C’était toute l’Algérie de la culture qui s’est retrouvée hier à Ouzellaguen pour lui rendre un dernier hommage
Yacine Si Ahmed, journaliste et anthropologue, a lu l’oraison funèbre, inspirée d’un texte écrit par Kaddour M’Hamsadji lors de la publication du roman Anza (le cri), écrit par le défunt.
L’homme s’en est allé. Son parcours et ses oeuvres restent. Ils demeureront pour l’éternité pour rappeler aux générations futures ce que le fils d’Ouzellaguen était.
Da Abderrahmane a été inhumé hier au cimetière du village qui l’avait vu naître, dans la commune d’Ouzellaguen, un bastion de la guerre de Libération nationale.
Ses compagnons, ses amis, des artistes de divers horizons, des anonymes étaient nombreux hier pour le dernier adieu à celui qui fut le père du premier film en tamazight, «la Colline oubliée». Ouzellaguen était hier la Mecque de la culture. C’est comme si personne ne voulait rater cet instant d’adieu pour un fils du peuple.
Et le peuple était là pour l’accompagner à sa dernière demeure dans une ambiance empreinte de tristesse et de douleur mais avec cet engagement que l’on retrouve sur toutes les lèvres: celui de poursuivre le combat de celui que Dieu Tout-Puissant a rappelé.
Autant la veille que le jour de son enterrement, la maison du défunt n’a pas désempli. Et les membres de l’association «Horizon» se démêlaient comme des braves pour assurer» une organisation, au demeurant parfaite. C’était l’un des leurs qui parlait, eux qui l’an dernier lui rendaient un hommage de son vivant. Un geste qu’il avait apprécié, se rappelle M.Haddad, le secrétaire général de l’association.
Le monde du cinéma algérien, celui de la chanson, de la poésie et de l’écriture était là. Bref c’était toute l’Algérie de la culture qui s’est retrouvée hier à Ouzellaguen. Cela ne pouvait pas être autrement tant l’homme était connu pour ses oeuvres tant sur le plan de l’écriture que sur celui du cinéma.
Amar Laskri, Belkacem Hadjadj, Said Hilmi, Farid Ferragui, Ben Mohamed, Kamel Hamadi, la liste d’artistes présents hier était longue à énumérer. Mais ils étaient là et chacun y allait de son commentaire. Tous étaient cependant attristés par la perte de ce monument du cinéma algérien. «Que Abderrahmane soit rassuré, son combat est désormais le nôtre», déclarait le réalisateur Amar Laskri, qui s’étalera longuement sur les rapports amicaux et professionnels qu’il avait avec le défunt.
Il profitera du moment pour interpeller les pouvoirs publics quant à la réouverture des salles de cinéma en Algérie; «des 500 salles en activité il ya quelques années il n’en reste qu’une dizaine à travers le pays», s’est-il indigné. De l’homme, tous reconnaissaient la rigueur, le sérieux et l’engagement dans le travail. C’état l’ami, le père et le frère de tous. Farid Ferragui dissimulait mal ses larmes en abordant des souvenirs avec le défunt. Artiste reconnu par ses pairs mais aussi par le petit peuple avec qui il a tenu à finir ses jours, Da Abderahamne était l’ami de tout le monde à Ouzellaguen. On racontait qu’il mettait plus d’une heure à se rendre chez l’épicier voisin tant il donnait de son temps à qui l’abordait. «C’était l’ami du petit peuple», soulignait ce jeune qui le croisait chaque matin en allant à son travail. Da Abderahman ou Hamanou pour les plus intimes était proche de tous ses voisins. Il aimait s’informer de tout et surtout cherchait à savoir ce que pense le simple citoyen du moindre événement.
La reconnaissance n’était pas propre à ses amis et artistes mais l’Etat était présent à travers le wali, la directrice de la Maison de la culture et la direction qui le connaissent bien, lui qui n’a raté aucun hommage rendu aux artistes algériens. C’est aussi un témoignage de reconnaissantce pour un homme qui fut de tous les rendez-vous. Que le temps passe vite à parler du défunt. C’est déjà l’heure de la levée du corps. Comme un seul, tous les présents se lèvent d’un pas lent, la procession humaine se dirige vers le cimetière du village. Yacine Si Ahmed, journaliste et anthropologue a lu l’oraison funèbre, Inspiré d’un texte écrit par Kaddour M’Hamsadji lors de la publication de roman «Anza» (le cri), écrit par le défunt, dont il rappellera succinctement le parcours.