Abderahmane Mehdaoui «Le plus dur n’est pas d’atteindre le sommet, mais d’y rester»

Abderahmane Mehdaoui «Le plus dur n’est pas d’atteindre le sommet, mais d’y rester»

actualite2[15315].jpgL’objectif des Verts militaires est désormais de remporter la Coupe d’Afrique 2012 et la Coupe du monde 2013.

L’entraîneur de l’équipe nationale militaire de football, Abderahmane Mehdaoui, a été hier l’invité du forum d’El Moudjahid. Il a été convié pour faire part de ses sentiments après un tel succès qui a mis du baume aux cœurs à tous les Algériens, toujours fiers de leurs pays et de voir l’emblème national flotter dans les différentes contrées du monde. Il faut dire que ce n’est pas tous les jours qu’on gagne un trophée et une compétition de cette ampleur. C’est avec énormément d’émotion, de bonheur et de fierté qu’Abderahmane Mehdaoui a rencontré l’assistance, où se trouvaient des citoyens qui sont venus spécialement pour le féliciter d’avoir porté haut les couleurs nationales en conduisant son équipe à bon port.

Mehdaoui a répondu avec son franc-parlé naturel et sa gentillesse aux différentes questions qui lui ont été posées. Pour celle ayant trait aux objectifs qui lui ont été assignés par le commandement militaire, conduit dans le domaine du sport par l’émérite général Mokdad, il fait d’emblée savoir qu’il était question au départ de se classer au moins parmi les quatre premiers lors de cette coupe du monde militaire, tout en précisant que tous les ingrédients étaient réunis pour que la sélection nationale militaire fasse bonne figure, car tous les moyens humains et matériels ont été mis à sa disposition. Ce qui a fait gagner le groupe en confiance et qui laissait entrevoir une participation positive à cette joute mondiale.

“Il était de notre devoir d’honorer l’Algérie”

“Franchement, en termes de moyens de travail et de préparation, on a été mis dans les meilleures conditions par le commandement militaire. Nous avons effectué un sérieux travail, bien élaboré comme on dit. Tout a été planifié et bien ficelé d’une manière réfléchie pour permettre à la sélection militaire de représenter de la meilleure des manières l’Algérie et le football algérien. Ce qui nous a permis d’avoir des ambitions légitimes de réussir une bonne coupe du monde. Mais de là à dire qu’on pensait la gagner, cela serait prétentieux de ma part”, dit Mehdaoui. Il met l’accent aussi sur la motivation et la détermination des joueurs qui voulaient tout d’abord honorer leur patrie en étant les dignes représentants de l’Algérie.

En ajoutant que le groupe a pris davantage confiance après avoir livré un époustouflant match contre le pays hôte, le Brésil, l’un des favoris en puissance du groupe, malgré la défaite par la plus petite des marges (1-0). Il confie à ce propos : “Après l’excellent match fourni sur le plan technique contre le Brésil que nous avons dominé, les joueurs se sont comme libérés, malgré la déception de la défaite, qui finalement nous a beaucoup servis par la suite. Mis en confiance sur le plan mental, mes joueurs ont su démontrer lors des rencontres suivantes tout ce dont ils étaient capables. Il y a un autre aspect qui nous a aussi permis d’y croire et d’y rêver, c’est l’intérêt porté par tout le peuple algérien et les autorités civiles et militaires du pays à la sélection militaire. Je ne pourrais vous dénombrer le nombre d’appels d’encouragements qui ne cessaient de nous parvenir durant notre séjour à Rio. Cet engouement a profité au groupe.»

“Merci au commandement militaire pour toute l’aide apportée”

Mehdaoui ne parvenait parfois pas à cacher son émotion lorsqu’il évoquait l’euphorie qui s’est emparée des joueurs et de tous les membres de la délégation algérienne au moment du sacre : “C’était franchement grandiose, et la joie qui s’est emparée de nous était indescriptible. Lorsqu’on est parvenus à écarter de notre chemin le Brésil en demi-finale, pour nous tout devenait possible, surtout que nous allions affronter l’Egypte et la rivalité qui a toujours caractérisé les confrontations sportives entre les deux pays. Nos jeunes joueurs se sont montrés de vrais hommes sur le terrain en jouant avec les tripes et en ayant cette ferveur nationaliste et patriotique. C’est en leur pays que nos jeunes doivent avoir foi, pourvu qu’on leur prête attention, car, dans ces conditions, ils sont capables du meilleur, et non en prenant place dans des embarcations de fortune en mettant leur existence en péril.”

