«Où est cet argent ?», interroge le juge, au deuxième jour de son audition. Et à Khalifa de répondre : «L’argent n’est pas chez moi.»
A l’heure où nous mettons sous presse, le procès de l’affaire Khalifa Bank se poursuit toujours ce matin au tribunal criminel de Blida pour la deuxième journée consécutive. Le principal prévenu dans cette affaire a continué à nier les faits qui lui sont reprochés, affirmant la «bonne santé financière» des sociétés qu’il détenait.
«L’actif était toujours supérieur au passif à Khalifa Bank. On n’est jamais arrivés à la faillite », persiste et signe Abdelmoumene Rafik Khelifa. L’accusé, qui est poursuivi pour plusieurs chefs d’inculpation «association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux et de banqueroute organisée», a indiqué ce matin qu’il pouvait bel bien démontrer par des preuves que Khalifa Bank n’était pas en faillite. Le juge lui fait remarquer alors que toutes les inspections étaient négatives à Khalifa et qu’il y a des vérités qu’il ne peut pas nier. S’agissant des avantages dont ont bénéficié certains clients, Khalifa dira que : «Les ambassades avaient des comptes à Khalifa Bank. On avait des clients partout. C’est une banque, ce n’est pas un mariage.» Le juge dit avoir des listes où fi-gurent les noms de centaines de personnes ayant bénéficié des cartes d’abonnement.
«L’argent des sociétés publiques était rémunéré selon un contrat. Il n’y a pas eu d’incident de paiement jusqu’au jour où je suis parti en 2003. Après il y a eu un administrateur (Mohamed Djellab, actuel ministre des Finances)», répond Khalifa, avant que le juge ne lui cite des noms de responsables d’orga-nismes publics qui ont bénéficié de cette carte. Et à Khalifa d’insister que ces entreprises ont fait des dépôts dans sa banque, comme d’autres clients. Mais, le problème se pose parce que ces entreprises et institutions publiques n’ont pas pu récupérer leur argent.
Sur sa fuite à l’étranger, Khalifa dit qu’il n’avait pas fui en expliquant qu’il était parti et que c’était le meilleur choix. «J’ai fui pour éviter des émeutes du sang», avait-il répondu, mardi, avant de rappeler à ce sujet les « assurances diplomatiques» données par l’Algérie à la Grande-Bretagne pour son extradition. Et à la question de savoir à quel point il se sent responsable de ce qui s’est passé, Khalifa répond : «On a tous souffert de cette affaire. Cela fait douze ans que je ne vis pas. Les procédures de mise en faillite sont tronquées. La décision d’arrêter le commerce extérieur était illégale».
Assia Boucetta