Abdelmalek Sellal a lancé une série de projets dans divers secteurs et a fait des promesses à la hauteur de l’accueil qui lui a été réservé, assurant que le gouvernement est disposé à accompagner le développement de la wilaya.
La visite effectuée hier à Béjaïa par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, accompagné d’une forte délégation ministérielle, est un événement dont se rappelleront les Béjaouis ; la dernière visite d’une telle envergure remonte à près de vingt ans.
À ce niveau de la hiérarchie gouvernementale, cette visite de travail reste la deuxième du genre depuis l’Indépendance, après celle effectuée, en 1995, à l’ère du président Zeroual, par Mokdad Sifi, alors chef de l’Exécutif. Tandis que l’unique visite présidentielle dont avait fait l’objet la capitale des Hammadites remonte à… 1982, à l’époque de Chadli Bendjedid ! Ainsi, la virée de Sellal dans cette belle wilaya côtière ne pouvait être que très attendue par la population locale qui aspire légitimement à voir sa région se développer et, pourquoi pas, égaler, en termes de réalisations d’autres wilayas à l’instar de Sétif, la voisine, qui a eu droit à plus d’une dizaine de visites présidentielles depuis l’arrivée de Bouteflika à la tête de l’État. Pour répondre à cette attente, Abdelmalek Sellal, qui a eu à lancer à cette occasion une série de projets dans les secteurs tous azimuts, a fait des promesses à la hauteur de l’accueil qui lui a été réservé, assurant que le gouvernement est disposé à accompagner avec les budgets nécessaires
toute réalisation.
L’éternel problème d’expropriation
Entre autres projets structurants, la pénétrante autoroutière, d’un linéaire de 100 km, devant relier le port de Béjaïa à l’autoroute Est-Ouest, au niveau de la localité d’Ahnif (Bouira), constituera à coup sûr l’épine dorsale du développement de Béjaïa. Le projet a été confié au groupement algéro-chinois Sapta/CRCC.
Cet axe, qui sera réalisé aux normes d’une autoroute, avec 3X2 voies, et dont le coup d’envoi a été donné officiellement hier, devra être livré dans trois ans. Voire même un peu plutôt, selon Amar Ghoul, ministre des Travaux publics, qui a accompagné le Premier ministre, pour peu, a-t-il souhaité, que “les citoyens nous facilitent la tâche de l’expropriation de leurs terrains”. “Si les citoyens nous facilitent leur expropriation, je peux vous assurer que nous allons gagner beaucoup de temps. Nous pouvons livrer ce projet 6 ou 9 mois plutôt que les délais contractuels fixés à 36 mois”, a souligné le ministre des Travaux publics. Dans cette région où la quasi-totalité des terres sont des propriétés privées, exproprier un citoyen de son bien constitue un vrai casse-tête pour les autorités locales, en charge de cette mission. “Oui, pour la pénétrante ; non pour le bradage de nos terres et maisons”, pouvait-on d’ailleurs lire sur une banderole avec laquelle les citoyens ont accueilli la délégation ministérielle au niveau du chantier engagé dans la commune d’Amalou, (daïra d’Akbou) et où le lancement des travaux allait être donné par le Premier ministre. Cependant, la mobilisation des citoyens n’a, à aucun moment, perturbé la visite de Sellal. Sensibilisé quant à la difficulté d’exproprier les citoyens de leurs terres et maisons, le Premier ministre n’a pas manqué de donner des instructions aux responsables locaux, à leur tête le wali, Ahmed Hamou Touhami, pour résoudre ce problème en procédant par l’indemnisation “à juste prix” des propriétaires et dans le cas d’un conflit, recourir à la “force de la loi”. Et Amar Ghoul d’expliquer, à ce titre, que la loi adoptée par le ministère des Finances fixe une fourchette de prix parfaitement adaptés à ceux appliqués par les Domaines et que l’évaluation de la valeur du terrain à indemniser se fera selon le zonage et la superficie. Néanmoins, le ministre s’est montré optimiste tant que, se réjouit-il, la quasi-totalité des expropriations sont faites à l’amiable. Ce même problème d’expropriation n’épargne pas le secteur de l’énergie et des mines, puisque des conflits opposent également des citoyens aux autorités quand il s’agit d’installer des poteaux d’électricité dans leurs terrains.
Au même problème, le même remède : “Il faut appliquer la loi sur tout récalcitrant”, a instruit le Premier ministre qui s’est enquis du chantier de réalisation d’une centrale électrique mobile dans la commune d’Oued Amizour. Ce projet devra conforter l’alimentation en électricité de plusieurs localités riveraines dans les mois à venir. L’autre projet important dans le secteur des travaux publics reste incontestablement celui de “l’éternel” chantier des travaux d’aménagement de la RN43 liant la wilaya de Béjaïa à Jijel.
Cet axe d’un peu plus de 11 km linéaires entre les localités frontalières de Melbou et Ziama Mansouria, dont les travaux lancés il y a plus de deux ans, pénalise toujours les usagers. D’où l’insistance, sur les lieux, du Premier ministre à aller vite pour livrer ce tronçon dès le début de cet été. “Je veux voir ce tronçon enfin ouvert, avant le 5 juin prochain”, a-t-il exigé des responsables en charge de ce projet.
Une échéance à laquelle ne croit pas une députée du FFS, Baya Djenane, au vu, estime-t-elle, du rythme lent des travaux. Pour tenter de le convaincre de cette réalité, elle ne manque pas de l’exhorter à visiter la totalité du tronçon et ne pas se suffire des dizaines de mètres qu’il a foulés. La remarque de la députée ne semble pas inquiéter outre mesure Sellal. Le dédoublement et la modernisation des chemins de fer de l’axe Beni-Mansour-Béjaïa, la réalisation d’une gare maritime et l’extension du port, avec une nouvelle piste d’atterrissage, le lancement d’une cité d’habitation dans la commune d’Oued Ghir sont autant de projets lancés par le Premier ministre à l’occasion de cette visite “historique”, pour reprendre le propos d’un autochtone. Le mausolée de Cheikh Ahedad, à Seddouk Oufella, et inévitablement l’emblématique place Gueydon, devenue Place du 1er-Novembre, étaient parmi les haltes importantes du Premier ministre, avant de clôturer sa visite par une rencontre avec des représentants de la société civile à la Maison de la culture de la ville de Béjaïa. Une rencontre, faut-il le souligner, qui s’est déroulée dans une ambiance conviviale et lors de laquelle M. Sellal a tenu de rassurer sur la volonté de son gouvernement à satisfaire progressivement les attentes de la population.
La requête des intervenants était claire : “Nous revendiquons un plan de développement d’urgence.” Une revendication somme toute légitime au vu de l’anarchie qui n’a que trop régné dans cette belle ville côtière, autrefois dénommée Bougie pour avoir été l’une des cités les plus éclairée. Cette capitale du savoir pour laquelle Sellal s’engage désormais à redonner ses lettres de noblesse.
Du moins, il aura le mérite d’avoir été le troisième haut responsable de l’État à effectuer une visite de travail (Bouteflika y était allé à deux reprise, 1999 et 2009, mais en tant que candidat aux deux présidentielles), cinquante ans après l’Indépendance… “On a vraiment soif de visites d’une telle importance, les quelques hauts responsables qui avaient visité notre wilaya l’ont fait pour le besoin de leur campagne électorale”, a clamé dans la salle un intervenant.
F. A.