“Il faut faire confiance aux joueurs locaux”

Pour parler football, Mehdaoui a fait savoir qu’il avait foi en les qualités des joueurs locaux, et que, pour lui, ils devraient constituer la base de la sélection nationale, tout en n’omettant pas de faire appel, selon les besoins de celle-ci, aux joueurs professionnels évoluant à l’étranger qui peuvent lui apporter un plus et faire la différence. Mais le travail de fond doit être fait ici au pays avec les joueurs du cru. Il a aussi tenu à ce que tout le monde soit derrière le nouveau sélectionneur national, le Bosnien Vahid Halilhodzic, qui est venu pour travailler, car il y va de l’intérêt du pays et de l’EN. Pour l’EN mondialiste, il a confié que l’après-Mondial a été très mal géré et que chez nous, on ne retient pas les leçons pour pouvoir mieux avancer. A son sens, c’est le retour à la case départ pour les Verts, suite à la succession d’échecs qu’ils viennent d’enregistrer.

“Je resterai avec les Verts militaires”

Il a fait savoir aussi qu’il allait poursuivre sa mission en sélection nationale militaire avec laquelle il est sous contrat pour 3 ans, notamment pour faire dans la continuité et surtout ne pas dormir sur ses lauriers, en perspective des prochaines échéances qui l’attendent, c’est-à-dire la Coupe d’Afrique 2012 en Angola et la Coupe du monde 2013 au Qatar, en affirmant qu’ils constituaient les prochains objectifs des Verts, qui affichent désormais clairement l’ambition de les jouer pour les remporter. Car, pour lui, le plus dur n’est pas d’atteindre le sommet, mais d’y rester. Mehdaoui a insisté pour qu’un hommage soit rendu à Smaïl Khabatou, son père spirituel dans le football, ainsi qu’à son ami de toujours Hamid Zouba et l’inamovible Mohamed Soukhane, qui lui ont inculqué les véritables valeurs humaines du sport. Il les a qualifiés d’une véritable école et des exemples à suivre.

Mohamed-Amine Azzouz

Le fruit de la rigueur

Ils étaient partis avec l’objectif de gagner une place dans le carré d’as, les Verts militaires sont revenus avec la coupe du monde ! Les capés d’Abderrahmane Mehdaoui ont offert à l’Algérie le titre de champion du monde. Cette consécration historique n’est pas le fruit du hasard. Elle est l’œuvre d’un travail collectif et surtout de beaucoup de rigueur. Le coach de cette équipe héroïque, qui a mis hors course les Brésiliens dans leur propre pays et battu l’Egypte deux fois championne du monde, est longuement revenu, hier, au centre de presse d’El Moudjahid, sur cette épopée qui a propulsé de jeunes appelés sur la plus haute marche du podium de Brésil- 2011. Abderrahmane Mehdaoui, l’une des grandes figures du football algérien, mérite amplement le titre de général, car il a su mener ses “soldats” à la victoire. De bataille en bataille, avec un seul leitmotiv, voir l’emblème national flotter haut dans le ciel de Rio. Il a su motiver les troupes et les pousser à persévérer pour ne pas, comme il le dit, “rentrer au pays bredouilles”. Ses consignes ont été appliquées à la lettre, et ses poulains ne l’ont pas déçu. Ils ont été à la hauteur et ont honoré l’ANP, descendante de la glorieuse ALN.

Désormais, ils figureront dans le panthéon de l’histoire du ballon rond algérien qui avec ce trophée retrouve ses lettres de noblesse.

Ce que nous avons retenu du passage de M. Mehdaoui au forum de notre journal, c’est que l’ère du «plus important est de participer» est révolue. Aujourd’hui, il faut appliquer l’obligation de résultats au vu des moyens mis à la disposition des sélections. Les Fennecs qui jouent sous le drapeau ont réussi là où les autres ont échoué, grâce à leur dévouement et aux orientations d’un homme qui, dès le départ, a refusé de partir en terre brésilienne pour une simple «mission militaire» ou faire de la figuration. Dès le départ, l’objectif était clair : «se classer parmi les quatre premiers». L’objectif tracé a été de loin dépassé. Des victoires ont été enregistrées devant de grandes nations du football. Les choses se sont bien déroulées. Les portes ont été ouvertes à l’équipe qui s’est retrouvée en finale face… aux Pharaons. Et là, gagner est devenu plus un rêve, mais un devoir. La rivalité entre les deux nations dans le domaine footballistique n’est un secret pour personne. C’est pourquoi les Verts militaires n’avaient pas droit à l’erreur. Mehdaoui ne s’en cache pas et dit que ses joueurs étaient doublement motivés. Et on imagine, à la fin du match, les joueurs annoncer au “général” Mehdaoui : “Mission accomplie, chef !” Et le général répliquer en toute fierté : “On peut rentrer au pays avec le plus beau butin pour des soldats footballeurs.”

Nora Chergui