Abdelmalek Sellal le reconnaît: Une situation financière tendue

Abdelmalek Sellal le reconnaît: Une situation financière tendue
Youssef Chahed – Abdelmalek Sellal meeting in Tunis

À Médéa, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, tire la sonnette d’alarme concernant la situation financière du pays. “On ne peut continuer à ce rythme les dépenses publiques.” Faisant sans doute allusion à la crise que vit le secteur du bâtiment et des travaux publics où les entreprises de cette branche sont confrontées au non-paiement des situations de travaux depuis plusieurs mois. Une mauvaise conjoncture qui risque d’étrangler la majorité des sociétés du BTPH.

Dans la foulée, le Premier ministre lance un message étonnant : “Pour réaliser les programmes de logement, il faudrait le budget des États-Unis.”

Ce discours laisse penser à une remise en cause des programmes AADL et de logement social en voie de lancement des travaux. Auparavant, le gouvernement avait, à maintes reprises, souligné que les programmes de logement ne seront pas touchés par la crise financière que vit le pays.

À Sétif, lundi dernier, le Premier ministre se rétracte : “L’État poursuivra la réalisation des logements.” En fait, ce discours a des connotations électoralistes et ne fonctionne pas du moins s’agissant du dernier message, comme une mise en garde face à une réelle dégradation de la situation financière du pays.

LG Algérie

Abdelmalek Sellal reconnaît cependant que les conditions financières sont difficiles.

Du coup, les tendances macroéconomiques négatives au premier trimestre 2017 se poursuivront au cours de l’année. Car au rythme des dépenses actuelles, les importations de marchandises dépasseront les 40 milliards de dollars, celles des services tourneront autour de 10 milliards de dollars. Les recettes des exportations autour de 40 milliards de dollars.

Avec la fonte des réserves de change, 5 milliards de dollars en deux mois, le déficit de la balance des paiements pourrait se situer entre 20 et 30 milliards de dollars si on continue au même rythme les dépenses.

En fait, on observe un décalage entre les objectifs du gouvernement contenus dans le cadrage moyen, terme du nouveau modèle économique et les réalisations du premier trimestre 2017. L’Exécutif vise des réserves de change de 116 milliards de dollars en 2017. Or, à février 2017, elles se situent à 109 milliards de dollars. Ce qui veut dire que les réserves en devises du pays sont en train de se réduire plus rapidement que prévu. L’Algérie court donc vers une situation financière plus difficile. À moins que le gouvernement qui sera nommé après les législatives, rompe avec les hésitations de l’Exécutif Sellal à appliquer des mesures audacieuses en matière de rationalisation du commerce extérieur, d’appréhension de l’assiette fiscale, de mobilisation des capitaux de la diaspora et de la communauté d’affaires nationale. Aujourd’hui, l’Algérie, en fait, vit au-dessus de ses moyens.

Faute de réduire son train de vie et d’adopter des mesures plus efficientes, le gouvernement est contraint de puiser de façon importante dans les réserves de change fragilisant la situation financière du pays. Le risque à court terme pour la population est qu’à la faveur d’une nouvelle loi de finances, le gouvernement exécute une cure d’austérité plus sévère.

En tout état de cause, les choses sérieuses commenceront après les législatives. Le gouvernement qui sera formé après le 4 mai, pourrait sortir du mutisme actuel et annoncer une situation financière plus difficile. Auquel cas, bonne nouvelle, on aurait affaire, si on ne rêve pas à partir de ce constat, à un Exécutif condamné à entreprendre des remèdes plus efficaces pour inverser les tendances négatives précitées et atténuer ainsi les effets de la crise sur la population.