Avoir des réserves de 100 milliards de dollars n’est pas rien. C’est même une fortune. De nombreux pays développés ne possèdent pas un tel matelas.
La baisse des prix du baril de pétrole au cours de cette dernière semaine (51 dollars) a ressuscité le débat sur la nécessité de recourir à l’endettement extérieur en Algérie.
En dépit du fait que le gouvernement via le Premier ministre Abdelmalek Sellal a tranché cette question, en déclarant à partir de Batna où il était en visite de travail la semaine dernière, que l’Algérie a opté résolument pour la voie difficile, c’est- à- dire, explique Sellal, la voie de la production et la diversification de l’économie nationale.
De nombreux experts en économie sont remontés à la surface pour appeler le gouvernement à opter pour la voie de l’endettement extérieur. S’appuyant sur l’alerte du Fonds monétaire international (FMI) qui dans un rapport publié la semaine dernière prévoyant des chiffres des plus pessimistes pour l’Algérie cette année, 1, 4% pour la croissance et un 11, 7% pour le taux de chômage, ces experts usent de toutes les tribunes possibles pour promouvoir leur vision.
Mettant en valeur certaines idées, tel le fait que tous les pays du monde profitent des crédits octroyés par la Banque mondiale et le FMI y compris les USA et la Chine, compte tenu du taux d’intérêts bonifié et la longue durée de remboursement que procurent ces crédits, les experts en question appellent de tous leurs voeux le gouvernement à agir dans ce sens. Abderrahmane Hadj Nacer, ex- gouverneur de la Banque d’Algérie que le journal libanais Les infos a interrogé à ce sujet dans son édition d’hier, a tenu à conforter le gouvernement dans sa décision.
«La piste de l’endettement extérieur, n’est pas seulement mauvaise du point de vue économique, mais elle l’est essentiellement pour ses répercussions sur la souveraineté d’un pays», a argué l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie. «S’endetter auprès de quelqu’un, c’est accepter de lui faire des concessions.
Dans le cas des pays, c’est accepter de céder sur sa souveraineté», a ajouté Abderrahmane Hadj Nacer, précisant que l’histoire est pleine des exemples illustrant cet état de fait. Et de pousser très loin son raisonnement, «certes l’endettement extérieur pourrait s’avérer salutaire pour certaines économies où la bonne gouvernance est le principe. Mais pour les pays dont le système économique est dépourvu de cette bonne gouvernance, l’endettement extérieur, c’est une invitation à l’ingérence», a-t-il souligné. La situation financière de l’Algérie n’est pas aussi critique, a estimé plus loin dans ses réponses l’interviewé du journal libanais. «Avoir des réserves de 100 milliards de dollars n’est pas rien. C’est même une fortune.
De nombreux pays développés ne possèdent pas un tel matelas», a fait remarquer l’expert en économie, indiquant que plusieurs pays de la rive nord sont séduits par ce matelas. «C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, ils ne cessent pas de solliciter l’Algérie pour des investissements et des joint-ventures. Sur une question portant la comparaison entre l’apport du secteur privé en Algérie et au Maroc, l’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie a souligné sans équivoque que le secteur privé en Algérie est plus dynamique qu’au Maroc. De plus il est plus présent en Algérie qu’au Maroc où les opportunités d’investissement ne sont pas vraiment importantes.