L’Etat accumule les déficits. Et les salaires pèsent lourd sur le budget. Seule « solution » que le Premier ministre a trouvée pour les réduire est la mise à la retraite de petits fonctionnaires et de contractuels de la Fonction publique. Cette grenade qu’il dégoupille risque fort de lui exploser à la face.
Abdelmalek Sellal n’est pas un perdreau de l’année. Il vient tout juste d’avoir 65 ans, ayant très largement dépassé l’âge limite des 60 ans qu’il a fixé pour le départ à la retraite. On ne peut « légiférer » que pour les autres. La loi est générale et impersonnelle. Elle touche le Premier ministre ainsi que bon nombre de ses ministres qui ont déjà atteint un âge canonique.
Les deux tiers des membres du gouvernement ont plus de 60 ans, dont les doyens sont le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, et Bouabdellah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses, avec leurs 81 ans, suivis du délégué à la Défense, Abdelmalek Guenaizia, 77 ans, que le chef d’état-major de l’armée, Gaïd Salah, et ses 80 ans accomplis, méprise à ne pas lui reconnaître son titre de ministre, et de son aîné d’un an, 78 ans, Chérif Abbas qui tient le ministère des Moudjahidine, qui devrait disparaître dans une simple direction du ministère de la Défense, pour donner la retraite à tout le monde, le dernier des moudjahidine a 74 ans, s’il a pris le chemin de l’ALN et du FLN a 15 ans. Mourad Medelci, qui « gère » la diplomatie algérienne, est septuagénaire comme son collègue de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, 72 ans. Dans les rangs de la haute hiérarchie de l’armée, les sexagénaires et les septuagénaires, voire des octogénaires sont aussi légion, à commencer, nous l’avons déjà dit, par son chef d’état-major et les chefs des services de renseignement qui ne sont pas dans leur prime jeunesse.
Parmi les membres de l’Assemblée populaire nationale et le Conseil de la nation – surtout au sein de cette dernière institution – qui ne relèvent pas, certes, de la Fonction publique, mais tout de même, ses membres perçoivent des salaires du budget de l’Etat, ceux dont l’âge est avancé, voire très avancé, Abdelkader Bensalah, le président du Conseil de la nation, a 72 ans, cadet de 3 ans de Larbi Ould Khelifa qui préside la chambre basse, paraît un jeunot devant eux, sont de la génération de Abdelaziz Bouteflika qui aspirerait à renouveler « son mandat » à l’âge de 77 ans.
L’Algérie des 70% de jeunes n’est plus visible dans les institutions de l’Etat, alors que 75% de la population algérienne sont des jeunes de moins de 35 ans.
Ce coup de pied dans la fourmilière que veut donner Abdelmalek Sellal dont ont dit, d’ailleurs, qu’il est lui-même en partance, non pas pour son âge, mais pour son incapacité à conduire les affaires de l’Etat, ne peut se limiter à la seule Fonction publique, touchant les petits fonctionnaires qui ont toujours besoin de travailler pour faire face à la cherté de la vie, leur retraite qui diminue sensiblement n’y suffisant pas.
Le gouvernement donne le chemin de la réduction des déficits publics par l’écrémage de la Fonction publique au détriment des petits salaires. Tous les départements de la Fonction publique seront touchés par cette mesure que le Premier ministre qui ne sait pas qu’il est en train de dégoupiller une grenade. Le million de fonctionnaires et de contractuels de la Fonction publique ne se laissera certainement pas sacrifier comme un mouton de l’Aïd, et les syndicats indépendants ne manqueront pas de réagir à cette mesure parce que « les retraités, comme tous les salariés, ont besoin de défendre leurs intérêts », prévient le Syndicat autonome des personnels de l’Administration publique (SNAPAP).
Brahim Younessi