Le gouvernement Sellal ne lésine pas sur les moyens à mettre en place afin d’améliorer le climat des affaires. Le voeu du Premier ministre est d’asseoir un climat de confiance entre les acteurs chargés de créer la croissance économique et ceux chargés de veiller à la bonne gouvernance de l’Algérie.
Qualifiée de «hautement symbolique» et considérée comme étant «chargée d’espoir» par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, la rencontre gouvernementpatronat et UGTA qui s’est tenue, jeudi à Alger, à pour objectif d’instaurer de nouvelles moeurs du dialogue entre le gouvernement, le patronat et les partenaires sociaux.
En déplorant le manque de communication entre le gouvernement et ses partenaires, Abdelmalek Sellal a souligné l’impératif d’un dialogue entre toutes les parties et sans perdre du temps. La «tripartite» du jeudi a pour objectif de trouver les mécanismes susceptibles de huiler la machine économie nationale.
Chacun de son côté a développé ses arguments pour expliquer la léthargie qui frappe l’économie nationale et proposer des solutions de «sortie de crise». Pour Abdelmalek Sellal, il y a un paradoxe.
Face aux richesses jamais égalées dont dispose l’Algérie, l’économie nationale peine toujours à décoller a-t-il déploré. En dépit de sa situation financière jugée confortable, l’Algérie n’a réalisé que 2,5% de croissance en 2012. Une situation que le Premier ministre qualifie de paradoxale.
Loin de toute démagogie, et en s’appuyant sur les pronostics d’experts nationaux et internationaux, il a estimé que la croissance à deux chiffres est largement réalisable, eu égard aux moyens financiers dont dispose l’Algérie. Abdelmalek Sellal a refusé de parler de l’économie après-pétrole, mais d’une croissance économique avec le pétrole.
Sans omettre de reconnaître, en toute modestie, l’existence d’un bon nombre de difficultés et d’obstacles qui se dressent devant les entreprises algériennes publiques et privées, le Premier ministre a rappelé que l’acte d’entreprendre est en luimême un «chemin sinueux».
La solution est simple. Il consiste à faire une autocritique pour situer les points faibles de la politique économique nationale qui nécessite une nouvelle vision lui permettant un nouveau démarrage a-t-il préconisé.
Pour étayer ses dires, il a cité des statistiques selon lesquelles, il y a à peine 15% des entreprises qui sont connectées au réseau internet, à peine 9% d’entreprises (publiques et privés) ont une adresse mail et aucune entreprise ne possède sur son site internet un catalogue des produits qu’elle commercialise.
Ces statistiques montrent que beaucoup reste à faire en matière de modernisation des entreprises algériennes. La conjoncture faite de crise économique et de récession que traverse un bon nombre de pays européens est à l’avantage des entreprises algériennes en quête du savoir des entreprises européennes.
LA RÈGLE 51/49 : UN FAUX DÉBAT
Abdelmalek Sellal, qui dit ne pas faire de différence entre l’entreprise publique et privée, refuse que la règle 51/49 constitue un obstacle pour le partenariat avec les entreprises étrangères.
Il a tenu à transmettre l’avis de certains partenaires commerciaux de l’Algérie lesquels ne se sont pas plaints du principe 51/49. Plus explicite, il a cité le partenariat avec le Qatar pour la création d’une société mixte qui va réaliser un complexe sidérurgique à Bellara (wilaya de Jijel) d’une capacité de 5 millions de tonnes par an. Également, le projet d’une usine de fabrication de véhicules à Oran en partenariat avec le constructeur automobile français, Renault.
Toutefois, si le problème ne se pose pas avec les grands groupes et les grandes entreprises, il n’en demeure pas moins que les entreprises d’une certaine taille demandent l’assouplissement des règles. Pour ne pas perdre de temps et faciliter au mieux l’acte d’investir, le Premier ministre a considéré les discussions sur le principe du 51/49 comme étant un faux débat.
Améliorer le climat des affaires ne signifie en aucun cas de baisser la garde et donner carte blanche aux entreprises, qu’elles soient algériennes ou étrangères a-t-il expliqué. Les scandales du groupe Khalifa et de Tonic Emballage, pour ne citer que ceux-ci, oblige l’Algérie de rester sur ses gardes en matière des règles prudentielles.
Cependant, Abdelmalek Sellal refuse que ces règles prudentielles soient érigées comme obstacle entravant le bon fonctionnement de l’entreprise.
À cet effet, il a clairement signifié aux responsables des banques algériennes qu’il a réunis la semaine passé, qu’il est inadmissible d’exiger autant de documents administratifs qui relèvent de la puissance publique pour l’ouverture d’un compte bancaire. Abdelmalek Sellal a promis de tout faire pour faciliter l’acte d’investir.
À cet effet, il a lancé un appel aux responsables du patronat algérien de «bâtir ensemble un vrai pacte de croissance» pour relancer l’investissement et la production nationale «En 2013, je souhaite que nous bâtissions ensemble un vrai pacte de croissance.
Il n’est plus possible de se contenter d’avoir seulement 700 000 PME en Algérie. Il faut faire plus, surtout qu’au regard du contexte international, beaucoup de pays européens et voisins souffrent énormément et nous offrent des capacités», a-t-il dit.
Hacène Nait Amara