Abderazak Mokri sillonne le pays en prêcheur de l’union des forces islamistes en Algérie

Abderazak Mokri sillonne le pays en prêcheur de l’union des forces islamistes en Algérie

La célébration du dixième anniversaire de la mort de Cheikh Mahfoudh Nahnah, grande figue de l’islamisme « participationniste » algérien donne lieu à des célébrations en séries de la part du MSP qui profite pour s’affirmer en leader de la mouvance islamiste sur fond d’envolées dédiées à l’union.

C’est en tous cas le discours d’Abderazak Mokri, le nouveau chef du MSP, qui rêve d’un front islamiste en prévision de la présidentielle de 2014 et donner ainsi, selon lui, une nouvelle chance au « printemps arabe » de se produire en Algérie.

A Adrar, au fin fond, du sud du pays, traditionnel bastion du FLN, le chef du MSP, qui prend le soin d’arrondir les angles de son discours pour ne pas effaroucher l’opinion, a appelé les militants du parti à “faire de la prochaine élection présidentielle une étape pour conforter la stabilité du pays et préserver les fondements de la nation et une opportunité pour opérer une réforme politique réelle à même de consolider les libertés et permettre à toutes les forces politiques de participer à l’édification de l’Algérie”.

Mettant en avant, le nationalisme de son parti, Abderazak Mokri, estime que le pays “est confronté aujourd’hui à de grands défis dans le contexte de l’instabilité qui règne dans les pays voisins d’une part et du recul des prix des hydrocarbures sur les marchés internationaux d’autre part ». Et il profitera pour décerner un bon point au gouvernement pour sa volonté affichée de vouloir sortir l’économie du pays de « la naphtalo-dépendance ».

Toujours sur le registre économique, il a préconisé une rationalisation de la gestion des ressources de l’Etat et leur orientation vers le secteur agricole, citant à titre d’exemple la wilaya d’Adrar qui recèle d’importantes potentialités dans le domaine agricole à même de garantir la sécurité alimentaire de tous les citoyens.

Le jour même à Boumerdès, le dirigeant islamiste a animé un autre meeting, en présence d’Abdelmadjid Menasra, un transfuge du MSP qui avait créé son « Front pour le Changement » pour se poser en héritier authentique et exclusif de « nahnahisme ». Deux ex du MSP assis côte à côte, c’est l’union en marche. Mais Mokri rassure : « l’initiative de réconciliation et d’union n’a pas été conclue en prévision des prochaines élections présidentielles bien que cette échéance importante nous intéresse énormément », a t-il expliqué.

Mais pour autant, il ne cache pas l’ambition des islamistes de gérer les affaires du pays, grâce justement à cette union pour leur donner la majorité. « Nous ne voulons pas mourir désunis et divisés mais il faut vivre unis car l’unité fait la force et nous aussi nous avons l’ambition de diriger le pays ». Et Mokri de rappeler que son parti a été spolié d’une large victoire en 1995, date de la présidentielle à laquelle participait Nahnah aux côtés de Zeroual et Said Sadi. « Nous avons trop patienté et le pouvoir nous a enlevé la victoire en 1995 », a-t-il fait valoir en rappelant aussi que « notre parti a payé un lourd tribu puisque plus de 400 de nos militants ont été assassinés lors de la décennie noire mais nous sommes toujours debout ». Des martyrs évoqués pour revendiquer une légitimité à aspirer à gouverner.

Abdelmadjid Menasra, qui n’a pas réussi à siphonner les militants du MSP revoit ses ambitions à la baisse et accepte implicitement le leadership de Mokri. « Je n’ai aucune ambition à me présenter candidat à la prochaine élection présidentielle mais nous souhaitons avoir un seul candidat à ces élections ». Il s’est gardé de dire le nom de ce candidat qui doit, selon lui, faire l’objet d’un consensus au sein de la mouvance, invitée à mettre de côté ses divergences » pour donner corps au projet d’union auquel Menasra invite d’autres forces islamistes à se joindre. Cette ode à la gloire de l’union ne semble pas convaincre un illustre islamiste Ali Benhadj qui a déjà rejeté l’appel, jugeant que « Mokri applique un agenda » qui est dicté par d’autres forces. Allusion aux services de sécurité.