Jeter les bases d’un véritable partenariat public-privé et ouvrir à l’investissement privé des secteurs actuellement sous le monopole des entreprises publiques sont les actions qu’il faudrait entreprendre pour permettre au pays de se défaire de sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures et mettre son économie aux normes internationales.
C’est globalement ce que préconise Abderrahmane Mebtoul, économiste et consultant international. Selon cet expert, deux formules sont à adopter par l’Algérie.
« Il faudrait ouvrir les capitaux des entreprises publiques aux opérateurs privés et démonopoliser certains créneaux en permettant au privé d’investir dans des secteurs où seul les entreprises publiques ont actuellement le droit d’investir », explique-t-il. « Le ministère de l’Industrie a peur de parler de privatisation. C’est pourtant ce qu’ont fait de nombreux pays pour faire de leurs économies respectives de véritables économies de marché », indique M. Mebtoul, qui pense qu’il est temps de permettre au privé d’élargir une fois pour toutes ses horizons. « Nous avons aujourd’hui 8 ou 9 entreprises publiques viables. Il faudrait ouvrir les capitaux de ces dernières au privé afin de donner un nouveau souffle à l’économie », dira-t-il. « Lorsque nous parlons de l’ouverture de certains secteurs à l’investissement privé, il ne faut pas comprendre par là que l’investissement public doit disparaître. Les opérateurs du secteur privé peuvent ouvrir, par exemple, des hôpitaux sans pour autant qu’il soit mis fin aux activités des hôpitaux publics », souligne l’économiste. Selon lui, la proposition faite dernièrement par Ali Haddad, président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), en ce qui concerne l’ouverture de l’investissement dans les secteurs des transports maritime et aérien au privé, est tout à fait défendable. « C’est ce genre de solution qui nous permettra d’avoir une économie aux normes internationales et surtout une économie indépendante des revenus des hydrocarbures », assure-t-il.
L’économiste estime, toutefois, que l’implication du secteur privé dans la relance économique du pays ne peut se faire sans un véritable transfert de technologie au profit des entreprises algériennes. Des entreprises qui ont aujourd’hui fortement besoin d’être mises à niveau. « Tout doit tourner autour du transfert de technologie et notre économie doit justement être tournée vers les nouvelles technologies. Si on ne respecte pas cette condition, on ne pourra en aucun cas parvenir à un partenariat public-privé efficace. » Dans la conception d’Abderrahmane Mebtoul d’un partenariat public-privé, l’investissement étranger n’est pas à exclure et joue même un rôle important.
« Encourager le partenariat entre les secteurs public et privé implique à la fois l’opérateur privé national et l’opérateur privé étranger », précise-t-il. Les entreprises étrangères intéressées par le marché algérien ont, dans ce sens, un rôle important à jouer en matière de transfert de technologie et de savoir-faire en direction de l’Algérie. Un concept défendu par les pouvoirs publics, mais que l’économiste souhaiterait plus efficace. « La règle 51/49 existe en Algérie en ce qui concerne l’investissement étranger, mais il faut tirer le meilleur parti des entreprises étrangères, notamment en ce qui concerne les nouvelles technologies », ajoute le consultant international.