Abdelmoumène Khalifa sera extradé

Abdelmoumène Khalifa sera extradé

M.Khalifa dispose d’un délai de 14 jours pour introduire un recourd devant la Cour suprême britannique, a rapporté un communiqué du ministère algérien de la Justice.

Le procès Khalifa sera rouvert. Et le principal inculpé sera rejugé. Ces procédures sont rendues possibles après que le ministre britannique de l’Intérieur a décidé hier d’extrader à Alger, Abdelmoumène Khalifa. Ce dernier n’a pas remis les pieds en Algérie depuis 2003. Il a ensuite été condamné par contumace lors d’un procès retentissant de ce qui est appelé «l’affaire Khalifa».

C’est le tribunal criminel de Blida qui a prononcé la perpétuité pour des chefs d’accusation en lien avec des détournements perpétrés lorsqu’il gérait la banque du même nom ainsi qu’un holding activant dans divers métiers comme l’aviation ou encore le bâtiment et la communication. La liste des griefs retenus contre cet investisseur est longue.

L’occasion lui sera donnée d’apporter sa version des faits sur les accusations de vols dans différentes agences de la banque sur sa propre instigation ainsi que sur le détournement de devises à l’étranger. Le gouvernement algérien a dû livrer une bataille judiciaire longue et semée d’embûches avant de parvenir à faire accepter aux Britanniques l’extradition du fugitif.

La justice algérienne a présenté aux Britanniques un dossier complet contenant diverses pièces pour étayer ses reproches. Après le détournement, l’Algérie lui reproche la falsification de l’hypothèque de la villa familiale et d’un local commercial.

Lors du procès, il a même été fait appel au notaire ayant enregistré la création de la banque Khalifa alors que seule la Banque d’Algérie était habilitée à octroyer des autorisations d’activité.

La banque était l’objet d’une gestion anarchique et de négligences.

En réalité, ce n’étaient que des moyens plus ou moins ingénieux pour détourner l’épargne de ses clients, selon les accusations de la justice. Témoins et dossiers de l’affaire seront à nouveau examinés par la justice.

Mais on ignore encore quand ce nouveau procès aura lieu. On ne connaît également toujours pas la date du retour de Khalifa au pays. En tout cas, une chose est sûre, ses avocats vont épuiser tous les recours permis par la justice britannique.

Cette dernière avait accepté le principe d’extradition depuis près d’un an, soit depuis le 25 juin 2009.

Le principal argument de Khalifa pour rester en Angleterre tenait au fait qu’il n’était pas sûr qu’il allait bénéficier d’un procès équitable en Algérie ou que les principes des droits de l’homme ne seraient pas respectés.

Des arguments balayés d’un revers de main par le juge Timothy Workman, du tribunal de Westminster, à Londres. L’accusé est arrêté le 27 mars 2007 en Grande-Bretagne dans le cadre d’une autre affaire.

Un mandat d’arrêt européen était délivré à son encontre par le tribunal de grande instance de Nanterre à Paris.

En 2003, une information judiciaire a été ouverte pour abus de confiance, banqueroute par détournement d’actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité et, blanchiment en bande organisée.

L’Algérie a dû subir un préjudice de plus d’un milliard de dollars suite aux agissements des gestionnaires de la banque. D’ailleurs, l’extradition de Khalifa intervient dans un contexte de révélations sur de affaires de corruption, de détournements de fonds publics et d’abus de biens sociaux ainsi que de gaspillages.

C’est dire que le pays n’a pas encore fini de normaliser ses relations avec l’argent.

La comparution de Khalifa devant un tribunal et le débat contradictoire qui s’ensuivra contribuera certainement à rendre plus intelligibles les mécanismes de gestion économique du pays.

L’intérêt des procès, du premier comme du second, est d’en tirer les leçons pour ne pas retomber dans les mêmes travers. Encore qu’il n’est pas certain que cela puisse être suffisant.

L’opération «mains propres» lancée depuis quelques mois en est la preuve. Les victimes du scandale qui ont mis leur épargne sur les comptes de la banque, seraient également heureux d’entendre celui à qui ils ont eu la naïveté de confier leur argent.

Ahmed MESBAH