Makri a opté pour la surenchère ou pour l’imitation par rapport au FFS
En politique, si, un jour, on est obligé de changer de cap, que ce soit au moins avec quelque chose de consistant ou pour quelque chose de consistant.
En politique il faut savoir faire preuve de patience. Ensuite, il faut faire preuve de patience et, enfin, il faut savoir faire preuve de patience. Cette leçon que devrait apprendre tout débutant sur la scène politique d’un pays n’a pas intéressé Makri du MSP qui veut apparaître pourtant comme un «grand leader d’un grand parti». C’est, du moins, ce qu’on comprend à la lecture de ses interventions ou à la manière dont il prend de haut les autres partis, y compris ceux qui partagent avec lui le bord de la rivière des jours, qui coule et qui n’est pas très calme de notre temps.
L’inconstance
En politique, il n’y a pas plus important que la cohérence. Elle contribue fortement à la construction de l’image du parti ou de l’homme. Or, pour être cohérent, il faut avoir des principes et savoir leur demeurer fidèle. Les événements passagers ne doivent jamais perturber l’attachement à la cohérence qui, avec le temps, finit par donner une certaine constance qui, inutile de le rappeler, constitue un élément de premier ordre dans l’appréciation des hommes politiques et de l’activité et des hommes.
Beaucoup d’hommes politiques ont préféré, à un moment de leur vie, se retirer ou se taire par cohérence et par fidélité à leurs principes. Boudiaf en était un, Bayerou du MoDEM en est un autre pour ne citer que ceux-là, tout près de nous. Beaucoup d’autres ont remis le tablier comme De Gaulle, par exemple ou Liamine Zeroual pour ne pas avoir à trahir leurs principes et pouvoir continuer à vivre la tête haute, les yeux dans ceux de la vie et la conscience tranquille.
Ce n’est malheureusement pas le cas de Makri du MSP qui, en l’espace de quelques mois, pris de panique par le fait que le FFS lui souffle quelques chaises quelque part, n’a pas hésité à se précipiter, renversant la table sur laquelle, la veille encore, il étalait ses principes devant ses amis de la Cnltd et de l’opposition. Cette nouvelle sortie du chef du MSP relative à un dialogue avec «toutes les parties» sent, non seulement, tout le manque d’expérience dont il vient de faire preuve, mais surtout le manque de patience qui ne devait pas être sien, surtout en ces moments assez difficiles où certains ont de la peine à réunir deux acteurs autour d’une table. Non, ce n’est pas une trahison de ses compagnons de la Cnltd mais ce n’est pas un bon geste à leur égard non plus et, quel que soit le résultat de cette démarche qu’a voulu entreprendre Makri, les autres membre de la Cnltd savent désormais qu’ils peuvent être abandonnés facilement par ce parti, au premier tournant. Il suffit qu’il croie trouver ses intérêts quelque part pour se lever et partir.
L’inconstance est l’ennemi de la politique car elle empêche de travailler sur le terme et empêche toute planification ou autre travail concerté. Elle discrédite ceux qui la pratiquent et dilue la confiance de leurs partenaires.
L’inconsistance
En politique, si, un jour, on est obligé de changer de cap, que ce soit au moins avec quelque chose de consistant ou pour quelque chose de consistant. Nous avons signalé dernièrement qu’il est difficile de savoir si Makri a opté pour la surenchère ou pour l’imitation par rapport au FFS. Il est difficile de donner une réponse sérieuse mais son appel au dialogue ne peut qu’intriguer car, quelque temps auparavant, il refusait jusqu’à l’idée de dialoguer avec le pouvoir.
Première victime d’une démarche du FFS qui aurait visé surtout à diviser les rangs de l’opposition ou bien premier tenté par une illusion passagère? Makri semble trop décidé à ne pas laisser le FFS «profiter seul» d’une démarche qui aurait pu être la sienne, d’après ses propres dires. Mais plus que cela, il convient aussi de se demander pourquoi Makri a-t-il agi ainsi? Est-ce pour offrir quelque chose au MSP, parti qui d’habitude ne reste pas trop loin du pouvoir et des délices du pouvoir et qui aurait pu commencer par se rendre compte que le successeur de Soltani n’a pas fait mieux jusqu’à présent ni même autant? Makri a-t-il peur pour son poste à la tête du parti? Possible. En tout cas à regarder de près, il n’apporte rien de nouveau par rapport au FFS et, même si on lui concède qu’il est le père de cette idée, à quoi cela sert-il de faire dans du réchauffé? Il n’y a rien de consistant dans cette démarche de Makri.
L’inconscience
Lorsqu’on est inconstant et inconsistant, on est assuré de commettre des bêtises à chaque mouvement. La réponse de Saâdani et celle de Bensalah à la proposition de Makri sont deux claques inoubliables et définitivement humiliantes car elles font remonter les contradictions de Makri à la surface d’une eau déjà pas trop claire. Lorsqu’on reproche l’illégitimité à un pouvoir, on refuse de dialoguer avec. C’est à cette réponse, répétitive, que le chef du MSP a eu droit et c’est à la hauteur de sa démarche. Cette fois, c’est un Saâdani qui excelle dans un terrain qu’il connait bien et qui répond: les institutions sont les mêmes, les principes demeurent inchangés. Pourquoi alors dialoguer avec le FLN et de quoi d’abord? Voilà qui est bien dit pour rappeler à certains que la politique a aussi ses aspects sérieux et qu’il ne faut pas trop jouer avec les choses sérieuses. Pire que tout cela, Saâdani a complétement soulevé le drap en affirmant que le FLN ne veut pas jouer au facteur et que ceux qui veulent dialoguer avec le pouvoir n’ont qu’à s’adresser directement à ses institutions. En d’autres termes, ce n’est pas aux vieux singes qu’on apprend à faire la grimace. Les choses sont claires désormais pour le chef du MSP. Ou bien il continue et cela signifie qu’il va devoir s’adresser directement à ces institutions qu’il a dit ne pas être légitimes avec tout ce que cela comporte pour lui de risque de subir un énorme revers, ou bien alors, il s’arrête et ce serait un grand coup d’épée dans l’eau qu’il aurait donné avec le risque que cela comporte d’écorcher son image et son autorité au sein de son propre parti. Dans tous les cas, il y a eu inconscience dans cette démarche.