trouvant en mauvaise posture», révèle-t-il. Abderrahmane Mira était aussi un homme juste et la justice et la droiture étaient pour lui des vertus cardinales avec lesquelles il ne badinait jamais. «Un jour, alors que nous dégustions un couscous chez une famille le soir, Abderrahmane Mira m’a longuement sermonné parce que je voulais manger une seconde part de viande», se rappelle-t-il. S’adressant à Smaïl, le fils aîné de Abderrahamane Mira, Mohamed Chérif Kharoubi n’a pas manqué de souligner que l’ancien chef des patriotes de Tazmalt est le digne fils de son père. Intervenant à son tour, le secrétaire général de l’organisation des anciens moudjahidine, Saïd Abadou, ne tarit pas d’éloges à l’égard de celui qu’il compare à Amirouche, Didouche, Ben M’hidi et autres héros qui se sont sacrifiés pour la Révolution. «Abderrahmane Mira était connu pour son courage et sa bravoure. C’était l’homme des missions délicates. Des centaines de djounoud ont réussi grâce à lui à franchir, sans encombre, la ligne Morris, une barrière électrifiée s’étalant sur des centaines de kilomètres», explique -t-il. L’ancien ministre des Anciens Moudjahidine a tenu ensuite à faire part de l’admiration qu’il porte à Smaïl Mira – qui n’a pas hésité à débaptiser un lycée qui portait le nom de son père – pour le faire remplacer par celui de Mohamed Boudiaf. Pour le colonel Abdallah Delles, «Abderrahmane Mira a déjoué tous les plans et tous les pièges que lui avait tendus l’armée coloniale et ses supplétifs emmenés par le tristement célèbre général Belounis.» Abderrezak Bouhara, ancien ministre et actuellement membre du Sénat, garde de lui une très bonne image en déclarant qu’il est l’un des rares chefs militaires à avoir réussi à franchir plusieurs fois la ligne Morris. «Ce n’est pas un hasard si Abderrahmane Mira est devenu un héros, car la Vallée de la Soummam est un haut fait d’armes où les soldats de l’armée coloniale ont été mis en déroute», a-t-il précisé.

Un autre intervenant a vanté ses qualités de stratège et de fin diplomate en rappelant notamment l’épisode des soldats français faits prisonniers, lesquels ont été bien traités durant leur détention.