Les islamistes s’organisent en vue de la prochaine élection présidentielle et affichent de plus en plus leurs souhaits d’accéder à la magistrature suprême.
Après le président du FJD, Abdellah Djabalah, c’est au tour d’Abderezzak Mokri, chef de file du MSP de montrer les ambitions des islamistes durant les futures joutes électorales.
Lors de la première session du conseil consultatif du Mouvement de la société pour la Paix (MSP), le chef de file du premier parti politique à obédience islamiste en Algérie, Abderrezak Mokri, a indiqué que son parti s’intéresse fortement aux élections présidentielles de 2014.
Toutefois, tout comme le président du FJD, le président du MSP préfère temporiser en assurant que son parti va tenir « une deuxième concertation avec d’autres partis politiques durant laquelle la stratégie à adopter en prévision des prochaines élections présidentielles sera définie».
Une concertation qui s’inscrit dans le cadre d’une initiative politique sérieuse et globale portant le nom de «la charte de la réforme politique.» Il n’est donc pas encore question d’un candidat du MSP ni d’un candidat émanant d’un consensus entre les partis à obédience islamiste, selon Mokri, même si ce dernier a assuré sous un tonnerre d’applaudissements que les islamistes qui défendent une cause juste arriveront tôt ou tard au pouvoir.
D’autre part, et alors que le président de la République est récemment rentré au pays après plusieurs jours de convalescence de la résidence d’État des Invalides en France, Mokri a tenu à réagir en ce qui concerne la question de l’application de l’article 88 de la Constitution.
«Nous sommes contents de son retour, nous ne pouvons pas exiger l’application de l’article 88 de la Constitution parce que nous ne sommes pas en mesure de connaître son état de santé. Par contre, nous demandons plus de transparence sur le sujet», a-t-il dit.
Il s’est également interrogé sur les garanties qui vont être fournies, ou pas, durant le prochain scrutin. «La question est de savoir si la prochaine élection présidentielle va être libre et transparente et si ça va être une occasion pour le changement à même d’aller vers une transition démocratique», a-t-il estimé.
Sur un autre registre, le successeur de Bouguerra Soltani a fustigé avec virulence la gestion économique et sociale du gouvernement.
«Avec toutes les richesses et l’argent que le gouvernement a dépensés il n’y a pas de croissance économique. Pire encore nos importations ont augmenté, même nos réserves de change qui sont dans un emplacement sûr, selon nos dirigeants, ont perdu près d’un milliard de dollars», a-t-il déclaré.
Et d’ajouter : «On n’a pas de production, ce qui fait qu’on ne peut pas contrôler notre inflation. Nos revenus en hydrocarbures ne cessent de baisser, sachant que les salaire des fonctionnaires dépendent de 50% des revenus de ces derniers.» «Si ça continue comme ça, l’État ne pourra plus acheter la paix sociale et on se dirigera irrémédiablement vers la catastrophe», at- il encore ajouté.
Dans le même sillage, il assure que «les experts estiment eux aussi que la situation économique est critique en indiquant dans leurs prévisions pour l’année 2013 que les revenus de l’Algére seront de l’ordre de 70 milliards de dollars, alors que les importations vont se situer autour de 60 milliards de dollars».
Étayant ses propos avec d’autre chiffres, il dira également que «l’État a dépensé pas moins de 286 milliards de dollars lors de ce quinquennat et malgré cela le taux de croissance est de l’ordre de 3,5% au moment où il avoisine les 5% dans les autres pays africains.»
Outre la gestion économique et sociale du gouvernement, Abdezezzak Mokri a également fustigé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait indiqué lors d’une récente déclaration «qu’il est temps que l’Algérie exporte et limite sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures.»
Une déclaration qui constitue des promesses utopiques, selon le chef de file du MSP qui pense que le gouvernement ne pourra pas réaliser cet objectif du fait que toutes les institutions de l’État sont gangrénées par la corruption. Le président du MSP a d’ailleurs enchaîné avec des critiques virulentes à l’égard du système éducatif, en illustrant son échec par le dernier scandale des candidats tricheurs aux épreuves du baccalauréat.
Sur le plan international, Mokri a réitéré le point de vue de son parti pour ce qu’il appelle «un coup d’État» contre la «légitimité» perpétré contre le président Morsi. «Notre soutien pour l’Egypte est une position de principe, nous avons toujours condamné le coup d’État militaire qui porte atteinte à la légitimité et au choix du peuple égyptien», a-t-il dit.
«Nous avons appelé les forces internationales et les différentes ONG à se mettre devant leurs responsabilités en défense de la légitimé en Égypte.» Il a également appelé l’État à se mettre devant ses responsabilités afin «qu’il respecte la Charte de l’Union africaine en condamnant ce coup d’État.»
Younes Guiz